La Feuille de Chou ne connaît rien à

Pas la peine de se moquer: F2C connaît d’autres sujets dont le premier moqueur venu ignore tout, comme Sarko pour La Princesse de Clèves, mais à partir d’une recherche sur la Selbsthass (la haine-de-soi qui lui est généreusement et abusivement attribuée par des ultra-sionistes, comme encore l’autre jour lors de la rencontre avec Yehuda Lancry) a lu, grâce à un commentaire,- merci- un truc sur cette série US, dont elle a extrait ce paragraphe bien vu :

Un ami m’avait expliqué ce statut de « pédé de droite »: être de droite traditionnelle, c’est avoir peur du futur et des changements, c’est faire de la rétention anale. Être pédé de droite, c’est la version extrême, avec la haine des Arabes et des Noirs, des gauchistes partageux et des femmes et leurs vagins. Beaucoup d’entre eux passent leurs weekends non pas à faire de la rétention anale, mais de l’absorption anale. Que ce soit des objets, des mains ou des maladies.”

http://www.minorites.org/index.php/2-la-revue/885-star-trek-et-les-pedes-de-droite.html

Les visés se reconnaîtront.

Encore un extrait, plus long, sur la réelle Sebsthass chez Geert Wilders.

“De la Selbsthaß à la zelfhaat

C’est l’excellent Groene Amsterdammer qui a réussi à révéler ce dont on se doutait déjà: Geert Wilders n’est pas né blond. En fait, il a des ancêtres juifs, et surtout indonésiens. Lui-même a toujours entretenu un flou artistique sur ses origines, voire, comme le démontre l’anthropologue Lizzy van Leeuwen pour la revue progressiste, un peu menti ou arrangé les faits pour occulter son indonésianité. Je pense que deux éléments clés sont essentiels pour comprendre le personnage et la portée réelle de ses propos au sein de la société néerlandaise: la haine de soi, et le passé colonial.

La haine de soi (Selbsthaß) est un concept développé par les Juifs allemands: coincés entre la honte de devoir s’assimiler pour exister et l’antisémitisme dont ils étaient l’objet alors qu’ils approchaient de la germanité la plus parfaite et exemplaire, ils se trouvaient dans une position intenable. La Métamorphose de Kafka est un très bel exemple de cette haine de soi. Les Juifs néerlandais, comme beaucoup de Juifs à la fois totalement assimilés et systématiquement ostracisés (aujourd’hui encore!), ont un rapport très compliqué à leur identité, à la patrie, mais aussi aux autres minorités. Après quatre siècles de présence dans le Royaume, se croyant parfaitement assimilés, ils n’en ont pas moins été massivement déportés et assassinés pendant l’occupation allemande, avec l’aide de l’État néerlandais, et dans des proportions monstrueuses.

Les Néerlandais se pensent collectivement innocents de cette catastrophe nationale, laissant les Allemands en porter la responsabilité. La paranoïa de Wilders envers des musulmans entre totalement en résonance avec cette zelfhaat, cette haine de soi, néerlandaise, et juive néerlandaise, qui est projetée depuis une décennie sur les Marocains, après l’avoir été sur les Allemands. Son passage dans un kiboutz israélien dans sa jeunesse ne l’a pas aidé, et forme même d’après ses biographes un moment important dans la construction de sa personnalité politique. On ne déteste jamais les autres aussi bien que quand on se déteste soi-même.

Plus important encore chez Wilders est, selon moi, la haine de soi issue de l’histoire coloniale néerlandaise. Les Indo’s, comme on les appelles aux Pays-Bas, ont été les victimes du drame de la décolonisation, qu’on peut comparer à nos Harkis: néerlandisés, christianisés, très souvent mélangés avec des cadres coloniaux néerlandais, les Indo’s ont été rapatriés en urgence lors de la pénible décolonisation avec la promesse qu’on libérerait leur pays et qu’ils reviendraient au pouvoir. Beaucoup d’Indo’s se sont réfugiés dans l’attente d’un retour qui n’est jamais venu, se sont raccrochés aux valeurs coloniales racistes qui avaient justifié leurs petits privilèges aux Indes Orientales, et ils n’ont jamais accepté l’évolution de la société néerlandaise. Ils sont devenus plus nationalistes que les natifs, plus racistes aussi, et de plus en plus islamophobes.

Là-dessus s’ajoute le combat entre les élites traditionnelles indonésiennes, fortement hindouisées (portant souvent des noms d’origine indienne), puis néerlandisées, et les nouvelles élites musulmanes, arabisées jusque dans leurs noms. Comme dans beaucoup de pays en proie à la colonisation européenne, l’Islam a joué un rôle important dans la justification du combat indépendantiste, et est donc devenu un objet de fixation pour les anti-indépendantistes. On ne retrouve pas pour rien beaucoup d’Indo’s dans tous les mouvements ultra-nationalistes néerlandais, que ce soit au sein des Hell’s Angels, dans l’ancien Parti du Centre (Centrumpartij), et dans la plupart des réseaux d’extrême droite plus ou moins racistes.

Les journalistes qui ont enquêté sur Wilders soulignent à quel point son histoire familiale (dont la partie indonésienne) permet d’expliquer à la fois les poussées nationalistes du leader du Parti pour la Liberté, mais avant tout son obsession islamophobe. On comprend aussi qu’il s’agit de la sortie du placard d’un mode de pensée qui avait été occulté depuis la guerre d’indépendance, combattu pendant les années fastes du Parti du Centre, mais qui n’avait jamais disparu. Malgré ses techniques modernes et son intelligence politique, Wilders est moins révolutionnaire que feu Pim Fortuyn: il est dans la continuité culturelle intellectuelle avec la droite nationaliste et coloniale néerlandaise.”