Des affrontements sanglants entre police marocaine et manifestants ont éclaté lundi dans la principale ville du Sahara occidental après le démantèlement par les autorités d’un campement provisoire ayant servi pendant un mois de lieu de revendication à des habitants de la région.

HEURTS ENTRE MANIFESTANTS ET POLICIERS AU SAHARA OCCIDENTAL

Deux membres des forces de l’ordre ont été tués et quatre autres grièvement blessés lors de l’assaut aux premières heures de la journée contre ce campement situé près de Laayoune, écrit l’agence de presse officielle Map.

D’après un responsable des services de sécurité marocains ayant requis l’anonymat, un gendarme et un pompier ont succombé à des blessures à l’arme blanche.

Ces violences sont survenues peu de temps avant le début, près de New York, de nouvelles négociations sous l’égide des Nations unies au sujet du Sahara occidental, ancienne colonie espagnole annexée par le Maroc en 1975.

Pendant un mois, environ 20.000 personnes ont séjourné dans ce campement de 8.000 tentes, selon les estimations d’un journaliste de Reuters qui était ce week-end sur place, pour exiger des emplois et de meilleures conditions de vie.

Les forces de sécurité marocaines ont pénétré dans le camp aux premières heures de la journée de lundi pour en déloger les manifestants.

Le gendarme et le pompier ont été tués au moment où les forces de sécurité entraient dans le camp. Ils ont été poignardés à mort à l’intérieur du camp“, a dit un responsable marocain à Reuters. “C’est la première fois que des manifestants (au Sahara occidental) utilisent des armes blanches pour tuer des agents de sécurité gouvernementaux“, a-t-il ajouté.

JETS DE PIERRES

Aucun responsable du mouvement de protestation n’a pu être joint dans l’immédiat pour confirmer ces deux décès.

L’un d’eux avait auparavant rapporté que les forces de sécurité marocaines avaient fait usage de matraques et de gaz lacrymogènes, y compris contre des femmes, des enfants et des personnes âgées.

Peu après le démantèlement du camp, les affrontements se sont déplacés dans la ville de Laayoune. D’après le même responsable marocain, des personnes délogées du campement ont bloqué des rues à l’aide de pneus incendiés, ont brûlé des voitures et lancé des pierres en direction de la police.

La colère est en train d’exploser. Nous sommes dans la rue pour protester contre le Maroc“, a dit à Reuters un manifestant joint sur place.

La justice marocaine a ordonné le démantèlement du camp car certaines personnes y étaient retenues contre leur gré, a expliqué le responsable des services de sécurité marocains à Reuters.

LE POLISARIO NE QUITTE PAS LES NÉGOCIATIONS

Le Sahara occidental est un territoire quasiment de la taille de Grande-Bretagne, essentiellement désertique et peu densément peuplé.

Mouvement indépendantiste basé en Algérie, le Front Polisario a lutté par les armes contre les forces marocaines jusqu’à la conclusion d’un cessez-le-feu en 1991 après une médiation de l’Onu. Depuis, plusieurs cycles de négociations n’ont pas permis de régler le différend.

Le Maroc propose d’accorder une autonomie au Sahara occidental. Le Front Polisario rejette cette proposition et réclame la tenue d’un référendum d’autodétermination.

Des délégations du gouvernement marocain et du Front Polisario doivent reprendre des discussions ce lundi à Manhasset, dans l’Etat de New York, aux Etats-Unis.

Brahim Ghali, ambassadeur du Polisario en Algérie, a déclaré que la délégation du Sahara occidental participerait bien à ces pourparlers. “C’est ce que recherche notre ennemi, il veut que nous boycottions les discussions mais nous ne le ferons pas“, a-t-il dit à Reuters.

Dans un communiqué, le ministère marocain de l’Intérieur assure que des négociations avaient été engagées avec des représentants du camp au sujet de leurs revendications mais que ces efforts ont été sabotés par des fauteurs de trouble.

Les forces de l’ordre (…) ont mené lundi à 06h45 une opération pour libérer les personnes âgées, les femmes et les enfants se trouvant sous l’emprise d’un groupe d’individus aux antécédents judiciaires et recherchés dans des affaires de droit commun dans le camp de Gdim Izik, après avoir épuisé toutes les voies de dialogue sérieux pour trouver une issue à une situation inacceptable au regard de la loi“, écrit l’agence Map.

Dans un communiqué, l’ambassade du Polisario en Algérie a réclamé une intervention immédiate de la communauté internationale et une réaction de l’Onu.

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