Politis prend la défense de Mélenchon en reproduisant ses paroles exactes extraites de la la bande-son:

« Le fond de l’affaire est le suivant, qu’a fait le Français dans la réunion ? Il s’est pris pour un petit intelligent, économique, vachement responsable, qu’a fait des études à l’Ena, qui sait comment on doit organiser la rectification des comptes d’une nation, gna gna gnagna gna gna gna… Ben va dans une administration, tu représentes pas le peuple français quand tu fais ça ! Il faut dire : « Non, pas question. Je refuse. Je ne suis pas d’accord. » Pourquoi ? Pas en se disant « les Grecs, je sais pas quoi », mais en se disant « mais demain c’est moi ». Comment le même homme demain à la même table si on lui dit « mais M. Moscovici vous n’avez pas fait ci, vous n’avez pas fait ça, vous avez accepté telles dépenses sociales et tout… » Comment il va pouvoir dire « non » vu qu’il a déjà dit « oui » pour les chypriotes ? Donc il se met dans leurs mains. Donc c’est un comportement irresponsable. Ou plus exactement c’est un comportement de quelqu’un qui ne pense plus en français… qui pense dans la langue de la finance internationale. Voilà. »

Si on laisse de côté le niveau de langue, volontairement familier, pour ne pas dire plus, que Mélenchon se croit obligé d’adopter, pour faire, pense-t-il, plus peuple, l’examen attentif de ses exacts propos, ne plaide pas en sa faveur, contrairement à ce que le journaliste pense.

Pourquoi Mélenchon dit-il “qu’a fait le Français..” au lieu de dire, au choix, qu’a fait le ministre français, ou bien, qu’a fait M. Moscovici, ou bien, qu’a fait le socialiste français, ou bien qu’a fait le libéral Moscovici, etc.?

Ce qui ressort ici, c’est le national-républicanisme du leader du parti de gauche, exact pendant de celui de Dupond-Aignan, sur l’autre bord de l’échiquier, qui laisse entendre que la solution serait nationale, y compris en sortant de l’€ sinon de l’Europe. Certes, Mélenchon a dit qu’il veut un autre € mais l’ambiguïté demeure. Surtout quand, au lieu de s’en prendre au libéralisme, sans frontières, il cible Mme Merkel, ou l’Allemagne.

En disant “un petit intelligent économique..qu’a fait des études à l’ENA“, il fait rien moins que de l’anti-intellectualisme populacier. On entend aussi ces termes à l’extrême-droite. Et le reproche d’intelligence, si on peut dire, fait partie des stéréotypes antisémites traditionnels.

Pour la suite des déclarations à l’emporte-pièce, on ne peut qu’y souscrire. Oui, Moscovici aurait dû dire: « Non, pas question. Je refuse. Je ne suis pas d’accord. ».

Mais là où Mélenchon dérape grave, c’est quand il termine ainsi:
c’est un comportement de quelqu’un qui ne pense plus en français… qui pense dans la langue de la finance internationale.“.

On se demande d’ailleurs s’il faut lire “en français”, c’est à dire en langue française, ce que le reste de la phrase semble impliquer, dans l’opposition avec -“langue de la finance internationale“, ou bien, en Français, substantif, -la majuscule aurait été oubliée-.

Mais dans les deux cas, ce qui est suggéré, est que le ministre Moscovici, un patronyme qui pour beaucoup, – quoique pas pour Mélenchon, affirme-t-il…- “sonne” juif, et d’origine étrangère, en remontant les générations, ne pourrait être reconnu comme vraiment français.

C’est là, précisément, que se cache le démon antisémite…