Le directeur artistique du Théâtre de la Liberté de Jénine, Nabil Al-Raee, a été récemment libéré sous caution, d’une prison israélienne. Dans l’attente de la prochaine audience au tribunal à la fin juillet, Nabil fait part de son expérience de plus d’un mois de détention en Israël et d’interrogatoires intensifs.
Le 12 juillet, Nabil a été libéré sous caution, une date d’audience étant prévue pour la fin du mois. Il devra répondre d’accusation d’aide à un « homme recherché » – son voisin, Zakaria Zubeidi, qui a été amnistié par les autorités israéliennes en 2007. Ce sont les dernières accusations parmi toute une série d’accusations que la justice israélienne a mis en avant contre Nabil. Le fait de changer constamment d’accusations et de maintenir longtemps en détention sans accès aux avocats est la marque distinctive de l’occupation israélienne et c’est le sort de milliers de Palestiniens détenus et emprisonnés par Israël. C’est aussi une indication de jusqu’où le gouvernement israélien est prêt à aller pour réprimer la liberté d’expression non violente.
Nabil a pu témoigner du temps qu’il a passé en détention. Son rapport montre à l’évidence des abus aussi bien psychologiques que physiques.
Nabil a notamment été attaché à une chaise pendant deux jours après avoir réussi deux tests polygraphiques. Après le quatrième de ces tests, les personnes qui l’interrogeaient lui ont dit qu’il avait réussi et qu’ils le laisseraient sortir le lendemain. Nabil les a crus mais cela s’est avéré un mensonge.
Les interrogateurs ont eu recours à d’innombrables informations d’ordre personnel et ont proféré des menaces sur ce qui pourrait arriver à Mina, la fille de Nabil, si sa femme était également arrêtée.
A un moment, sept interrogateurs différents sont arrivés et ont posé en même temps sept questions différentes. Chacun était dans une attitude particulière vis-à-vis de Nabil : certains très aimables, d’autres en colère, certains menaçants, exigeants etc.
Ils ont admis qu’ils savaient que Nabil n’a rien à voir avec l’assassinat de Juliano Mer Khamis mais, dans la mesure où Nabil est un militant et un artiste dramatique qui, à ce titre, fait un travail de sape de l’occupation en particulier par le théâtre, ils avaient besoin d’un prétexte pour l’arrêter.
Le Théâtre de la Liberté est toujours très préoccupé par le harcèlement continu du théâtre. Plusieurs de ses membres et des étudiants craignent de faire eux-mêmes l’objet des prochaines arrestations. C’est notamment le cas de ceux qui ont été récemment convoqués pour des interrogatoires, étant donné que cela semble régulièrement précéder les arrestations.
Zakaria Zubeidi, cofondateur et soutien du Théâtre de la Liberté, est toujours détenu dans une prison palestinienne. De plus, son avocat, Farid Hawash a été récemment arrêté par la police palestinienne après une audience au tribunal, accusé d’avoir insulté l’Autorité Palestinienne.
Le 12 juillet, Farid Hawash a été arrêté en lien avec sa défense de Zakaria. Il a été libéré le 18 juillet. Il a, à plusieurs reprises, exprimé sa frustration sur la façon dont l’Autorité Palestinienne a traité le cas de son client, y compris en violant à plusieurs reprises la loi palestinienne.
Le Théâtre de la Liberté est très préoccupé quant au bien-être de Zakaria et incite ceux qui le soutiennent à continuer d’exercer une pression sur l’Autorité Palestinienne en lui demandant de respecter la loi palestinienne. Nous encourageons aussi ceux qui le peuvent à aller rendre visite à Zakaria dans la prison de Jéricho.
Numéros à appeler :
Le conseiller de Mahmoud Abbas : 972 599 00 00 11
Saïd Abualheja, le ministre de l’intérieur : 972 200 00 11