La feuille de chou a eu un après-midi littéraire samedi.
On a écouté Abdelwahab Meddeb dont on avait lu La maladie de l’islam, dans lequel on découvrait déjà la richesse des interprétations possibles du Coran dans les siècles passés. Comme la Torah (voir Lévinas) et les Évangiles, et comme tout texte, le Coran, contrairement à ce que veulent faire croire certains courants littéralistes, a plusieurs sens possibles. L’herméneutique (l’interprétation) de ce livre est aussi essentielle que toute autre.
Le nouvel ouvrage de Meddeb, Pari de civilisation, poursuit le premier. Pour des non-musulmans, et probablement aussi pour de nombreux musulmans, c’est une source d’inforamtion très riche.
Abdelwahab Meddeb a répondu longuement à nos questions. La première concernait la responsabilité de l’Occident, qu’il vante, dans l’arriération économique, politique, culturelle d’une bonne partie du monde arabo-musulman. Meddeb vante l’occidentalisation. Pour celle des Lumières, oui, encore que les principes des Lumières soient contredits par les actes; quid de la colonisation, du néo-colonialisme et du soutien des régimes arabes les plus réactionnaires, comme l’Arabie saoudite, par les puissances impérialistes dominantes?
Enfin, il lui a été demandé s’il ne participait pas, de fait, de manière savante, à une islamophobie populaire galopante qui a des relais dans tout l’échiquier politique. Il a d’abord contesté l’usage du terme “islamophobie” ce qu’on peut accepter, à condition d’en trouver un autre qui serait plus adéquat. Et a évoqué le “ressentiment” nietzchéen pour disqualifier l’opposition arabo-musulmane à cet Occident qui se présente comme le Bien et la modernité tout en bombardant les Irakiens, les Afghans et en couvrant les crimes de l’Etat d’Israël contre le peuple palestinien.
Bien que nous partagions les analyses de ces courants “progressistes” de l’Islam qu’il met en relief, nous nous inquiétons cependant de le voir citer la Tunisie de Bourguiba comme exemple d’occidentalisation réussie, alors que ce régime et son successeur Ben Ali, usent de méthodes anti-démocratiques policières et dictatoriales pour leurs opposants.
La feuille de chou s’est ensuite rendue à la micro librairie ” l’Autre Alsace”, tenue par Armand Peter.
Tout l’après-midi se sont succédés des écrivains, poètes, auteurs dont les œuvres manifestent la vivacité (trop peu connue) de la littérature d’aujourd’hui en Alsace.
La librairie est ouverte les samedis après midi. Ambiance heimlich assurée.
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