Et qui a été digne de ce nom : voilà ce à quoi nous avons assisté, ce mardi 5 avril 2011 à Tours.
Depuis le début, il était évident que sous couvert de diffamation, le ministère de l’Intérieur, et à sa suite, le Procureur ne cherchaient qu’à interdire aux militants d’exercer leur solidarité à l’égard des sans-papiers, de pratiquer leur devoir d’alerte de l’opinion et leur libre expression qui consiste, entre autres, à établir des comparaisons historiques, fût-ce avec les périodes les plus noires de notre histoire.
Cette tentative pour masquer tout cela sous les apparences du délit de droit commun a volé en éclats ce 5 avril, sous l’effort conjugué des multiples témoignages qui, les uns après les autres dans leur diversité, leur richesse et leur complémentarité ont tissé, heure après heure, une longue chaine d’évidences : qu’ils émanent d’historien, de juriste, de linguiste, de psychanalyste, d’enseignant, d’étudiant, d’anthropologue, de militant, de “témoin de l’Histoire”, tous les témoignages concourent à dire l’insupportable, l’inacceptable, en un mot l’infamie du présent : l’infamie de la chasse à l’enfant, l’infamie de la chasse à l’étranger qui se déroule actuellement sous nos yeux et qui fait écho, -pourquoi le nier- , à d’autres chasses à l’homme si vivaces encore dans nos mémoires.
Après que le Procureur a admis ne plus pouvoir maintenir la poursuite sur la distribution du communiqué de presse, en raison des erreurs contenues dans sa citation à comparaitre,
après qu’il a reconnu que parmi les 4 critères de la bonne foi dont doivent faire preuve les prévenu-e-s, on pouvait leur accorder, à coup sûr, les 2 premiers (2 sur 4 tout de même !), à savoir la poursuite de ” l’intérêt légitime” et “l’absence d’animosité”,
les plaidoiries des avocates ont alors poussé jusqu’à leur conclusion ultime ces longues chaines d’évidences si bien développées par les témoignages :
Ce procès a été le lieu d’un vrai débat, ont-elles fait remarquer, …mais un débat qui a eu lieu dans l’enceinte fermée d’un tribunal, un débat qui a été -de fait- confisqué par une instance juridique alors qu’il a vocation à se poser sur la place publique.
Le tribunal est-il bien dans son rôle ?
Comment la présumée diffamation pourrait-elle être établie sur des “preuves” quand il s’agit, au-delà du zèle de quelques fonctionnaires, de pointer tout un contexte qui concourt à rendre possible, probable, -et parfois clairement à l’encourager- le zèle de certains ?
La dangerosité de ce contexte, tous les témoignages l’ont petit à petit “resserrée” autour de 2 “mécaniques” administratives dont les mises en œuvre créent des effets, génèrent des processus dont les conséquences sont incommensurables.
La politique du chiffre est l’une de ces nouvelles “mécaniques administratives” qui rend chaque jour plus ténue, plus poreuse, la limite qui sépare la légalité de l’illégalité dans l’action des fonctionnaires.
L’autre ” mécanique” est celle de la mise en fichier et des possibles interconnexions auxquelles les nouvelles techniques donnent un pouvoir de nuisance accru.
Comment un tribunal pourrait-il juger de cela ?
Comment pourrait-il, d’autre part, émettre un jugement sur la nécessité ou non – pour mener le débat public- de faire des comparaisons historiques? Comment pourrait-il se prononcer sur la pertinence de ces comparaisons ?
C’est pourtant un tel “jugement” qui sous-tend la plainte en diffamation portée contre les 4 prévenu-e-s et c’est à l’interdiction de certaines comparaisons qu’aboutirait leur condamnation…
Comment un tribunal pourrait-il statuer sur ces questions éminemment politiques ?
A TOUTES ces questions, il convient de répondre NON, ont affirmé avec force les avocates : tout cela est hors du champ du juridique et ne peut relever de la compétence d’un tribunal.
Le rôle d’un tribunal, ont-elles insisté, ne doit consister qu’en une chose : garantir l’exercice de la libre expression, cette libre expression si nécessaire, justement, au débat public.
A l’issue de cette audience très politique – “du politique” et non de la politique politicienne-
le verdict du tribunal n’est pas tombé, il sera connu le 26 mai.
Mais le verdict de la salle et de tous ceux qui étaient présents a été unanime : oui, ce procès était politique, oui, les militants et ceux qui, par leurs témoignages, sont venus les soutenir et soutenir leur juste cause ont fait de la politique, la plus belle qui soit : engagée, éclairée par l’ analyse, généreuse et profondément humaine. Oui, il est temps que le débat public quitte les salles d’audience pour se porter là où il devrait se tenir : partout dans la société.
C’est ce “verdict” là qui nous importe et le Comité de soutien aux 4 de Tours se félicite d’y avoir activement participé. Il continuera, du reste, d’y participer avec toute la vigilance nécessaire.
Il reste au verdict du Tribunal de se mettre en conformité avec celui-ci :
Relaxe des 4 de Tours !!!
7-04-2011
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