Les choses n’ont pas traîné.
A peine le dictateur Moubarak chassé par le peuple et exilé à Charm-El-Cheikh, l’armée égyptienne a pris ouvertement le pouvoir qu’elle détient de fait, depuis 1952, après le renversement du roi Farouk par les officiers nationalistes révolutionnaires dont Gamal Abdel Nasser.
Le peuple a abattu une dictature de 30 ans, et l’État-Major rafle la mise.
Cherchez l’erreur…
C’est la révolution “ordonnée” et “crédible” dont rêvait l’Occident.
Mais à peine les occupants de la place Tahrir avaient-ils terminé leur Osterputz et rendu les lieux à l’infernale circulation automobile, qu’ils ont compris à quelle sauce ils étaient consommés.
Et ils sont revenus s’y installer bien décidés à ne pas se laisser voler leur victoire par d’ex-maréchaux à la soviétique. Et cette fois, l’armée, prétendue neutre, les a délogés vite fait. Faut pas pousser!
Et dans le même temps, les grèves se multiplient dans les entreprises, dont beaucoup sont précisément la propriété des militaires, de haut rang, il va sans dire.
Bref, la révolution confisquée, provisoirement, a encore des perspectives d’avenir.
Et ce n’est ni la dissolution de l’Assemblée, frauduleusement élue, ni la mini révision constitutionnelle annoncée, ni même la date, lointaine, des élections qui feront oublier le putsch à froid réalisé au nez et à la barbe du monde.
On est sûr que bientôt, le peuple demandera à l’armée: qui t’a fait Raïs?
Si les militaires égyptiens avaient été vraiment des démocrates, ils auraient organisé une transition en y associant des représentants de tousd les partis, de toutes les associations, et surtout de tous les occupants de la place Tahrir, et dailleurs qui représnenteneux véritablement le pouvoir populaire.
Mais allez demander ça à des chefs militaires!
En Egypte, la révolution continue
13 FÉVRIER 2011
(Source : Le Jura Libertaire)
Les organisateurs des manifestations égyptiennes se sont engagés samedi à occuper la place Tahrir, épicentre de la révolution, jusqu’à ce que le Conseil suprême des forces armées accepte leur programme de réformes démocratiques.
Ils ont également annoncé la création d’une structure représentant le mouvement populaire pour défendre la révolution et négocier avec les militaires.
«Le but de ce Conseil de surveillance sera de mener un dialogue avec le Conseil suprême des forces armées et de porter la révolution tout au long de la phase de transition», a annoncé à la presse l’universitaire Abdelkader Ouda, qui se trouvait place Tahrir.
«Ce conseil sera habilité à appeler à des manifestations ou à les annuler en fonction des développements de la situation», a-t-il ajouté.
Cette structure sera formée d’une vingtaine de membres, figures de la contestation, personnalités d’envergure et représentants de partis politiques. Elle devrait dans un premier temps appeler à un grand rassemblement vendredi prochain pour célébrer le succès du soulèvement contre le régime de Hosni Moubarak.
Dans deux communiqués diffusés plus tôt dans la journée, les organisateurs des rassemblements demandent la levée de l’état d’urgence instauré par le président déchu, Hosni Moubarak, contraint à la démission vendredi après près de trente ans de pouvoir.
Le premier des deux communiqués exige la dissolution du gouvernement désigné par Hosni Moubarak le 29 janvier dernier et la suspension du parlement élu après le scrutin controversé de novembre.
Il appelle à la mise en place d’un conseil présidentiel transitoire composé de cinq membres — quatre civils et un militaire.
Le communiqué demande en outre la formation d’un gouvernement de transition pour organiser des élections dans les neuf mois à venir ainsi que la mise en place d’un comité chargé d’esquisser un projet de constitution démocratique.
Parmi les autres aspirations de ce «communiqué du peuple numéro un» figurent la liberté de la presse et syndicale, la formation de partis politiques et la fin des tribunaux militaires et d’exception.
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