sayyed-hassan-nasrallah

jeudi, décembre 16, 2010, l’orient le jour
Au dernier jour de la Achoura, le secrétaire général du Hezbollah a décidé de parler de politique. Il a abordé essentiellement deux sujets : Israël et l’acte d’accusation et ses conséquences sur le pays, tout en révélant que, par des voies indirectes, le vice-président de la commission d’enquête Gerhard Lehman a proposé de lui remettre les documents de l’enquête internationale moyennant la somme d’un million de dollars. Il a aussi prédit au TSL des scandales pires que ceux de WikiLeaks.
Sayyed Hassan Nasrallah a tenté, au dernier jour de Achoura, de dresser un bilan de la situation régionale et de la campagne menée par le Hezbollah au cours des derniers mois.
Rappelant que le conflit avec Israël est l’axe principal qui fait bouger la région, sayyed Nasrallah a précisé que le projet du Grand Israël géographique est désormais enterré, notamment depuis le retrait de 2000. De même, le projet de la grande puissance israélienne qui peut imposer ses conditions dans la région est révolu, depuis la guerre de 2006 au Liban et celle de Gaza en 2008-2009. Cela ne signifie pas qu’Israël est faible, il est en train de reconstituer ses forces, tout en cherchant à placer la Palestine – sauf Gaza – sous son contrôle en la judaïsant. Selon sayyed Nasrallah, Israël est devant trois choix : aller vers des négociations avec les Palestiniens, puis avec la Syrie et le Liban. Ce qui est refusé par le gouvernement Netanyahu qui cherche à gagner du temps. Le deuxième choix est de faire la guerre au Liban, en Syrie, à Gaza, en Iran, etc. Or, une telle option est improbable pour l’instant puisqu’Israël ne peut plus mener une guerre dont l’issue victorieuse n’est pas garantie. Le troisième choix est de maintenir le statu quo, en attendant des changements régionaux et internationaux, tout en cherchant à susciter des discordes entre les sunnites et les chiites, entre les pays arabes et au sein de chaque pays. Il a pris pour témoignage les propos de Shaul Mofaz qui a récemment invité les sunnites à s’allier avec Israël contre la menace chiite, rappelant au passage que les pires crimes israéliens ont pris pour cible des sunnites en Palestine et ailleurs, et récemment avec la flottille de la liberté. Il a toutefois assuré ses partisans qu’ils peuvent continuer à miser sur la résistance qui se prépare et se renforce.
Sayyed Nasrallah a estimé que l’acte d’accusation et le TSL s’inscrivent dans le cadre de ce plan. Il a précisé qu’il a commencé à recevoir des informations sur une volonté d’impliquer le Hezbollah à partir de 2006. Mais en 2008, il lui a été clairement dit que l’enquête se dirige vers l’implication d’un groupe du Hezbollah infiltré et travaillant pour les SR d’un État déterminé. Il n’a alors rien dit pour préserver le pays et il a affirmé que c’est la preuve que le Hezbollah ne cherche pas un prétexte pour contrôler le pays ou préparer un coup d’État. Mais en 2010, il ne pouvait plus se taire car l’affaire était devenue urgente. Selon lui, ceux qui disent : « Attendons l’acte d’accusation » se moquent du monde, car ils savent très bien ce qu’il contiendra, ajoutant qu’un scandale pire que celui de WikiLeaks attend le TSL.
Sayyed Nasrallah a insisté sur le fait que le Hezbollah n’a pas été négatif dans sa réaction, ne paralysant pas le pays et ne prenant aucune initiative sur le terrain, se contentant d’expliquer son point de vue en misant sur les arguments rationnels et les données scientifiques. Il a critiqué au passage ceux qui disent : « Si le Hezbollah se défend, c’est qu’il est vraiment coupable », se demandant s’il fallait se taire et se laisser accuser injustement.
Sayyed Nasrallah a défendu la campagne qu’il a menée depuis quelques mois, assurant qu’elle atteint certains de ses objectifs. Le secrétaire général du Hezbollah a rappelé que « l’enquête n’est ni technique, ni professionnelle, ni non politisée ». Il avance pour preuve de ces allégations que toutes les pistes auraient dû être creusées pour que l’enquête soit crédible. De plus, lorsque les fuites au sujet de l’enquête atteignent une telle ampleur, c’est qu’il y a quelque chose de malsain qui se passe. Enfin, il a affirmé que le vice-président de la commission sous Detlev Mehlis, l’Allemand Gerhard Lehman, un ancien des SR, est un personnage corrompu. Il serait ainsi la principale source des fuites. Sayyed Nasrallah a déclaré : « J’ai la preuve de sa corruption. Il a vendu des documents de l’enquête à des personnalités libanaises, à 70 000 dollars l’un, et ces personnalités me les ont remis. De plus, il m’a indirectement proposé d’acheter tous les documents pour la somme d’un million de dollars. J’ai naturellement refusé. »
Sayyed Nasrallah est revenu sur le refus de déférer le dossier des faux témoins devant la Cour de justice, rappelant que l’assassinat des deux Ziad et celui des frères Antonios l’ont été, parce qu’ils constituaient une menace de discorde interne. Que dire alors des faux témoins, qui ont sévi pendant quatre ans au Liban, mettant en danger les relations avec la Syrie et semant le trouble entre les Libanais ?
Le secrétaire général du Hezbollah a encore estimé que le TSL protège les faux témoins car Mehlis et Lehman ont participé à leur fabrication, allant même jusqu’à accuser le Conseil des ministres de les protéger au cours de la réunion d’hier.
Le Hezbollah a alors décidé de ne pas se sentir concerné par le TSL, ajoutant qu’il ne cédera pas et ne livrera aucun des siens. Sayyed Nasrallah a déclaré : « On nous a alors conseillé de livrer deux de nos membres et l’affaire sera close. Mais nous ne faisons pas ce genre de choses. Nous ne trahissons pas la confiance mise en nous ni la mémoire de nos martyrs. Et advienne que pourra… »
Le secrétaire général du Hezbollah a précisé que son parti ne cherche pas à annuler une résolution du Conseil de sécurité. Il est suffisamment pragmatique pour comprendre que ces résolutions ne peuvent pas être annulées. Au mieux, elles peuvent être gelées ou paralysées, comme c’est le cas dans tout ce qui concerne Israël. Par contre, à travers sa campagne, le Hezbollah a réussi à neutraliser une partie des objectifs recherchés à travers sa mise en accusation. Il a ainsi réussi à éviter que l’image de la résistance soit ternie ou déformée. Il a maintenu ses relations étroites avec ses alliés et sa grande popularité chez les chiites, alors que l’objectif de l’accusation était de l’isoler auprès de ses alliés et même au sein de la communauté chiite et, enfin, il a rendu service à ceux qui cherchent réellement la vérité en montrant que l’enquête internationale est biaisée. Il a enfin provoqué une prise de conscience régionale et nationale.
Avant de conclure, sayyed Nasrallah a présenté deux propositions au camp adverse : « Laissez le conflit entre nous et le TSL. Vous dites que vous n’avez rien à voir avec l’acte d’accusation. Je veux bien vous croire, alors comportez-vous en conséquence. » Il a rappelé à cet égard qu’après la guerre de 2006, le Hezbollah a décidé de tourner la page et de ne pas demander des comptes. Tout comme il ne l’a pas fait après les révélations de WikiLeaks. Il a aussi appelé le camp adverse à procéder à une révision de la situation au sein du Conseil des ministres et à faire en sorte d’aider les efforts syro-saoudiens pour qu’ils aboutissent avant la publication de l’acte d’accusation. « Après, a déclaré le sayyed, ce sera une autre affaire. Nous considérerons qu’il y a une agression contre le Liban et la résistance, et nous étudierons avec nos alliés comment l’affronter pour protéger le pays. »
Enfin, sayyed Nasrallah a appelé ses partisans à participer en grand nombre à la marche de Achoura aujourd’hui pour montrer leur attachement aux principes fondamentaux et leur détermination à déjouer tous les complots, au seul cri : « Ya Hussein. »