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Strasbourg Place Kléber 200 manifestants contre les massacres en Syrie

« Halte au massacre ! Le monde est témoin, mais ne fait rien ! Liberté pour la Syrie ! », scande la foule, à l’ombre de la statue du Général-Kléber. Au micro, les intervenants se succèdent. Parmi ceux-ci figurent notamment des membres de l’ATMF Strasbourg, de l’UJFP-Alsace, ainsi que des partis politiques.

« Stopper la haine, nous voulons bâtir une patrie en harmonie », arbore Baker, architecte à la retraite, sur sa pancarte de carton. « Le théâtre ça suffit, il faut intervenir !, lance-t-il, les yeux embués. Des Syriens meurent chaque jour et les enfants n’ont pas de lait à boire ».

« Les Syriens sont abandonnés, il y a 100 000 disparus ! », souligne, de son côté, Nazih. « Il faut que les Nations Unies fassent quelque chose de concret, car le pouvoir en place est en train d’affaiblir tout un peuple, tout un pays. Comment vont-ils pouvoir le reconstruire ? », ajoute le professeur d’arabe au lycée Cassin.

Est notamment pointé du doigt, le massacre de Houla, où « les milices du régime ont procédé à un véritable carnage sur la population près de Homs », « tuant et torturant atrocement plus d’une centaine de personnes dont au moins 50 enfants mais aussi des femmes et des adolescents ! », indique le comité, dans un communiqué. Un massacre qui « vient allonger la longue liste des victimes de Bachar Al-Assad, l’autiste qui ne reconnaît toujours pas qu’il y a un problème politique en Syrie ! ».
publié le 09/06/2012 à 18:03

L’Alsace

Manifestation Syrie : l’inertie de l’Europe dénoncée à Strasbourg
le 10/06/2012 à 05:00 par Geneviève Daune-Anglard

Pour la première fois à Strasbourg, un comité syrien a appelé à manifester contre les massacres perpétrés en Syrie par le régime de Bachar el-Assad.

« L’attitude de l’Europe est lamentable. Les Syriens se sentent seuls, complètement abandonnés à leur sort. » Nazih Kussaibi est professeur d’arabe agrégé à Strasbourg. Il fait partie du comité syrien qui a appelé à manifester hier à Strasbourg « pour soutenir le peuple syrien qui subit trop de massacres ». Il est aussi un des rares à oser donner son nom. D’autres Syriens présents refusent par peur de représailles contre leur famille restée en Syrie.

C’est le cas de cet homme originaire de la ville de Hama : « Déjà en 1982, 35 000 habitants avaient été tués, des familles entières anéanties par le régime qui n’avait reconnu à l’époque que 5000 morts. » Pour lui, la différence avec aujourd’hui est qu’en 1982, « la révolte était localisée à Hama et personne n’en avait rien su. Alors qu’aujourd’hui, c’est une révolution, qui s’est étendue à tout le pays ; l’information circule, mais les massacres continuent, dans l’indifférence générale. »

Et le Syrien de citer des vidéos des exactions commises, postées depuis la Syrie et qui circulent sur le web. « Il faut que la communauté internationale intervienne, insiste Nazih Kussaibi. La dictature empêche l’aide humanitaire d’arriver aux enfants, qui meurent de faim. »

Il cite les chiffres des victimes. « Aujourd’hui, il y a 15 000 morts recensés depuis le début de la révolte, 100 000 personnes jetées en prison et autant qui ont disparu. » Et quand on lui parle du veto russe ou chinois, il s’indigne : « Il faut passer au-dessus de ces deux pays qui ne sont pas démocratiques. »

Jaafar Alkange est également enseignant à Strasbourg. Il vient collecter de l’argent auprès des manifestants « pour acheter du riz » à acheminer vers la Syrie. « Ce que je vois en direct sur Internet se passe de commentaires, lâche-t-il. Des membres du régime filment l’exécution de jeunes qu’on enterre vivants et qu’on découpe à la tronçonneuse. Puis ils vendent aux médias étrangers ces vidéos pour 500 € ! » Il considère que la Syrie vit aujourd’hui une situation de guerre civile. « Si la révolte perd, prévient-il, on aura un état chiite de l’Iran à la Méditerranée».Car ce qui se joue selon lui en Syrie, mais aussi dans d’autres pays du Moyen-Orient, c’est une balkanisation de la région, « avec la création de petits états sectaires, chiites, sunnites, alaouites ou druzes ». Il en veut pour preuve les derniers massacres en Syrie, qui se sont produits à la frontière de la région alaouite dont vient Bachar el-Assad. « Il sait maintenant qu’il perd du terrain et qu’il va peut-être perdre la partie. Il se prépare une position de repli. »

le 10/06/2012 à 05:00 par Geneviève Daune-Anglard

Le Parisien

http://www.leparisien.fr/strasbourg-67000/rassemblement-a-strasbourg-pour-denoncer-les-massacres-en-syrie-09-06-2012-2040556.php