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Journaliste blessé : Non-lieu pour cause de silence israélien

Par la rédaction le 22/06/2011

Jacques-Marie Bourget n’aura pas gain de cause. La justice française a conclu par un “non-lieu” une enquête visant à prouver que ce journaliste avait été blessé par balle par l’armée israélienne, le 21 octobre 2001, alors qu’il couvrait des combats à Ramallah. La magistrate en charge du dossier n’a pu que constater “l’absence de coopération” d’Israël. Les médias sont muets sur ce cas.

La vice-présidente chargée de l’instruction au Tribunal de Grande Instance de Paris, Michèle Ganascia, a statué le 24 mai 2011 : elle a rendu un non-lieu pour  la plainte déposée en janvier 2002 pour “tentative d’homicide volontaire”, contre X, par le journaliste Jacques-Marie Bourget. Celui-ci voulait prouver avoir été  la cible d’un tireur israélien en 2001 à Ramallah, tir “sciemment dirigé contre” lui.

La magistrate avait pourtant relancé le dossier en 2005, en lançant une commission rogatoire internationale en destination d’Israël, pour entendre notamment les soldats témoins des faits.

L’expertise balistique avait en effet établi que la balle reçue par Bourget était un projectile israélien. Dans son jugement de 2011 (disponible sur le site d’EuroPalestine), la magistrate affirme que cette balle a été tirée “par un fusil M16” qui “faisait partie des armes utilisées par l’armée israélienne.”

Mais l’autorité israélienne a refusé de coopérer, ce qui ne permet pas d’identifier l’auteur du tir. mission d’instruction, ce qui l’a empêché d’identifier l’auteur du tir…

Pourtant, Israël et la France ont signé en 1958 une convention d’entraide judiciaire, qui les engage à exécuter les commissions rogatoires demandées par le pays partenaire. Mais une convention est une déclaration formelle de principe, qui n’a pas de caractère contraignant.

En revanche, dans son ordonnance, la juge indique qu’il n’est “pas certain que Jacques-Marie Bourget ait été visé à titre personnel”.

Dans une lettre adressée au site Acrimed en 2007, le journaliste affirmait que “le ministère de la Justice israélien vient de répondre – à la juge française – «qu’après une enquête conduite par l’armée» (couverte par le «secret défense»)“, le journaliste a “été la victime d’un tir palestinien”.

Les médias sont restés étrangement muets sur ce non-lieu. Seul le journaliste Gilles Paris lui a dédié un billet le 29 mai sur son blog du Monde. Denis Sieffert, déjà engagé sur la question du conflit israélo-palestinien, lui a accordé quelques lignes dans son édito de Politis du 2 juin. On retrouve une mini-brève sur le site de l’Alsace le 31 mai, et sur le site belge Le Vif.be, qui travaille en collaboration avec L’Express.

En définitive, c’est Reporters sans frontières qui a protesté le plus violemment, se déclarant “indignée par cette décision qui ne permet pas de faire la lumière sur cette affaire” : “Malgré la convention bilatérale d’entraide judiciaire signée entre la France et Israël, l’Etat hébreu n’a pas souhaité coopérer. C’est inacceptable.”

“Ce n’est pas la première fois qu’un professionnel des médias se heurte à l’absence de coopération de la justice israélienne, rappelle RSF. En mai 2001, un journaliste de TF1, Bertrand Aguirre, avait été sauvé grâce à son gilet pare-balles après avoir été pris pour cible par un garde-frontière israélien. L’incident avait été filmé. Quatre mois plus tard, le dossier avait été refermé par la justice israélienne, «faute de preuves».”

(par Simon Recht)