lu dans les DNA
Histoire / En souvenir des victimes du nazisme
Eugen Haagen, médecin et scientifique nazi
[f2c: n’est-ce pas quelque peu maladroit de mettre en titre, juste sous la mention des victimes, le nom de ce criminel nazi?]
Aujourd’hui à 16 h, le sénateur-maire de Strasbourg dévoilera la plaque modifiant le nom du quai Pasteur longeant l’hôpital, désormais dédié à Menachem (et non Menachen) Taffel, né en Pologne en 1900 et mort au camp de Natzweiler-Struthof en 1943, une des victimes des expérimentations médicales nazies. (Photo DNA – Laurent Réa)
Un travail original et de qualité
Dimanche 8 mai, les noms de quatre Sintis, tsiganes d’origine allemande, victimes des essais sur le phosgène réalisés par un autre scientifique, le D r Otto Bickenbach, ont été lus pour la première fois à Strasbourg, lors d’une cérémonie commémorative devant l’Institut d’anatomie normale de l’hôpital civil.
Aujourd’hui, Roland Ries, sénateur-maire de Strasbourg, inaugurera le quai Menachem Taffel (anciennement quai Fustel-de-Coulanges) du nom d’une des victimes juives des expérimentations médicales menées par des médecins nazis dans le cadre de l’annexion de l’Alsace durant la Seconde Guerre mondiale.
Les recherches dans le domaine historique des expérimentations médicales sont récentes. La thèse de Raphaël Toledano a été saluée en décembre par le P r Christian Bonah : un travail « original et de qualité sur des archives à transmettre aux générations futures » pour celui qui fut le directeur de cette thèse et qui est médecin, historien, vice-président du département d’histoire et de philosophie des sciences de la vie à la faculté de médecine de Strasbourg.
Le D r Paul Julian Weindling, professeur d’histoire de la médecine à l’université d’Oxford, rend aussi hommage au lauréat grâce à qui « les noms des victimes sont à nouveau précisés ».
«Poursuivi du chef d’empoisonnement après guerre»
L’identité de celles-ci, soumises à des expériences de vaccin sur la fièvre jaune ou le typhus après avoir été acheminées du camp d’Auschwitz à la gare de Rothau ou internées au camp de sécurité de Schirmeck, occupe 53 pages de la thèse. Des noms et des prénoms d’hommes et de femmes, classés souvent « tzigane allemand », bûcheron, musicien ou ouvrier de profession, certains ayant survécu aux essais, d’autres y ayant laissé leur vie : « Haagen ne faisait pas de la pseudo-science. Mais ces expériences étaient menées sur des personnes non consentant es. Il a d’ailleurs été poursuivi du chef d’empoisonnement après guerre… »
Mais Eugen Haagen usa de divers arguments au procès de Nuremberg puis à ceux de Metz et de Lyon: il soutint ainsi que les ponctions hépatiques faites au camp de Natzweiler-Struthof ne furent pas menées de sa main mais de celles de médecins déportés. Il parla de « vaccinations prophylactiques » et profita de l’absence de lois interdisant les expérimentations médicales sans consentement. Dans les années 1950, Haagen offrit ses services à l’URSS avant de décéder à Berlin en 1972.
Une idéologie qui faisait des hommes des matériaux
Médecin et psychanalyste, le P r Jean-Christophe Weber relève que « c e qui est fascinant chez Haagen, ce n’est pas tant son éloignement que sa proximité avec nous, son ambition personnelle et sa curiosité scientifique », insérées « dans un contexte de guerre et une idéologie qui faisait des hommes des matériaux ».
Le P r Bernard Goichot, représentant le doyen de la faculté de médecine, qualifie la thèse « d’exceptionnelle car aussi sinistre son sujet soit-il, il appartient à l’Histoire ». Haagen était « un chercheur prolifique, bourré d’ambitions, qui face à une concurrence entre scientifiques avait un sentiment d’impunité ».
Force est de reconnaître que « ce type de comportement peut survenir en dehors de toute idéologie et c’est le plus alarmant ».
Raphaël Toledano envisage de publier sa thèse, disponible à la faculté de médecine et à la bibliothèque nationale universitaire. Une érudition qui est un acte de résistance contre l’oubli de ces pratiques déshonorant la médecine,
M. B-G
faut vraiment être stupide pour faire de tels contresens de lecture!
Pourquoi ne pas vouloir que soit connu de tous le nom du tortionnaire nazi?
Par idéal chomskiesque??