Le hasard objectif, cher à André Breton, dans Nadja, a fait des siennes dans le cahier régional des Dernières Nouvelles d’Alsace du 1er août.
On peut en effet y lire ce titre : “Mulhouse: Nuit de violence à Bourtzwiller“. alors qu’en page 17, juste en face, et dans la même pagination, s’étale “Sombre guerre des territoires“, surmonté de la localisation “Bussang Au théâtre du peuple“.
Une émeute provoquée par l’intervention policière…
“Quelle est l’étincelle qui a allumé la mèche, hier soir, et donné lieu à une nuit de tensions entre les forces de l’ordre et une cinquantaine de « voyous » – comme les a qualifiés le secrétaire général de la préfecture, Xavier Barrois – dans le quartier de Bourtzwiller à Mulhouse ? Pour les jeunes et quelques témoins, c’est un contrôle de police, vers 19 h, qui a dégénéré. « Les policiers ont tiré au flashball sans raison, explique-t-on d’un côté. Franchement, les jeunes ne faisaient rien. ». L’Alsace
A Bourtzwiller, donc, selon les DNA:
La nuit de lundi à mardi a été pour le moins agitée à Bourtzwiller après une intervention policière en début de soirée. Les dégâts matériels sont importants, les locaux d’accueil du collège ont été incendié et les CRS ont dû intervenir.
Une patrouille de la brigade anticriminalité (BAC) a voulu procéder lundi soir vers 19 h au contrôle de deux mineurs qui poussaient un scooter. Les deux jeunes ont refusé de s’y soumettre. Plusieurs témoins auraient qualifié l’interpellation qui a suivi de « musclée ».
La situation s’est rapidement envenimée, rue de Bordeaux. Un attroupement s’est formé et les agents de la BAC ont essuyé des jets de pierres. Pour se dégager, l’un d’eux aurait fait usage de son Flash-Ball et touché un jeune qui poussait le scooter et participait au caillassage de la patrouille.[……]
Des affrontements se sont alors produits entre jeunes du quartier et forces de police renforcées par une compagnie de CRS et un hélicoptère de la gendarmerie.
[………………]
Thomas Rahoual DNA
Cependant qu’à Bussang, sur le plateau du théâtre:
Toute ressemblance avec le réel n’est pas fortuite. Les faits de ce théâtre lui sont empruntés : à dessein, Laurent Gaudé, écrivain lauréat du Goncourt 2004, a donné à la pièce commandée par Vincent Goethals pour le Théâtre du Peuple le visage de la tragédie vraie, connue, du conflit israélo-palestinien. On reconnaît jusque dans son titre, Caillasses, la référence à la guerre des pierres en territoires occupés, le souvenir de la première Intifada menée dans les années 80.
[…………]
Des puissances obscures jouent les destins entre les mains d’un occupant que l’on ne voit jamais autrement que dans les signes extérieurs de son pouvoir et de son régime de terreur, le bruit des avions, les rafales sonores des armes, les feux braqués des chars sur la place où chacun des vaincus crie sa colère et sa rage, son aspiration à libérer la terre d’occupation et de malheur, de sang et de larmes, qui a séparé les enfants du pays et interdit le retour des exilés par-delà la frontière infranchissable. Une bande-son omniprésente vient rendre tangibles les assauts de cette puissance invisible, jouant dans ce vacarme exaspéré l’expression chaotique de sa sauvagerie et de sa folie meurtrière.
[…………..]
A 15 h, du 2 au 5 août, du 8 au 12, du 15 au 19, du 22 au 25. Durée : 2 h 45 avec entracte. ✆03 29 61 50 48.
Nathalie Chifflet DNA
Ce rapprochement fortuit, ainsi que l’usage, à Bourtzwiller, d’un hélicoptère de la gendarmerie (!), et l’occupation du terrain par une compagnie de CRS, rappelle fort à propos que toutes proportions gardées, bien entendu, la situation de certains territoires encerclant nos villes, n’est pas sans analogie, avec celle des territoires occupés par l’Etat d’Israël, qui y expérimente, suivi par ses alliés occidentaux, de nouvelles mesures de maintien de l’ordre (injuste).
Les pierres de Bourtzwiller renvoient aux pierres de l’Intifada, les jeunes des banlieues d’ici aux jeunes insurgés d’ailleurs, et c’est la gloire du théâtre de nous mettre ça sous les yeux.
Aucun commentaire jusqu'à présent.