François Delapierre et Jean-Luc Mélenchon, en associant les mots “salopards“, “finance internationale“, “petit intelligent“, “pas français” au patronyme du ministre Moscovici, retrouvent spontanément le vocabulaire des antisémites de l’entre-deux guerres, qui, après avoir servi à salir Léon Blum, s’est porté sur Pierre Mendès-France.

Au moment où des conspis, des négationnistes, des rouges-bruns ne cessent de pointer une finance internationale qui serait l’instrument d’un prétendu pouvoir juif sur le monde, pour mieux épargner le capitalisme, ces deux hommes, par des déclarations irresponsables, font le jeu de l’extrême-droite de toujours et marquent contre le camp des travailleurs qu’ils prétendent représenter.

Comme avec les déclarations germanophobes, ou les positions anti -Islam, d’une laïcité confondue avec l’intolérance anti-religieuse, ils affaiblissent le combat contre le pouvoir social-libéral, en lui prêtant des armes inespérées et accroissent la confusion politique qui n’avait pas besoin de ça.

La version Politis
http://www.politis.fr/Ce-qu-a-VRAIMENT-dit-Melenchon,21436.html

Le Monde
‘Pour Jean-Luc Mélenchon, Pierre Moscovici “ne pense pas français“‘

“François Delapierre, secrétaire national, a dénoncé “les 17 salopards de l’Europe” faisant référence à l’attitude des 17 gouvernements de la zone euro à l’égard de Chypre. “Dans ces 17 salopards, il y a un Français, il a un nom, il a une adresse, il s’appelle Pierre Moscovici et il est membre du Parti socialiste“, a-t-il dit vivement applaudi par les 800 délégués.”

Une très belle expression“, dit en souriant aux journalistes Jean-Luc Mélenchon, en qualifiant le ministre de “petit intelligent qui a fait l’ENA” et qui “ne pense pas français, qui pense finance internationale“.

Poujade, Le Pen et Pierre Mendès-France
“Après la Seconde Guerre mondiale, ses origines juives, ses positions sur la décolonisation et sa politique de fiscalisation des bouilleurs de cru font de Pierre Mendès France l’une des cibles favorites de l’extrême droite et du mouvement poujadiste. Pierre Poujade lui lance ainsi, en 1955 : « Si vous aviez une goutte de sang gaulois dans les veines, vous n’auriez jamais osé, vous, représentant de notre France producteur mondial de vin et de champagne, vous faire servir un verre de lait dans une réception internationale ! C’est une gifle, monsieur Mendès, que tout Français a reçue ce jour-là, même s’il n’est pas un ivrogne77. » En effet, en 1954, Pierre Mendès France, alors Président du Conseil, organise la distribution de lait dans les écoles et casernes de France78.

Max Dormoy
“Or, depuis Drumont, l’antisémitisme repose sur une idée simple : le juif n’est pas français. La phrase de Dormoy revient donc, dans cette optique, à affirmer qu’un étranger vaut bien un Français. Dans le contexte de nationalisme exacerbé des années 30, cela suffit à l’Action française pour proclamer en haut de l’affiche que le Front populaire, par la voix d’un de ses principaux ministres, « insulte » les Français.”

Le 11 février 1958, il se fait violemment prendre à partie à l’Assemblée nationale par le jeune député d’extrême-droite Jean-Marie Le Pen : « vous savez bien, monsieur Mendès France, quel est votre réel pouvoir sur le pays. Vous n’ignorez pas que vous cristallisez sur votre personnage un certain nombre de répulsions patriotiques et presque physiques79 ».