Venant d’un ami de longue date du combat du peuple palestinien, cette question peut sembler paradoxale. Comment ne pas se réjouir de la perspective de voir la Palestine parmi les États membres des Nations-Unies ?

Et pourtant, les objections sont nombreuses.

Jusqu’à maintenant, c’est l’OLP qui se voyait reconnue comme seule représentante du peuple palestinien.

Si la Palestine en tant que telle était reconnue, à supposer qu’elle passe le veto étasunien, qu’en serait-il des Palestiniens de la diaspora, de ceux qui vivent en Israël ?

Que deviendrait le droit au retour reconnu dans une résolution de l’ONU en 1948 ?

Une fois la Palestine reconnue, l’autre État, Israël, serait l’État juif, l’État des Juifs. Ne risque-t-on pas de voir des Liebermann agir pour l’expulsion des Palestiniens d’Israël, dans leur État ? Souhaite-on des États ethniques?

Où serait l’avancée si la Palestine, reconnue aux Nations-Unies, se limitait essentiellement à la Cisjordanie qui elle-même n’est pas entièrement sous le contrôle palestinien dans ses zones B et C, le long du Jourdain, en particulier ?

Qu’en serait-il de Gaza, sous le contrôle, non de l’Autorité palestinienne, mais du Hamas depuis sa victoire aux élections ?

Quelle viabilité pour un État tronçonné en plusieurs parties dont les citoyens ne peuvent circuler librement entre elles sans contrôle israélien?

Quid des 500 000 colons juifs de Cisjordanie?

Et Jérusalem, où la population de colons juifs est en passe d’être plus nombreuse que les locaux palestiniens ?

Que dire d’un État sans souveraineté , sans frontières internationalement reconnues, sans la possibilité de lever une armée, sans espace aérien propre, sans espace maritime à lui, sans sa capitale Jérusalem-Est ?

Les États-Unis et Israël s’opposent pourtant à la reconnaissance de ce nouvel État, en particulier au profit de sempiternelles négociations de paix qui trainent et sans autre résultat que l’affaiblissement du rapport de force pour les droits du peuple palestinien.

Bien sûr, ils veulent éviter que la Palestine reconnue puisse ester à la Cour Pénale Internationale. Ce serait le seul point positif pour le peuple palestinien. Encore que le mur de la honte ait été condamné sans qu’un seul bloc de béton soit détruit.

Alors où serait l’avantage de voir reconnu un État privé de l’essentiel de son territoire, un bantoustan, puisqu’à ce jour, seuls 10 % environ de la Palestine historique sont sous contrôle partiel de Mahmoud Abbas, qui lui-même se maintient depuis deux ans de façon illégitime à son poste.

Plus on y réfléchit, moins on voit l’intérêt de cette reconnaissance onusienne.