Éditorial Par Patrick Fluckiger (L’Alsace)

Dans la nasse

le 30/01/2011 à 00:00

Hosni Moubarak est dans la nasse.
Ce n’est pas en nommant vice-président le chef du renseignement qu’il s’attirera les grâces de son peuple !
Son geste prépare peut-être une exfiltration.
Mais pas plus qu’en Tunisie, la rue ne se satisfera d’un simple changement de personne.
Elle réclame la fin de la corruption et de la dictature.

Moubarak a eu hier le soutien du roi Abdallah d’Arabie – qui héberge déjà Ben Ali – et celui de Mahmoud Abbas, le président de l’Autorité palestinienne.
L’Arabie Saoudite se fait le porte-parole des régimes arabes pour empêcher tout changement.
Abbas, quant à lui, prend en compte les enjeux géopolitiques.
Le Palestinien craint que la déstabilisation de l’Égypte renforce encore le poids d’Israël dans cette partie du monde, et aussi qu’elle profite au Hamas.
Pour l’instant, Le Caire participe au blocus autour de la bande de Gaza.
Et c’est le nouveau vice-président Omar Souleimane qui gère ce dossier…

Les calculs du roi Abdallah et de Mahmoud Abbas sont voués à l’échec.
Comme en témoignent les manifestations des derniers jours en Algérie, au Yémen ou en Jordanie, la colère monte dans l’ensemble du monde arabe contre des dirigeants prédateurs, sourds, brutaux, majoritairement vieux, et globalement inintelligents.
Ils resserrent les rangs entre eux par instinct grégaire et de survie. Cela n’empêchera pas les peuples de continuer à manifester pour la justice et la démocratie.

En ce qui concerne le conflit israélo-palestinien, il est temps également de voir évoluer la politique arabe.
L’agressivité de Nasser à l’égard d’Israël n’a pas payé.
Inversement, l’alignement de ses successeurs Sadate et Moubarak sur la politique de Washington et de Tel Aviv s’est révélé désastreux.
Entre ces deux voies opposées il y en a une qui a été peu explorée : celle d’une vraie solidarité arabe avec le peuple palestinien et d’efforts réels pour peser face aux États-Unis, favorables aux seuls intérêts israéliens.
Mais il n’est pas facile d’élever la voix, dans le concert international, quand on affame ses peuples et qu’on a besoin de l’aide américaine pour survivre.

le 30/01/2011 à 00:00 L’Alsace.