C’est Jean-Luc MELENCHON qui a relancé en janvier 2011 à Nancy le débat sur le concordat alsacien. L’initiative très malheureuse de François HOLLANDE , en février, et surtout sa lettre aux évêques, ont ramené le concordat dans l’actualité, comme on a pu le voir dans la presse locale et nationale. L’objet du texte qui suit est moins d’ajouter aux connaissances des ligueurs dans ce domaine que de tenter de proposer une problématique de ce vaste sujet.
1. Le concordat napoléonien à l’envers :
Le concordat alsacien diffère profondément du concordat napoléonien de 1801.
Le but principal du concordat imposé par Napoléon au pape était de soumettre très étroitement le clergé au Premier Consul et de le mettre au service de l’Etat . En contre –partie les curés recevaient un traitement de 1500F.
Le clergé était chargé ( serment ) de surveiller la population
Le concordat alsacien ne retient que 6 des 17 articles du napoléonien.
En Alsace et Moselle les curés sont très bien payés (comme des professeurs certifiés , 2500€/mois Cf . PJ alors qu’en Seine St Denis les curés perçoivent 850`€ ) (c’est le seul point commun aux deux concordats) mais c’est l’administration de l’ Etat qui sert les intérêts de l’Eglise catholique en se conformant en général aux demandes de celle-ci (1). et surtout l’Eglise est chargée de confurier (?)idéologiquement la population
2. Le statut scolaire adjacent :
Juridiquement le statut scolaire local n’a rien à voir avec le concordat. En fait l’inspiration de celui-là est la même que celle de celui-ci. Tous les deux attentent à la laïcité: les parents d’élèves sont obligés de déclarer leur religion à la rentrée. Les recteurs leur font croire que l’enseignement religieux est obligatoire.
3. Le postulat de base
Les textes et les déclarations des partisans les plus déterminés du concordat alsacien reposent sur un dogme : en clair la religion doit être prééminente et placée au-dessus tout. Peu d’entre eux avouent leur conviction intime: l’homme normal doit être croyant. Le concordat alsacien est essentiellement un instrument idéologique et politique.
4. Le concordat alsacien n’a aucune légitimité.
Il est certes légal mais il n’existe aucune justification présentable du concordat . C’est un fait accompli qu’il ne faut pas remettre en cause.
5.L’alibi de la moralisation de la société :
La raison d’être du statut scolaire est d’entretenir la religion et par là la moralité publique en Alsace et en Moselle. Autre dogme: pas de morale sans Dieu. Le résultat est pourtant là. La délinquance n’y est pas moindre et des actes de profanation et de racisme par dizaines en Alsace sont bien pires qu’ailleurs .
6. C’est un enjeu de pouvoirs et d’intérêts considérables
On a tendance à réduire les effets du concordat alsacien à la rétribution de certains clergés. Ce n’est que la partie émergée de l’iceberg. Ce traité fonde l’hégémonie de l’ Eglise catholique dans cette région. Elle y dispose des prérogatives et de privilèges considérables et plus ou moins occultes (3).
7.Désinformation: L’ignorance profonde et délibérée où sont tenus les Alsaciens et les Mosellans et ça continue le 3 juin 2012 sur France Inter.
Le droit des cultes et le statut scolaire local sont d’une complication inouïe. Seuls des spécialistes peu nombreux s’y retrouvent. Ce sont des sujets très sensibles. Le concordat est un enjeu de pouvoir immense, et pas seulement pour l’Eglise catholique. C’est l’une des assises des forces réactionnaires dans les départements du Rhin et de la Moselle qui s’arcboutent pour le défendre bec et ongle. A cet effet les populations ont été et restent enfumées depuis 90 ans à ce sujet (2). On leur fait croire sans vergogne que sans le concordat le régime spécial de la sécurité sociale. disparaîtrait. Leur prétendu attachement au concordat est un mythe.
8. L’électoralisme déplorable des élus de gauche
Pour la majorité des élus de gauche comme de droite seule compte leur élection ou la réélection. Ils s’assoient sur les principes et les valeurs de la République. La population étant mensongèrement réputée favorable au concordat, une majorité d‘élus de gauche s’en déclarent ostensiblement partisans.(4)
9.Le concordat alsacien : quelle importance ?
Il est évident que dans le contexte actuel de crise en France et en Europe et la présidentielle peuvent sembler rendre dérisoires de telles préoccupations. Mais les valeurs telles que la laïcité, la liberté de conscience, ne doivent jamais être abandonnées.
10. L’indignation véhémente ne suffit pas.
Le concordat choque de nombreux Français de l’intérieur. Mais leur réaction ne va pas au-delà de cette opinion. Bien des Mosellans s’en désintéressent aussi, comme du statut scolaire. L’action laïque des uns et des autres ne va pas plus loin. Or on peut agir efficacement entre autres en dénonçant un impôt religieux abusif (5)
Paul BERGER polberger@wanadoo.fr
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Notes :
(1)De nombreux articles des premiers articles organiques de 1802 pour l’Eglise catholique , non approuvés par le pape, régentaient très étroitement les écrits, les gestes et les déclarations des évêques et des curés qui devaient prêter serment au Premier Consul. . Le serment prévu aux l’article 6 (pour les évêques)et 7 (pour les prêtres)a été aboli en 1818.
“Je jure fidélité au Gouvernement de la République et si j’apprends que quelque chose se trame contre lui je le lui ferai savoir”
Des articles organiques ont été supprimés pour la plupart .
L’archevêque de Strasbourg n’a pratiquement plus de tutelle de l’ Etat et il demande par exemple aux recteurs et aux IA de faire de la publicité en faveur de l’enseignement religieux. Certains acceptent. L’IDL est au-dessus des lois et règlements (rEx: efus de la codification et d’appliquer les conclusions de la Commission Stasi).
(2) Durant une douzaine d’années, la sœur de l’évêque de Metz ,Mlle RAFFIN, était conseillère municipales de Metz et conseillère régionale et chargée des affaires culturelles à Metz et en Lorraine. Elle avait la haute main sur les subventions de dizaines d’associations, de troupes etc. Sous son règne on imagine mal qu’une une oeuvre impie ait été aidée.. En matière électorale l’Eglise a encore le bras long par ses réseaux en Alsace. Même sans mandat électif, Mlle Raffin a gardé une grande influence dans les cercles messins (Cl l’Express du 8 mars)
(3)L’Institut de Droit Local , financé par tous les contribuables d’A-L, non catholiques pour la plupart, leur fournit les études et l’argumentaire nécessaires. Pour résister à la pression des républicains, il a fallu depuis 1919 tenir les populations dans la plus grand ignorance et la confusion. Cette opération a parfaitement réussi. Le meilleur levier pour provoquer un prétendu attachement au concordat a été de répéter sans cesse contre toute évidence que le droit local forme « un tout cohérent » et que de supprimer le Statut Scolaire local ou le concordat
entraînerait l’abolition du régime local de la Sécurité Sociale. Ce mensonge éhonté semble indéracinable suite à une mauvaise foi permanente malgré les modifications nombreuses opérées par la Commission d’harmonisation du droit local et du droit général qui siège au TGI de Colmar. Malgré cette désinformation des populations les cléricaux veulent éviter à tiout prix une consultations honnête après débat sur les questions laïques. Ils ont réussi ainsi à persuader les médias et les élus de gauche de ce prétendu attachement.
(4) D’où la prise de position consternante du sénateur – maire PS de Strasbourg , Roland RIESS« Je suis Alsacien, de gauche, laïque et je suis pour le concordat » publié dans « le Monde » . Un autre article signé par quatre universitaires strasbourgeois « Nous sommes Alsacien, de gauche et contre le concordat » n’a été publié que dans l’ édition du Web du journal dont le correspondant à Strasbourg est un partisan du concordat. Tous les médias régionaux « L’Alsace »de Mulhouse, « les DNA » de Strasbourg et le « Républicain Lorrain » de Metz , mais aussi France 2 et bien d’autres ne publient en général que textes des cléricaux. Les articles des laïques, très rares, sont fortement censurés.
Ces trois départements sont pourtant en France, pays qui reconnaît la liberté d’expression.
(5) En Allemagne l’impôt reliieux est facultatif
En France ls clergés alsaciens et mosellans sont financés obligatoirement ( et ô combien) par tous les habitants du territoire national, avec ou sans papiers, mêmlmes par les,athées. Cet impôt religieux est-il moralement juste?
NB Situation hiérachique. En matière de cultes en Alasace – et -Moselle l”Eglise catholique fait la loi en fait. Et dans celle-ci l’archevêque de Strasbourg pèse bien plusn que l’ évêque de Metz . Ches les protestants les Eglises d’ Alsace dominent . Pour les communautés de juifs également.
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