Jeudi 9 décembre 2010

Juste avant la chronique de Thomas Legrand ce matin sur France Inter, on a entendu que Marine Le Pen jouissait…de la confiance de 23 % de Français.

Et les étrangers?

Le portrait très ressemblant qu’il fait de Gollnisch (à la niche!) fait donc l’apologie de la fille de son père, qui serait plus “leicht”, comme on dit en allemand, pour ne pas faire d’anglicisme.

Comme si Marine Le Pen était moins facho que son concurrent!

Ils s’adressent seulement à deux publics pour vendre la même marchandise frelatée, aux “petits” , aux femmes et aux jeunes, pour l’une, aux “gros”, aux machos et aux vieux pour l’autre.

Il reste à Thomas Legrand à montrer les coulisses de la version prétendue “light”.

Ni Le Pen fille décolorée ni Gollnisch en rangers!

Bruno Gollnisch sert l’image de Marine Le Pen, en rénovatrice de l’extrême droite…

Oui, Bruno Gollnisch, en facho de base est, en effet, une divine surprise pour Marine Le Pen qui se démène depuis des années pour dé-diaboliser son image et laver le nom de Le Pen, passablement entaché par les outrances du père. Et voilà que par effet de contraste, Bruno Gollnisch aide Marine Le Pen (un comble!) à se présenter en quasi-gentille conservatrice, certes un peu gouailleuse mais relativement modérée. La prestation de Bruno Gollnisch avant-hier soir lors d’un meeting dans une boite de nuit du XVème arrondissement de Paris montre que Marine Le Pen peut espérer pouvoir profiter à plein de l’effet de comparaison avec celui qui devient de plus en plus un clone, une caricature du Jean-Marie Le Pen des années 80. Le Jean-Marie Le Pen bien provocateur qui noyait son racisme dans l’imparfait du subjonctif et l’étalage de sa culture classique. On n’avait plus entendu ce genre de propos depuis des années. Mardi soir donc, Gollnisch a récité le parfait bréviaire de la vieille France rancie et pétainiste, rêvant tout haut de mettre les émigrés sans papier dans des camions militaires, direction la frontière (laquelle? Il n’est pas allé jusqu’à ce degré de précision), il promettait de faire de Vaulx -en-Velin et de Villiers-le-Bel, des villages français, de lancer un appel de Saint-Denis pour le rétablissement des valeurs familiales… Mais surtout (et c’est là que le contraste avec Marine Le Pen, qui se veut sociale, est le plus marqué) Bruno Gollnisch a prôné la suppression de l’ISF, de l’impôt sur le revenu, et de quasiment tout le code du travail… Bref il veut l’instauration d’une sorte de libéralisme sauvage à l’intérieur combiné avec un protectionnisme aux frontières. Quitte à être extrémiste pourquoi se fatiguer à être cohérent? Lors de cette réunion, était présent le fameux Pierre Sidos, chef suprême du groupuscule « fachistoïde » “L’Œuvre française” dont l’essentiel de l’activité depuis des années consiste à fournir à une poigné de militants au crâne rasé une littérature paranoïaque et surtout de leur faire peindre nuitamment sur les murs des villes des croix celtiques avec ce slogan subtil : « la France aux Français » …

C’est un évènement… Pierre Sidos n‘apparaît jamais en public !

Non, ce genre de personnages représente tout ce que le FN veut cacher depuis les années 8O, le pétainisme, l’antisémitisme, la haine de la république. Étaient aussi présents à cette joyeuse sauterie quelques représentants de sous-groupuscules néo-royalistes, crypto-maréchalistes et l’ineffable Roger Holleindre, sorte d’ancien combattant professionnel et braillard. Tout ce que le FN compte d’amis douteux, de morts vivants, de résidus de peste brune, de restes de collabos, de débris d’empire, de nostalgiques des colonies et de nobliaux intégristes se retrouvent avec enthousiasme derrière Bruno Gollnisch. Bruno Gollnisch qui se sent parfaitement à l’aise dans ce vieux monde fétide n’a pas convoqué ces momies simplement pour le plaisir ou pour constituer un musée des horreurs politiques. Il sait pertinemment que cette élection est une élection de militants et non pas un scrutin de sympathisants. Le noyau dur actif, historique du FN est composé, en partie de ces vieilleries qui ne supportent pas tout ce qui peut ressembler de près ou de loin à du social ou à de la modernité. La stratégie de Bruno Gollnisch dans ce scrutin, c’est de réveiller les fantômes du FN, c’est un peu désespéré comme tactique mais c’est sans doute son unique carte face à la fille du chef!