Lettre de l’Association des Travailleurs Maghrébins en France
de la Fédération des Tunisiens Citoyens des Deux Rives
de l’Union Juive Française pour la Paix
aux organisations démocratiques françaises.
Chèr-e-s ami-e-s, chèr-e-s camarades,
Nos trois organisations se sont rencontrées ce 4 septembre, à l’issue de la manifestation pour dire non à la politique du pilori. Nous nous félicitons du succès des mobilisations. Nous pensons que le combat pour les libertés s’en trouve conforté.
Nous avons décidé d’appeler ensemble le 13 septembre au rassemblement devant le Sénat initié par plusieurs associations à l’ occasion du passage devant cette chambre de la loi interdisant la dissimulation du visage dans l’espace public.
Nos organisations reconnues comme laïques et luttant contre les replis communautaires ne sont en général pas soupçonnées de promouvoir la burqa, le niqab, ou tout autre vêtement exprimant une appartenance religieuse.
Comme beaucoup parmi vous nous voyons dans cette loi une logique raciste et liberticide , en résonance avec la multiplication des caméras de surveillance- mais aussi une loi qui sous prétexte de lutte contre l’intégrisme, voire au nom du féminisme, stigmatise une religion- l’Islam- et ses adeptes.
Cette loi participe selon nous de la volonté de détourner les victimes de l’insécurité sociale vers le rejet raciste et xénophobe des arabes et des musulmans.
Il nous semblerait paradoxal pour ne pas dire plus, de laisser les seules organisations religieuses ou communautaires musulmanes réagir contre cette loi, pour ensuite les accuser de communautarisme.
C’est pourquoi nous pensons qu’il serait une avancée du mouvement de défense des droits humains dans ce pays que nous nous retrouvions tous ensemble à ce rassemblement.
Paris le 5 septembre 2010
Contre l’islamophobie : Appel à s’opposer à la loi interdisant la dissimulation du visage dans l’espace public.
Lundi 13 septembre 2010, le “projet de loi interdisant la dissimulation du visage dans l’espace public” sera examiné par le Sénat. Celui-ci s’inscrit dans un contexte où la majorité parlementaire tente d’occuper le débat public autour d’un discours sécuritaire contre la burqa.
La démocratie et l’égalité hommes-femmes sont instrumentalisées afin de défendre une rhétorique xénophobe et raciste pour « stigmatiser” les musulmans vivant en France.
Cette loi est anti-laïque et raciste. L’Etat transgresse la notion de laïcité en édifiant des lois sur les pratiques religieuses pour la seule communauté musulmane. Cette loi a été rédigée au cours d’un grand débat sur le port de la burqa et sur l’oppression des femmes dans la communauté musulmane. Le projet de loi stipule pourtant que “la présence de femmes portant la burqa n’est pas attestée à ce jour”. Cette rhétorique a été utilisée pour stigmatiser la communauté musulmane afin d’amadouer l’électorat d’extrême droite après les élections régionales. Ainsi comme sous l’Algérie française, l’Etat s’arroge le droit de codifier ce que doit être une bonne pratique “républicaine” de la religion musulmane. Et ce afin, selon le projet de loi, de préserver “la cohésion sociale”.
Cette loi va à l’encontre des droits humains fondamentaux. La “liberté de pensée, de conscience et de religion” de chacun (Déclaration universelle des Droits de l’Homme de 1948, texte aujourd’hui à valeur constitutionnelle) et “la protection de la liberté de conscience de chacun, dans la sphère publique comme privée” (article 9 paragraphe 1 de la Convention européenne de sauvegarde des droits humains) sont foulées aux pieds pour des intérêts politiciens de courte vue.
Cette loi ne cherche pas à combattre le sexisme. D’après nous, la majorité présidentielle ne cherche pas à défendre l’égalité homme-femme contre le port de la burqa. La vraie menace ne provient pas du port de la burqa en France, mais de l’établissement d’une loi comme réponse systématique à tout phénomène social et de son instrumentalisation politique. Permettre à l’Etat de soumettre l’autre (le communiste, le syndicaliste, l’homosexuel, le gitan, le juif, le musulman) à une idéologie et un mode de vie que le pouvoir détermine comme norme à un instant donné, représente un danger impérieux pour les libertés fondamentales.
Nous appelons donc l’ensemble des associations, organisations citoyens et citoyennes qui se soucient de défendre les libertés fondamentales à se rassembler à l’occasion du vote de cette loi par le Sénat, le lundi 13 septembre à partir de 15h devant le jardin du Luxembourg (lieu à définir en préfecture).
Premiers signataire : Alima Boumediene-Thiery sénatrice de Paris, Abdelaziz CHAAMBI président du CRI – Coordination contre le Racisme et l’Islamophobie, Liliane CORDOVA-KACZERGINSKI, militante féministe antisioniste, Monique CRINON sociologue, Catherine CURRAN, Maître de Conférences, Christine DELPHY directrice de recherche émérite au CNRS, Chris DEN HOND réalisateur militant, Mayanthi FERNANDO, Maître de conférence, l’Université de Californie à Santa Cruz, Noelle GUILBON féministe, antiraciste, internationaliste, John MULLEN, Maître de Conférences Paris Est, Rachid NEKKAZ chef d’entreprise et président de Touche pas a Ma Constitution, Rodolphe NETTIER président de SOS Soutien Ô Sans Papiers, Princesse de Clèves islamogauchiste, bloggeuse, Catherine SAMARY, Maître de conférence Paris Dauphine et Paris 8, Eros SANA, porte-parole de la Zone d’Ecologie Populaire, Pierre TEVANIAN, enseignant (co-animateur du Collectif Les mots sont importants), Faouzia ZEBDI-GHORAB présidente du Mouvement citoyen pour la diversité (MCD), ZEP (Zone d’Expression Populaire avec Saïdou du MAP), …
ACREA Amana (Association Culturelle Relationnelle et Entente Amana), Actif Ensemble, AFMY (Association Franco Marocaine des Yvelines), Association des Musulmans de Villeneuve St Georges, Association Touche Pas a Ma Constitution, ATMF (Association des Travailleurs Maghrébins de France), Cercle des Maghrébins de Paris, Collectif des Racines et des z’Elles, Collectif Féministes Pour l’Egalité, Collectif Les Mots Sont Iimportants, CRRPE (Collectif pour le droit et respect des parents d’élèves), Collectif Réflexion & Savoir, Emergence Ile-de-France, Entr’Aide, FTCR (Fédération des Tunisiens pour une Citoyenneté des deux Rives), la Gauche Musulmane, Horizon Iqra, IJAN (International Jewish AntiZionist Network / Réseau International Juif Anti-sioniste), Marxistes Unitaires, MCD (Mouvement citoyen pour la diversité), Mouvement des Quartiers (MQJS), MSRPP (Mouvement de Soutien à la Resistance du Peuple Palestiniens), Peace Breather, PIR (Parti des Indigènes de la République), Pour la Palestine, PSM (Participation et Spiritualité Musulmanes), Regards Vers l’Afrique & lOrient, Respaix Conscience Musulmane, Réveil des Consciences, les TumulTueuses, Villeneuve Palestine Solidarité, UJFP (Union Juive Française pour la Paix), Unis Face à l’Islamophobie
cette loi stigmatise aussi les manifestants lorsque des gaz lacrymogènes seront diffusés génereusement la personne qui se protegera le visage sera passible de sanctions,pas seulementl’islam et ses adeptes,comme écrit dans ce paragraphe:
“Comme beaucoup parmi vous nous voyons dans cette loi une logique raciste et liberticide , en résonance avec la multiplication des caméras de surveillance- mais aussi une loi qui sous prétexte de lutte contre l’intégrisme, voire au nom du féminisme, stigmatise une religion- l’Islam- et ses adeptes.