Déconstruction d’une histoire mythique
Comment fut inventé le peuple juif
( Par Shlomo Sand )
Les Juifs forment-ils un peuple ? A cette question ancienne, un historien israélien apporte une réponse nouvelle. Contrairement à l’idée reçue, la diaspora ne naquit pas de l’expulsion des Hébreux de Palestine, mais de conversions successives en Afrique du Nord, en Europe du Sud et au Proche-Orient. Voilà qui ébranle un des fondements de la pensée sioniste, celui qui voudrait que les Juifs soient les descendants du royaume de David et non — à Dieu ne plaise ! — les héritiers de guerriers berbères ou de cavaliers khazars.
Lire à l’adresse:
http://www.Assawra.Info/spip.php?article175
Débat:
Lorsqu’on parle de peuple juif, la question est d’abord, qu’est-ce qu’un peuple, et il n’y a pas de réponses définitive.
Il y a une façon de critiquer le sionisme qui oublie les Palestiniens. Le crime du sionisme, c’est la conquête de la Palestine et l’expulsion de ses habitants. Cela suffit pour le condamner, qu’il existe ou non un peuple juif.
Et le fait que les Juifs aient des origines multiples ne suffit pas pour dire que les Juifs ne sont pas un peuple, à moins de racialiser le terme de peuple. Ce qui permettrait de nier l’existence de bon nombre de peuples et légitimerait le racisme.
Et quand bien même les Juifs seraient les descendants des Judéens exilés au premier siècle, cela justifierait-il la conquête sioniste ?
L’ouvrage de Sand est un bon ouvrage d’histoire, mais il ne saurait répondre à la question de l’existence du peuple juif. Il nous rappelle la diversité d’origine du peuple juif. Mai s cette question doit être traité indépendamment du sionisme.
La question du sionisme est une question politique, pas une question scientifique. Et il faut y répondre politiquement en rappelant l’injustice commise contre les Palestiniens. Y ajouter un semblant d’objectivité scientifique n’a pas de sens.
Rudolf Bkouche [UJFP Lille]
Daniel Lévyne
100 % ok avec Rudolf.
Même si l’exil avait bien eu lieu, même si tous les juifs étaient descendants des habitants de la Palestine d’il y a 2000 ans, cela ne justifierait pas le sionisme.
Car alors par exemple tous les américains descendants d’européens pourrait aussi prétendre à une “loi du retour” qui justifierait l’expulsion des habitants actuels de l’Europe !
Sur ce plan , effectivement, Sand n’apporte rien, n’invente rien.
Le judaïsme qui s’est répandu par conversion, surtout à l’époque romaine, les Khazars, sont des faits historiques connus et relatés dans la plupart des ouvrages des historiens bien avant que Sand soit né
De la même façon, l’invention des mythes historiques justifiant cette notion de “peuple” n’est pas l’apanage du sionisme ( “nos ancêtres les gaulois”…)
Dans “peuple juif” il y a “peuple” et il y a “juif” et ces 2 termes ont des définitions fluctuantes, subjectives et floues, et des fous peuvent instrumentaliser ce flou. Ce flou par exemple dans la définition de la judaïcité est difficilement compatible avec la notion d'”Etat juif” ( voir les problèmes que cela pose aux autorités israéliennes et leur rapports complexes avec le rabbinat)
Une autre difficulté pour Sand est de faire reposer l’identité juive diasporique uniquement sur la religion, alors que ce n’est pas le cas depuis au moins 2 siècles.
Mais l’intérêt est qu’il dissocie cette identité diasporique avec l’identité juive israélienne,bien qu’il considère alors celle-ci comme ayant droit au qualificatif de “peuple”, avec comme territoire conquis sur la Palestine celui des “frontières” de 49-67 , puisqu’il denie aux palestiniens le droit au retour.