Je l’avoue, et j’ai des témoins, longtemps, j’ai souhaité pouvoir voter oui le 7 avril, oui à la fusion du Conseil régional d’Alsace avec les Conseils généraux du Bas-Rhin et du Haut-Rhin.
Comme chacun peut le vérifier, j’ai signé, il y a près de trois ans, en dépit de désaccords exprimés sur le Concordat et la religion à l’école publique, ainsi que le parfum réformiste de son texte, la plate-forme de Initiative Citoyenne d’Alsace, lancée par Pierre Klein.
J’ai entendu plus récemment Jacques Fernique, conseiller régional écolo, faire l’éloge du futur Conseil Territorial d’Alsace. Plusieurs de ses raisons, principalement environnementales, me paraissent encore bonnes. Mais il ne s’agit pas de ça, le 7 avril.
Fernique: http://la-feuille-de-chou.fr/archives/43925
J’ai même écouté l’ex-ministre des Collectivités territoriales, actuel (et peut-être futur président) de la région, Philippe Richert, lors de sa venue au Centre Culturel Alsacien.
Richert
http://la-feuille-de-chou.fr/archives/44679
Les motifs de mes positions d’alors étaient liés d’abord au fait qu’il y a quarante ans, la Ligue communiste, ici en Alsace, défendait, en même temps qu’une opposition frontale au nucléaire, l’idée, venue de loin, puisqu’elle s’ancrait dans les premiers congrès de l’Internationale communiste, en 1920, (la Troisième Internationale de Lénine et Trotski), que l’Alsace était le lieu d’une question nationale irrésolue.
L’obstination avec laquelle le gouvernement Hollande-Ayrault, comme tous les précédents, de droite et de gauche, se refuse à adopter la Charte européenne des langues régionales ou minoritaires me poussait dans le même sens.
Le Parti communiste français avait défendu très tôt et longtemps, mais plus maintenant, le droit à l’autodétermination de l’Alsace-(Lorraine), comme on disait. De même, après le véritable linguicide subi par cette région tant après 1918 qu’après 1945, nous défendions, après mai 68, un régionalisme de gauche naissant, sur les décombres d’un autonomisme trop compromis avec des forces d’extrême-droite.
Et nous avions inscrit dans notre programme la revendication de l’élection d’une Assemblée unique d’Alsace à la proportionnelle intégrale.
Beaucoup d’eau a coulé dans le lit du Rhin et de l’Ill. 2013 n’est plus 1973 qui marquait la fin des Trente Glorieuses et le véritable commencement de ce qu’on nomme à tort “la crise” et qu’on faisait alors passer pour une conséquence du “choc pétrolier”…
De 1973 à nos jours, le monde, l’Europe en particulier, a basculé, du fait des politiques libérales et ultra-libérales, de “gauche” et de droite, dans ce que nous subissons toutes et tous, guerres, nationalismes, chômage, catastrophes écologiques, désespérances, etc.
Dans ce cadre, alors que partout dans la vieille Europe, la xénophobie, les nationalismes se présentent aux peuples comme des “solutions”, en désignant l’étranger, le Polonais, le Rom, etc, comme le responsable et le coupable, alors qu’en Belgique, en Italie, en Espagne,en Grèce, en Suède, dans les ex pays de l’Est, le museau fétide de la bête immonde perce une fois de plus, comme dans les années trente, la perspective d’une Collectivité Territoriale d’Alsace, soutenue par la droite, l’extrême-droite, les écologistes et une partie des socialistes, n’a plus aucun rapport avec l’Assemblée d’Alsace dont nous rêvions dans les années soixante-dix.
Il s’agit aujourd’hui seulement d’une solution politique capitaliste qui vise à créer, de gré ou de force, de grandes régions ou métropoles concurrentielles entre elles, un cadre adapté tant aux nouvelles formes de ce qu’ils appellent “gouvernance“, qui n’a rien à voir avec une souveraineté populaire, qu’aux exigences des grands groupes mondialisés de l’industrie, des banques et de la finance des paradis fiscaux.
Les simplifications, illusoires, les économies, rêvées, la pseudo “rationalité”, avancées par les uns et les autres, comme l’appel au sentiment que les Alsaciens sont méprisés, ce qui n’est pas faux, par Paris, ne sont que des rideaux de fumée qui masquent la volonté égoïste, et ridicule, quand on se mesure ne serait-ce qu’à notre voisin proche du Bade-Wurtenberg, d’être plus fort que les autres, à l’échelle européenne, un peu comme l’Université unique de Strasbourg, qui se hausse du col pour figurer dans le tableau d’honneur des plus “performantes” du monde.
Les droites, les extrêmes-droites, Europe-Écologie-les- Verts et une partie des socialistes appellent à voter oui.
De l’autre côté, le Front de Gauche, la gauche radicale, les syndicats lutte de classe appellent à voter non ou à s’abstenir.
La Feuille de chou a choisi son camp, celui des travailleurs-euses en lutte pour leurs salaires, contre les licenciements, le chômage, la précarité, aux côtés de ceux-celles qui produisent les richesses, quelle que soit leur nationalité, européenne ou extra-européenne, avec les pauvres, les sans-papiers, les Roms,etc.
Non, ne votez pas oui!
Archives: Débat au Club Jacques Peirotes
http://la-feuille-de-chou.fr/archives/43925
Aucun commentaire jusqu'à présent.