Les Tentes Glorieuses…

Ce qui se passe en Espagne, après la Tunisie, et l’Égypte qui ont donné le la, n’est rien moins que le retour de la souveraineté populaire par son auto-exposition sur l’agora Plaza del Sol, rebaptisée Tahrir, et toutes les places centrales du pays.

Lorsque des dizaines de milliers de citoyens-nes sont rassemblé(e)s, débattent en permanence sous les fenêtres mêmes du ministère de l’Intérieur, à Madrid, comment ne pas comprendre qu’il s’agit d’un processus révolutionnaire, d’un type inédit, où le peuple recouvre sa souveraineté, signifiant qu’il se passe des prétendus “représentants”, de droite ou de gauche, qui ne les représentent plus, encore moins “les marchés”.

Alors qu’en Tunisie, se met en place un système représentatif, avec passage par une Constituante, qu’en Égypte, malgré le départ du dictateur, l’armée n’a cessé d’avoir le pouvoir, en Espagne, pays de démocratie récente, la situation économique, financière, sociale et politique catastrophique, avec plus de  40 % de jeunes au chômage, et un gouvernement “socialiste” qui applique une politique ultra-libérale dictée par la main invisible, mais douloureuse, des “marchés”, a produit ce soulèvement pacifique, reprenant le “indignez-vous” de Stéphane Hessel, ce tsunami populaire, à la veille d’élections qui logiquement ont conduit à la défaite de Zapatero et mécaniquement à la victoire de pire, la droite.

Il y a comme une ironie dans cette situation qui met en quelque sorte sur le banc de touche les équipes soi-disant adverses, (comme l’UMP et le PS en France) en réalité complices du capital. Comment mieux signifier, alors même que chacun était libre de voter ou pas, que le théâtre parlementaire n’est qu’une illusion, que les choses sérieuses se passent ailleurs, sur les places où le peuple recouvre sa souveraineté raptée par la représentation, et quelque part dans ces lieux où le dit “marché” s’incarne en des fondés de pouvoir, perroquets de la marchandise.

Les gouvernements, comme l’espagnol, demain d’autres, sont bien embarrassés par une telle situation inédite, qui se traduit, pour le moment, par la paralysie des forces de répression. Le capital joue la montre. Mais vigilance! On n’a jamais vu un pouvoir minoritaire céder sans combattre. Souvenons-nous de Salvador Allende dont on vient d’exhumer le corps!

Le mouvement espagnol, à vocation mondiale, essaime. Les places publiques françaises, depuis dimanche, sont les lieux où la population est appelée à se rassembler en vue de reconquérir sa souveraineté.

A Strasbourg, un rendez-vous est fixé ce soir à 19h place de la République, sous les fenêtres de la Préfecture. N’oubliez pas vos tentes, sacs de couchage, vos instruments de musique, et de quoi boire et manger ensemble.

Des familles étrangères, avec des enfants en bas âge, contraintes de dormir dans la rue, sont appelées par RESF 67 à occuper la place Broglie proche, mais vendredi seulement.

Gageons qu’elles seront accueillies à bras ouvert, et plus sécurisées, dès ce soir, si elles le souhaitent.

Tant qu’à dormir dans la rue, qu’au moins on le fasse ensemble, Français et étrangers! Ce qui en passant sera la meilleure riposte possible à la xénophobie d’État des Guéant de tous noms.


Appel RESF 67

N’acceptons pas de voir bafouer le droit le plus élémentaire à disposer d’un toit !
A Strasbourg, depuis la fin du plan hivernal, de nombreuses familles, certains avec des enfants très petits, se retrouvent à la rue, rejetées du dispositif 115, du fait du durcissement des critè- res d’accès à l’hébergement par les autorités préfectorales.
De non respect de la parole donnée en cynisme exacerbé et assumé, nos autorités se déshonorent chaque jour un peu plus aux yeux des citoyens que nous sommes.
Pour soutenir les familles à la rue Venez avec votre indignation, votre sac de couchage
Vendredi 27 mai
Place Broglie
A partir de 18h00 pour signifier
ça suffit !!!
Réseau Éducation Sans Frontières