Audience F2C: 668 connexions le 24 novembre 2010

Le Bnaï Brith, une sorte de franc-maçonnerie juive, qui se présente comme une ONG mondiale luttant contre le racisme, mais pour Israël…, avait invité la députée européenne belge Frédérique Rie, ex journaliste et conseillère communale de Bruxelles, au centre communautaire israélite de Strasbourg pour une conférence sur Israël, l’Europe, relations sous haute tension.

Une petite centaine de personnes dans la salle Edmond Blum, plutôt âgées, et à une exception près, conquises d’avance.

Frédérique Ries, qui n’est pas parente de notre sénateur-maire de Strasbourg, l’a reconnu elle-même: elle est très bavarde, mais, pour se justifier, elle a rappelé que les députés qui interviennent en séance au PE, ont droit à une minute seulement, donc “je me venge sur vous“, a-t-elle conclu!

Sa causerie a plus tenu du café du Commerce que d’un exposé académique circonstancié et référencé. Et le ton adopté, avec une voix qui malgré le micro restait très faible, “je ne suis pas une oratrice“, était plus affectif qu’argumentatif.

On comprend pourquoi les partisans d’Israël semblent vivre plus dans un monde imaginaire que réel, comme si, aujourd’hui encore, ils en étaient restés au mythe du peuple qui fait “fleurir le désert“, aux “kibboutz” quasi communistes, à la “pureté des armes”, et la “seule démocratie au Proche-Orient“. C’est sans doute une des raisons de leur faiblesse. Gare au retour du réel!

Concernant le sujet, elle a été très lacunaire, quand ce n’était pas tout simplement faux. On y reviendra, exemple précis à l’appui, à la fin , à propos du texte voté en 2008 par le PE sur les prisonniers.

Elle a rappelé que l’accord préférentiel entre l’Union européenne et Israël avait seulement été gelé, pas suspendu.

Elle a fait, contre toute idée de boycott, de la propagande pour l’Institut Weizmann et ses trois mille chercheurs de haut niveau – qui, elle ne l’a pas dit, contribuent à la guerre que l’État d’Israël mène contre le peuple palestinien.

Elle a noté pour le regretter que la campagne BDS, Boycott désinvestissements, sanctions, soit maintenant coordonnée au niveau européen.

De même, elle s’est plaint que l’État d’Israël soit à l’agenda de chaque session du Parlement à Strasbourg, rendant par là, involontairement hommage aux députés de l’intergroupe pour la Palestine.

Elle a usé du même argumentaire que tous les sionistes du monde, qui s’approvisionnent directement dans les officines de propagande israéliennes ou les Ambassades de ce pays: pourquoi ne s’occupe-t-on pas de la Lybie, du Soudan, de l’Algérie, etc. Pourquoi ce “silence assourdissant” pour les autres zones de conflit?

Elle perçoit comme de la “rancœur” et même un sentiment de “culpabilité” dans les instances européennes. Elle a traité certains de “monomaniaques“. Et n’aime pas Mme Ashton.

A propos d’une levée de boucliers au PE lorsqu’on a appris que le gouvernement israélien voulait contrôler l’origine des fonds de certaines associations israéliennes trop pro-palestiniennes, elle s’est émue que le Parlement traite de cela alors même que la Knesseth n’avait encore rien décidé.

Il ne faudrait pas selon ses dires “donner des leçons en permanence” d’autant qu’elles seraient “à géométrie variable“.

Elle n’avait parlé ni du mur de la honte, ni spontanément des prisonniers palestiniens, ni de la torture, ni de l’occupation, ni de la judaïsation de Jérusalem, ni des 1400 morts de Gaza, ni du rapport Goldstone, etc. mais a répété l’antienne sur le Hamas “terroriste“.

Suite à une question que nous avons réussi à poser , malgré l’interruption par le président de séance, après moins de dix mots, interruption heureusement stoppée par la parlementaire qui, contrairement au président ignorait les positions du questionneur, question sur les prisonniers, les élus palestiniens (sous contrôle européen) emprisonnés, elle a reconnu n’avoir pas parlé du rapport voté en 2008, issu d’un compromis entre les deux groupes, pro-Israël et pro-justice et paix Et elle a encore une fois prouvé soit son ignorance, soit sa mauvaise foi en en développant un contenu qui ne correspond pas à la réalité.

Elle a d’abord prétendu, ignorant son titre et son contenu, que ce texte du 4 septembre 2008, (voir le lien ci-dessous) intitulé Résolution du Parlement européen du 4 septembre 2008 sur la situation des prisonniers palestiniens dans les prisons israéliennes était centré autour du cas du soldat Gilad Shalit. Or il n’en est question que dans une seule ligne.

Elle a prétendu que les prisonniers palestiniens en Israël pouvaient recevoir facilement la visite de leurs familles, ce qui est strictement faux (vu la difficulté d’obtenir des permis de circuler) et même fait l’objet d’un paragraphe du texte.

Elle a encore prétendu que les enfants de 16 ans en prison ne sont pas des enfants; là aussi, il suffit de relire le texte. Et si elle a évoqué les checks-points et les femmes enceintes y accouchant c’était plus pour nier le fait que pour le condamner.

La Résolution du Parlement européen sur les prisonnierss palestiniens dans les prisons israéliennes

Pour elle, les pro Palestiniens tiennent le haut du pavé. Merci!

Interrogée sur l’Iran, la bête noire des sionistes, elle a d’abord traité quatre ou cinq autres sujets selon son bavassage habituel désormais, avant de reconnaître que l’Europe n’avait pas vraiment voix au chapitre en ce domaine, réservé aux Grands de ce monde, et qu’il fallait soutenir l’opposition iranienne, en quoi on est d’accord avec elle, et attendre que le président Ahmanidejad ne soit plus en poste.

Elle a d’ailleurs fait remarquer face à la tentative de bombarder ce pays et ce peuple, que son président menaçait beaucoup mais ne passait pas aux actes, ce qui est exact. On aurait pu lui rappeler que si le président de l’Iran était si antisémite qu’on le dit, il trouverait sur place avec les 30 000 juifs iraniens de quoi sévir. Mais ces juifs ont leurs synagogues, leurs magasins cacher, merci pour eux.

Elle a aussi évoqué la “compétence universelle” qui empêche que les criminels de guerre israéliens (elle n’a pas usé de ces mots) se rendent tranquillement en Belgique ou en Angleterre (mais en France, tout va bien pour eux…).

Un mot sur les manuels scolaires des deux côtés. Bien entendu elle a dénoncé sans aucun exemple précis actuel, le fait que des manuels (d’Arabie saoudite!) gomment Israël de la carte, comme si les Israéliens ne faisaient pas la même chose, en gommant non seulement la Palestine de la carte mais aussi du territoire…

Elle a encore attribué à Yasser Arafat la responsabilité de l’échec de Camp David. Il n’aurait pas voulu lâcher sur le retour des réfugiés. En quoi il avait tout à fait raison. Mais Frédérique Ries s’est bien gardée de rappeler que l’État d’Israël est signataire depuis 1948 de la résolution 194 selon laquelle le droit au retour des Palestiniens est reconnu en droit international.

Avec de tels ami(e)s Israël peut s’inquiéter, et les ami(e)s de la justice et de la paix rester confiants sur l’avenir de la Palestine.

http://www.frederiqueries.be/