Centre de rétention de Plaisir, 78, 13 avril 2012

De nombreux mouvements de protestation dans les centres commencent par des conflits liés à la nourriture. Derrière ces problèmes en apparence liés à
des conditions de rétention, il y à la question de l’enfermement en lui
même. L’État ne cesse de répéter que les centres de rétention ne sont pas
des prisons, or les gens y sont contraints de manger des choses qu’ils ne
veulent pas et ne peuvent vivre cela que comme une humiliation…

“Ça fait plusieurs semaines qu’on mange toujours la même chose – du yaourt
et du pain, quoi.
Ils veulent pas comprendre que les musulmans qui ne mangent que du halal
ne toucheront pas à du bœuf même bien cuit, et que si le légume est
mélangé à la viande on n’a pas le droit de manger non plus.

Ça fait plusieurs jours que nous demandons de préparer des menus nous
mêmes: du poisson plus souvent, certains disent un repas sur deux, peut
être deux par semaine suffiraient. On appelle ça équilibrer les repas.

On a voulu en discuter avec les policiers chefs qui décident, un gradé
nous a répondu hier: “c’est pas nous qui décidons, c’est une société
privée, alors prenez sinon vous ne mangez pas”.
On voulait écrire nos demandes de nourriture, faire des signatures, on a
commencé aujourd’hui.

A midi, le repas on aurait dit qu’ils l’avaient fait exprès:
Salade au poulet mélangé
Bœufaux olives mélangé
Crème dessert comme un yaourt.
Alors tout le monde a laissé ses barquettes pas équilibrées mélangées, on
pouvait même pas manger la salade et les légumes qui avaient touché la
viande pas halal, et on a demandé à leur parler.
Comme tous les jours on quittait la table avec un yaourt, un peu de pain,
de l’eau, encore la faim au ventre.

Si on a faim, on peut seulement acheter au distributeur – un paquet de
gâteaux, 1€50, un soda, 1€50, une barre chocolat, 0€80, y a rien d’autre,
et tu te fais tout tirer avant de le mettre dans la bouche parce que les
autres y a personne qui possède seulement 5cts.

Les policiers étaient énervés, en colère, nous on voulait juste expliquer
qu’on avait faim.
Le ton est monté, le chef de centre est venu ça te mettait encore plus
vénère mais on voulait pas que ça mette le dawa on restait cool.
C’est une armoire de deux mètres balèze.

Il a pris un gars qui parlait trop bien le français de 1m80 qu’avait rien
fait, il lui a dit “suis moi jusqu’au poste.
Ici tu penses en minutes, ton heure d’arrestation de sortie de garde à
vue, de mise en CRA, quelqu’un a dit l’heure qu’il était, ils sont partis
vers le poste mais ils se sont arrêtés pour entrer dans la chambre 7
qu’est pas la sienne au gars. 2 policiers étaient dehors.
On savait bien qu’il est entré là c’est parce qu’il y a pas de caméras,
mais on était loin et on n’entendait rien.
Il est sorti il était bizarre il se tenait partout.

Dans les chambres il y a 2 lits, 2 chaises, 1 table fixée et les casiers.
Le gars dit que le chef lui a mis la main derrière lui et l’a poussé sur
les casiers et le tenait plaqué contre un casier en lui serrant le cou
pendant une minute il pouvait plus respirer plus crier.

Quand il sont ressortis il a demandé à voir le docteur aux 4 policiers qui
étaient restés dehors, ils ont dit “le docteur travaille pas aujourd’hui”,
mais on est allés l’accompagner, il avait des traces toutes rouges sur le
cou, il a vu l’infirmière qui a appelé le docteur qui lui a fait un
certificat coups et blessures et griffures et le doigt tordu il sait même
pas comment.
Avec son certificat il est allé voir FTDA et ils vont porter plainte
contre le chef de centre.
Mais toute l’histoire ça fait pas 2h après le déjeuner et qu’ils lui ont
dit de prendre ses vêtements et ils l’ont amené ailleurs, dans un autre
centre.”