Journal de marche, Charling Tao

Lundi 28 décembre 2009

7h RV au Ramsès Garage pour un “faux” départ de car.

La compagnie de cars nous a prévenus qu’elle n’avait pas le droit d’assurer notre transport à El-Arish et Rafah.

Mais l’appel à la présence est maintenu avec nos sacs à dos, car la presse est convoquée. Les journalistes sont dispersés par la police.

Les Français du groupe Europalestine ont monté un village de tentes sur le trottoir devant l’Ambassade de France, lieu de leur départ prévu la veille au soir, mais les bus n’ont pas eu l’autorisation de venir les chercher.

Ils sont entourés de barrières et de trois rangées de “CRS” égyptiens.

En insistant, on peut encore entrer et sortir, et leur apporter soutiens psychologiques et logistiques. Ils peuvent entrer et sortir pour aller aux toilettes de l’hôtel et du centre commercial voisin.

L’ambassadeur et le personnel de l’ambassade se sont bien impliqués pour

négocier, sans succès par rapport au voyage vers Rafah et au passage vers Gaza.

Les internationaux qui ont essayé de leur coté par petits groupes se sont faits arrêter par la police en chemin.

Ceux qui sont arrivés à El-Arish sont bloqués dans leur hôtel.

Certains sont détenus avec confiscation de passeport, dans l’ensemble, nous n’avons pas de nouvelle de maltraitance.

Nous n’avons pas de nouvelle non plus de présence d’internationaux à Rafah même.

Le sous-groupe Marseillais en désaccord avec un blocage de la circulation devant l’ambassade de France, est sorti du groupe Europalestine et est en ville. Je suis en contact par téléphone avec Myriam. Je n’arrive à joindre ni Olivia Zemor (téléphone soit occupé soit sonnant dans le vide) pour discuter de la situation, ni Jacqueline Lecorre, Femme en Noir de Caen qui est restée dans le camp français.

Monseigneur Gaillot est resté aussi. Mais je n’ai pas de nouvelles de Jean-Claude Lefort.

Nous cherchons des moyens pour aller vers Gaza.

Codepink avait un accord de passage vers Gaza àcondition de ne pas contacter les Egyptiens. Mais maintenant que le gouvernement égyptien ne respecte pas cet accord, nous faisons un appel à la population égyptienne pour nous aider à entrer dans Gaza.

Le président Moubarak n’a pas répondu à la lettre ouverte que nous lui avons portée au palais Présidentiel d’Abdeen hier, et qui était cependant très/trop soft.

8h30 Réunions dans 3 hôtels du centre ville tous les matins jusqu’au départ.

Nous allons à 12h devant le siège de l’ONU au World Trade Center pour demander de l’aide.

Nous dressons une tente devant : “Gazan Embassy” en réclamant des “visas to Gaza”.

Nous sommes petit à petit encerclés aussi par un cordon de police. Le village est très animé, chants, danses, réunions.

Les gardes du World Trade Center nous expriment leur sympathie, les policiers aussi quand nous discutons avec eux.

En général, ils croyaient tous que la frontière àRafah était ouverte pendant 3 jours.

A nos demandes d’aide, certains osent répondre que ce que nous faisons est vraiment très bien mais”Il n’y a qu’une seule personne qui puisse vous aider…”.

Nous entendrons cela à chaque fois que nous aurons à faire avec les Egyptiens.

Dans le camp devant l’ONU, des jeunes égyptiens arrivent et nous aident à organiser la logistique (repas et boissons). La police qui est d’une courtoisie extrême avec les internationaux est plus brutale avec les Egyptiens.

Une jeune femme voilée a reçu un coup de poing.

(*NB: je croyais que c’etait une egyptienne sur le moment, mais en fait,

c’est une jeune américaine de Berkeley née àJerusalem, que j’ai mieux connue sur le chemin de Gaza. Ses attitudes me paraissent très provocatrices et agressives, et sur les mêmes événements nous avons des

ressentis souvent très différents.)

Une délégation est reçue à l’ONU. Elle a demandé une intercession de l’ONU

auprès du gouvernement égyptien pour la marche et l’acheminement du matériel humanitaire vers Gaza.

Entretemps nous attendons dans le camp en discutant et réfléchissant aux manières de partir.

Le groupe Marseillais a rejoint dans sa majorité ce camp international, et participe

très activement à l’animation (C’est notre tente qui sert d’ambassade de Gaza

bien prise en photos).

C’est un vrai village international très animé et varié, avec 44 nationalités. Nous organisons des conférences de presse, avec de nombreux journalistes.

Nous décidons d’une grève de la faim avec une quinzaine de volontaires dont Hedy Epstein, ancienne déportée de 85 ans.

Une nouvelle délégation est appelée pour discuter avec le responsable de l’ONU et revient en nous proposant la dispersion pour pouvoir agir mieux à partir d’ailleurs.

Une partie des gens va se réunir encore pour préparer les journées suivantes, une autre va retrouver les campeurs de l’ambassade de France.

Le groupe marseillais va devant l’ambassade, je vais à la réunion et les rejoindrai plus tard.

Le programme du lendemain mardi 29 est chargé, et susceptible de changement.

Je vais à Giza devant l’ambassade avec des jeunes allemands.

Nous discutons avec la police sur place.

Je demande à parler au responsable, pour entrer dans le camp.

Pourquoi ne nous laissez-vous pas entrer à Gaza ? Nous sommes de tout coeur avec vous ?

Alors emmenez nous à Gaza avec vos camions militaires, il y a de la place ! Les policiers rient!

Ils me laissent entrer dans le camp pour discuter avec Olivia et Omar. Nadira devrait être au camp avec mon sac de couchage et mon matelas, je ne l’ai pas trouvée, il est tard.

Elle doit dormir. Je n’ai que ma tente, et n’ai rien pour dormir. Il vaut mieux que je sorte.

Je reprends un numéro de téléphone qui marche.

Olivia me demande d’organiser une présence internationale pour le lendemain à midi.

Je préviens les allemands, qui sont l à, les marseillais et les Suisses, ainsi que Codepink de cette demande.

Mardi 29 dec 2009

7h30: Myriam m’appelle. Jihad a trouvé un transport pour Rafah. Départ à17h à un endroit inconnu encore mais lointain. Est-ce que j’en suis?

J’hésite, comme il faudra partir vers 16h de l’hotel, je vais rater la manif contre Nétanyaou avec les étudiants égyptiens à18h, mais c’est une occasion unique à tenter.

Au moins on sera en face de Gaza ! Mais il faut garder cela secret, on sera déjà trop nombreux.

8h30 Réunion dans les hôtels. Je vais à celle du Lotus

Nous commençons à faire la une des journaux locaux et confirmons les actions de la journée.

Il y a encore des nouvelles et changements par rapport à hier soir.

Netanyaou et Moubarrak se rencontrent à midi dans le palais présidentiel de Héliopolis.

9h30 les différents sous-groupes vont vers leurs ambassades respectives pour

demander de l’aide et certains iront demander aux gouvernements sympathisants

(Venezuela, Turquie, Syrie, Philippines, pour qu’ils interviennent auprès du gouvernement égyptien).

Je décide d’accompagner les américains, c’est sur le chemin de l’ambassade de France, où nous avons une action à midi précises.

Nous avançons, une dizaine de femmes et un homme, John Surtyk, gréviste de la faim, militant syndicaliste de Chicago.

Nous demandons le chemin aux policiers qui nous l’indiquent gentiment, malgré nos T-shirts (codepink, marche pour Gaza, ou le mien I love Gaza).

Nous avons de nombreuses marques de sympathie sur le chemin avec le pouce levé!

Le plus dangereux décidément pour les internationaux au Caire, c’est la circulation (on risque à chaque instant de se faire écraser) et la pollution (j’ai le nez et les ongles noirs, malgré tous mes efforts de nettoyage)!

L’ambassade des Etats-Unis est sur la grande promenade sur le Nil, une voie de passage de voitures roulant à grande vitesse, quand ce n’est pas embouteillé.

Quand nous arrivons, les Américains ont le droit de rentrer dans la première cours (parking de l’ambassade).

Une mauricienne et moi devons rester àl’extérieur, une photographe et une activiste américaine restent à nos côtés devant l’ambassade.

Nous ouvrons une banderole: “Siege of Gaza: not in our name!”

Les gardes nous demandent de nous pousser, de ne pas photographier, de plier notre banderole.

Nous nous décalons mais gardons les appareils et la banderole devant la circulation.

Les gardes sont embêtés. Mais ils ne nous touchent pas. J’ai l’impression qu’il y a

une consigne d’éviter les interventions physiques envers les internationaux.

Des personnes arrivent au compte-goutte, vont s’installer de l’autre côté de la rue,

pour photographier et déployer une grande banderole, les gardes y vont, les ramènent de notre côté et les envoient à l’intérieur de l’espace ambassade.

Aux passants et aux gardes nous chantons: We want to go to gaza, help us go to Gaza!

Nombreux sont les témoignages de sympathie!

Certains sortent leurs portables pour nous photographier.

Les gardes bousculent les égyptiens et les font dégager très vite.

Etonnamment, une fois après avoir hurlé à une voiture égyptienne de dégager au plus tôt, un des gardes regarde autour de lui que ses collègues ne le voient pas,

et en passant devant nous, lève le pouce. L’américaine, crie I love you et il sourit.

A l’intérieur aussi, on entend Medea crier, tomber, rigoler, recommencer à crier.

Deux cars arrivent, et rentrent dans l’enceinte, des renforts de police.

Ils encerclent les marcheurs qui sont maintenant une quarantaine.

J’ai peur que si je reste je vais être enfermée et rater notre action devant

l’ambassade de France. Je les laisse, (leur “détention/action sur place” durera jusqu’à15h).

Nous avons consigne de ne rien faire seuls.

Je demande a une personne sur place si elle veut m’accompagner, elle hésite car

elle prévoyait d’aller devant l’ambassade d’Israël ou le palais présidentiel où aurait lieu la rencontre Netanyaou/Moubarrak à midi.

Je la convainc de m’accompagner et nous allons vers l’ambassade de France à Gizah en face du zoo, en taxi.

Les Francais d’Europalestine ont fait leurs paquets, plié les tentes et manifestent

vivement. Nous faisons le plus de bruit possible aussi. Ils nous invitent à rentrer avec eux dans le camp.

C’est assez illogique, les uns et les autres peuvent sortir individuellement ou à deux, pour aller aux toilettes par exemple, mais sans leurs bagages.

La veille au soir, je pouvais encore entrer et sortir avec ma tente…

Je rentre à l’intérieur, discute avec quelques personnes dont Jacqueline Lecorre qui va bien et me donne des consignes de prendre du sel et de boire de l’eau gazeuse pour ma grève de la faim, dont ils sont au courant dans le camp. J’essaie pour ma part de les convaincre de sortir pour faire nombre lors de nos manifs et de nous regrouper tous et de trouver des moyens pour aller a Rafah.

En même temps, il n’y a plus de chambre d’hôtels en centre ville, et finalement

même si l’ambassade de France est décentrée, et son trottoir bien inconfortable,

c’est une action permanente qui attire bien l’attention des medias!

J’ai l’impression cependant que l’objectif de rentrer à Gaza est abandonné.

Je le regrette personnellement. Mon but principal n’était pas d’attirer l’attention

sur la collaboration égyptienne avec les gouvernement israéliens et Américains contre les Gazaouis. Même si elle est plus que réelle, et empire.

Les Egyptiens sont en train de construire un mur de fer àRafah pour bloquer les tunnels!

Quand je sors, les gardes m’en empêchent. J’appelle un gradé plus loin, avec lequel j’avais beaucoup discuté la veille et avant de rentrer, quand il a essayé de m’empêcher de défiler sur la chaussée derrière les rangées de policiers, un de ceux qui disent “il n’y a qu’une personne qui peut decider”. Il s’approche et me fait sortir.

Amira Hassm la journaliste de Haaretz est là, nous discutons.

Cela me permet de me clarifier les idées.

Les slogans de l’intérieur du camp français sont “Venez, restez avec nous enfermés volontaires” et le notre “We want to go to Gaza, Help us go to Gaza”,

(quand même aussi repris par les campeurs) sont bien deux objectifs différents.

Je pars à pied, avec un collègue américain, vers le métro de l’Université du Caire en passant devant le zoo et le jardin botanique.

Il y a tellement de jeunes qui ne sont même pas au courant de la marche, mais nos Tshirts les intéressent. On devrait venir manifester ici… Nous n’arrivons pas au métro après avoir marché bien longtemps (L’entrée de la station indiquée sur le plan du routard n’est pas à la bonne place)

Du coup on reprend un taxi.

14h Réunion devant la maison des journalistes. Nous sommes en retard car le taxi n’a pas compris ma prononciation de Metro Nasser.

Les cordons de police sont déjà en place.

Nous sommes maintenant une quarantaine de grévistes de la faim, mais entourés de centaines de manifestants internationaux, la dominante ici est italienne aujourd’hui.

La maison n’accepte pas de nous laisser utiliser les toilettes et j’ai un besoin urgent.

Je sors de la manif. Je demande le “hammam” aux gardes d’un bâtiment au coin de la rue et doit mimer mon besoin pour qu’ils comprennent. Ils me renvoient d’abord plus loin, puis je les entends discuter et l’un deux me rappelle en courant

(j’ai toujours un T-shirt “I love Gaza” sur moi, et j’imagine leur solidarité,

malgré la police à deux pas.)

Il demande à tous les hommes dans les toilettes de leur bâtiment de sortir, et garde la porte et mes affaires en me montrant comment fermer le loquet!

C’est ce genre de gentillesse qui me touche vraiment au milieu de la folie de nos dirigeants.

Je retourne à la marche, les policiers me laissent réintégrer la manif.

On chante, on se fait photographier avec nos cartons “grévistes de la faim pour l’entrée à Gaza”.

15h45 Myriam m’appelle, il faut que nous partions pour rejoindre le départ secret. Je sors de la manif, aucun problème avec les policiers qui nous encerclent.

J’attends Myriam à la porte de mon hôtel, elle ne veut pas qu’on prenne un taxi de suite, nous marchons un peu et m’explique que depuis le matin, leur hôtel est investi par la police, que le groupe marseillais s’est fait bien contrôler, les autres partent en petits groupes et nous nous retrouverons plus loin au rendez-vous de

l’ autobus.

Nous y retrouvons Jihad et Mustapha que je n’avais pas vus au Caire jusque là.

Nous montons tout de suite dans un minibus touristique. Nous sommes plus nombreux que le nombre de sièges, les filles se serrent tant bien que mal, et nous partons finalement.

Nous payons le chauffeur, et sommes sensés(es) jouer les touristes qui vont aller faire des vacances a El-Arish station balnéaire connue, à 40 kms de Rafah.

Premier checkpoint, pas de problème.

A celui du Canal de Suez à Port Said, par contre, nous sommes arrêtés, la police prend nos passeports.

Et nous attendons 3 heures avec une interrogation: passerons-nous, passerons nous pas?

Ensuite, que se passe-t-il? Pourquoi c’est si long?…

Le chauffeur revient avec un policier et demi-tour vers Ismalya.

Ils nous expliqueront que la police était d’accord pour nous laisser passer mais qu’il y a eu des manifestations importantes àEl-Arish par des palestiniens contre le mur d’acier que construit l’Egypte contre les tunnels palestiniens.

Donc nous ne pouvons passer pour notre “sécurité”. A Ismalya, le policier nous quitte. J’ai froid, et nous rentrons au Caire, déçus.

Au retour, ce n’est pas de la déception, c’est de la consternation.

Je reçois un message envoyé plusieurs heures auparavant, Mme Boubarak est intervenue, et Une liste de 100 personnes doit être donnée en 2 heures pour remplir 2 bus qui auront l’autorisation d’aller jusqu’à Gaza.

J’ai été contactée pour voir si j’étais intéressée pour le groupe Marseillais et je n’ai pas répondu à temps.

J’en parle avec le groupe pour voir si quelqu’un veut ou doit y aller.

Nous ne discutons même pas dans ce groupe de Marseille s’il faut y aller,

tellement nous sommes convaincus que le but est de témoigner aux Gazaouis,

par notre présence d’internationaux sur place que le monde ne les oublie pas.

Mercredi 30 déc 2009

Malgré la fatigue, j’essaie d’argumenter par email pour une place pour le groupe de Marseille. La liste est faite, mais je me pointe a 6h30 du matin, à l’arrêt du bus avec mes affaires que je trie sur place pour séparer les cadeaux à apporter aux Gazaouis (pulls,médicaments, filtres àeau, cadeaux, …) et qu’on va essayer de confier à quelqu’un des 100 partants.

Les deux cars sont là, la police aussi et des manifestants arrivent petit à petit.

Surprise, il y a un énorme tension, mais ce n’est pas contre la police mais entre marcheurs!

Des slogans: all or none. Shame on you! (Tous ou personne! Honte à vous!)

hurlés sur ceux qui s’installent dans le car. Du terrorisme !

Cela déstabilise certains des 100 qui hésitent à monter.

Je ne comprends pas, et j’essaie de discuter avec ceux/celles qui hurlent.

Ils me répondent. C’est parce que tu es sur la liste que tu défends un départ.

Et pourtant non, je ne suis pas sur la liste, mais je suis pour que des personnes

viennent apporter un témoignage vivant de solidarité aux Gazaouis ! Cela ne nous empêche pas de continuer la pression pour que les 1300 autres puissent entrer!

Mon intervention en calme certains, mais pas les plus virulents.

Les bus se remplissent lentement, des personnes hésitent, on me prévient qu’il y a des désistements et que des places pourraient se libérer.

Je préviens Myriam pour qu’elle alerte le groupe.

Nous pensons à ce moment à une ou deux personnes, Amina ou Jihad qui n’ont pas vu leurs familles depuis tellement longtemps!

mais le départ étant toujours pour incessamment sous peu, la consigne est de rappliquer au plus vite, pour amener le matériel à amener et soutenir ceux qui partent.

Vers 10h (?) Haider Eid, le responsable à Gaza de la Marche sur Gaza appelle pour dire que les 100 personnes du bus ne sont pas les bienvenus dans ces conditions. Je n’étais pas dans les 2 bus, et j’hésite à croire cela.

J’appelle mes interlocuteurs palestiniens, Myriam aussi,ils n’en savent rien et se réjouissent que des gens viennent en tous cas !

Mais l’intervention supposée de Haider Eid a pour conséquence que les 2 cars

sont presque vides et une discussion violente avec insultes s’installe entre deux camps, sans que nous ayions vraiment de vraies informations pour ceux et celles qui sont dans la rue.

Nous sommes nombreux(ses) à pleurer cette situation de tension intolérable et

d’image de division du mouvement.

Une majorité, cependant arrive à se mettre en cercle et demander le calme sans

l’obtenir tout-à-fait.

Cela me permet quand même de me calmer et de prendre la décision que les 2 bus doivent partir, presque vides. Je pense à nos amis palestiniens d’origine

qui aimeraient tant voir leur famille, et qui ne le pourront pas si nous laissons passer cette occasion. Ils montent dans le bus. Myriam va avec eux, Mustafa aussi. Notre équipe de jeunes cinéastes de Made In Marseille aussi.

Je ne sais où doit être ma place. La tête dit au Caire pour aider à continuer à mobiliser, pour que tous les marcheurs puissent entrer à Gaza, mais le coeur dit qu’on ne peut pas laisser des bus vides pour Gaza !

Amira Hass s’installe comme journaliste, dans le bus. Elle me dit que Haider Eid ne représente pas les Palestiniens.

C’est un Universitaire, apprécié dans la communauté universitaire, il est bien

mais il ne peut pas parler au nom des Palestiniens.

J’appelle Luisa Morgantini pour avoir son avis.

Elle est furieuse, m’informe que la veille au soir Eid était content d’accueillir

les 100 marcheurs autorisés et ne comprend pas pourquoi il a changé d’avis ce matin.

Comme elle le connait, elle essaie de le joindre, sans succès.

Son conseil: Monte dans le bus et arrivez à Gaza le plus vite possible pour

participer à la marche.

Plus tard j’apprendrai que le “Steering Committee” de la Marche ne soutient plus

la Marche sur Gaza du 31 décembre. Par contre le groupe Codepink, bien que partagé sur la question du tout ou rien, décide de continuer à assurer la logistique. 3 membres actifs, Tighue Rea et Katie sont dans le bus, Medea et Ann restent pour la coordination au Caire des marcheurs qui restent mais nous encouragent à monter dans les autobus.

Après une longue hésitation, la fatigue me décide à m’embarquer.

Maya nous rejoint, Celine, Mathias, Tarek, Said, Carole, Edith viennent nous saluer.

Soraya monte dans le car, les cris la font hésiter, je lui explique la situation telle

que je la comprends avec le peu d’informations que j’ai, elle redescend.

Les 2 cars partent finalement vers 11h30, avec 65 marcheurs à bord.

Je suis épuisée, émotionnellement et physiquement mais bien entourée.

Nous arrivons vers El- Arish vers 17h.

Le passage de Gaza restera ouvert tard exceptionnellement pour nous attendre. Nous attendons à un check point des marcheurs qui sont arrivés par leurs propres moyens à El-Arish.

Là encore une heure d’attente, car le même scénario du départ se reproduit. Certains marcheurs sont dans le tout ou rien, et veulent empêcher les autres

de monter. Nous avons à la fin 20 personnes qui se décident et nous voyons monter dans le bus des rabbins antisionistes canadiens et américains, des turques, des suisses, …

Le passage de Rafah nous a attendu et est resté ouvert.

Malgré les efforts des fonctionnaires pour accélérer, il faudra attendre 22h40 avant que nous n’entrions dans Gaza (j’arrête mon jeûne que je brise symboliquement avec un biscuit à la figue de Farida, pour pouvoir être un peu utile dans Gaza, car je suis très faible).

Nous avons encore les formalités Gazaouies.

Nous sommes accueillis par le responsable des Relations Internationales du ministère de l’éducation.

Petit discours de bienvenue, et nous montons dans les bus Gazaouis,

où on nous redonne nos passeports. Pas très efficace. C’est long!

Ensuite en car nous allons vers Gaza (la ville) ou on nous emmène manger.

A ceux/celles d’entre nous qui voulons aller nous coucher, on nous répond,

que nous devrons alors rester dans les bus en attendant

que les autres aient fini de manger. Cela nous décide tous à descendre -).

Je fais mon premier repas, léger depuis 3 jours. C’est très bon.

Le restaurant (Marnor House?) a quelques chambres, et c’est très chic.

La bourgeoisie de Gaza sait bien vivre, et nos conditions d’accueil

sont luxueuses par rapport à celles des camps de réfugiés que nous aurons

l’occasion de visiter après!

Jeudi 31 decembre 2009

Il faut remonter dans les cars, pour aller au Commodore, un hôtel sur la plage où˘ nous sommes tous logés (c’est l’hotel du Hamas). Nous allons nous coucher, il est 2 h du matin et nous avons RV pour discuter a 8h, pendant le petit déjeuner car le Hamas vient nous chercher pour la Marche à 9h.

Je me lève à 7h pour aller acheter une carte de téléphone Jawall pour permettre

à mes interlocuteurs palestiniens de me contacter. Les gardes m’empêchent de sortir, j’essaie quand même mais je suis vite rattrapée.

Moi qui étais tellement motivée pour participer à la marche et arriver le 31 décembre et manifester avec les Gazaouis, je suis déçue.

La marche n’est plus organisée par la sociéte civile, mais par le Hamas. Quelle doit être notre position?

Je marcherai avec les Gazaouis, mais je ne veux pas être sous la banderole du Hamas.

On y va et on verra.

Je cherche désespérément une carte SIM gazaouie et une connexion internet.

Mais les organisateurs résolument refusent de s’arrêter en ville. Nous sommes en retard.

Sur place la déception est grande, peu de monde.

Moi qui rêvais d’un million de Gazaouis, derrière les internationaux, et marcher ainsi jusqu’à la frontière de Eretz et y faire la jonction avec les pacifistes israéliens (quelques milliers de l’autre côté de la frontière).

Combien y avait-il de Gazaouis? 500 à1000, et souvent les gardes du Hamas les éloignent quand ils essayent de discuter avec nous. Un petit groupe de femmes seulement.

La marche est terminée, on nous ramène àl’hôtel.

Après discussion et protestations fortes auprès des autorités du Hamas, nous obtenons quand même le droit d’avoir des activités libres.

J’aurais même la surprise de voir les gardes rassemblés dans un coin par un responsable recevoir des leçons de sourires, good morning, etc,… et nous ne serons plus physiquement malmenés durant les 2 autres jours de présence.

L’après-midi, je vais avec Mustapha El-Hawi dans son bureau, le Center for Building initiatives et je rencontre sa bande de jeunes. Ça va mieux.

Nisma insiste pour me donner son téléphone ! Mais après quelques appels, plus de batterie, et nous n’avons pas de chargeurs.

Le soir nous faisons une veillée en attendant un concert à la “Gallerie”.

Je rencontre plein de jeunes étudiants, suis frustrée de ne pas parler arabe.

C’est une population qui a envie de vivre! Ils attendent les filles francaises! (nos beurettes marseillaises qui sont allées visiter des familles de refugiés).

J’ai acheté des bougies que je distribue, en demandant a chacun(e) de

nous partager en quelque mots ce que signifie notre présence avec eux ce soir

(nous sommes le 31). C’est le mot “Amal” (espoir) qui émerge.

Un jeune homme me dit: Il y a un an, nous étions sous les bombardements. Aujourd’hui, nous arrivons à rire, écouter un concert.

Le lendemain un jeune vient me dire qu’il n’avait pas le coeur à faire la fête du 31,

après tous les morts de l’année dernière.

J’appelle la famille, Thomas, mes filles, mes parents, ma soeur et vais me coucher tôt, pleine d’émotions contradictoires.

Vendredi 1er janvier 2009

Je partage la chambre de Amira Hass, la journaliste que je respecte le plus au monde.

Nous échangeons beaucoup et j’apprends énormément sur Gaza, oùelle a vécu des années

et elle a de nombreux amis. Hamas refuse de nous laisser aller dormir chez l’habitant.

Aujourd’hui journée de tourisme politique: Une trentaine d’entre nous avons des

projets sur place àGaza et pensons avoir la possibilité de rester autant que nous voulons.

Je commence à prendre rendez-vous avec mes contacts pour les rencontrer après le départ des participants de la marche.

Nous allons au large de Gaza dans un bateau de pêcheurs. Ils ne sont pas autorisés àaller au-delà des 2 kms des côtes alors que les lois internationales stipulent 12 miles. Encore des décisions israéliennes arbitraires et hors-la-loi !

Il fait beau, et la “croisière” fait du bien.

Au retour les jeunes que j’ai fait venir: Yasir et Abed nous proposent de nous

emmener visiter les tunnels. Amir le jeune francophone rencontré hier soir est aussi présent. Mais nous n’avons pas l’autorisation de nos gardes à l’hôtel! C’est trop dangereux!

Par petits groupes, les filles trouveront cependant un moyen d’y aller.

Tighe de CodePink a organisé un match de foot, entre les marcheurs et le Hamas.

Il espère que les filles de Marseille joueront, et il attend de voir la réaction des joueurs Hamas. Il a négocié une avance pour les marcheurs de 2-0, donc si Hamas refuse de jouer il va menacer d’envoyer le score 2-0 au NYT.

On s’amuse comme on peut. Myriam sérieuse, fait le tour des assoc et familles pour avoir une meilleure idée des projets et décider à distribuer l’argent récolté à Marseille.

Mustapha va rencontrer Grandir à Gaza avant de repartir le lendemain.

Nous voyons le consul de France et le directeur du centre culturel francais àGaza

àl’hôtel franco palestinien Almeida, qui nous conseillent de quitter Gaza avec le groupe le lendemain. J’aimerais partir un peu plus tard, cependant, pour avoir le temps de rencontrer plus de gens et enquêter sur les projets et besoins de la population.

Personnellement, je pense que la qualité de l’eau est un des objectifs clés à traiter.

Je verrai Ziad Medoukh dimanche et j’appelle Jehad Ahmed auquel le consul de France a refusé un visa pour sa tournée sur la santé en France organisée par Jacqueline Lecorre des Femmes en Noir. J’intercède mais il semble que cela ne sera pas possible.

C’est seulement en lisant les mails de Haider Eid et de Barghouti ce soir (j’ai pris du temps pour aller sur internet), que les événements du départ deviennent plus clairs. Mais je ne comprends pas leur position. Comment croire que l’autorisation des 2 cars dont nous avons payé nous-mêmes (par Codepink) nos places, vont nous transformer en soutiens non critiques de l’Egypte alors que depuis des jours nous protestons pour avoir ces autorisations. Je ne regrette pas d’etre là, les Gazaouis dans la rue (je marche beaucoup), nous manifestent chaleureusement leur sympathie. Thank you for coming to Gaza! Je reçois plein de petits cadeaux, les gens ne veulent pas que je paie les petits achats que je fais dans la rue, mais j’insiste…

J’ai demandé à parler àHaider Eid, il ne répond pas à mes appels téléphoniques

et il n’a accepté de répondre à aucun appel de notre groupe.

Cela me rend triste, je n’oublie pas qu’il nous faut nous unir pour lutter contre tous ceux qui empêchent les Palestiniens de vivre dans la paix et la dignité.

Les gouvernements israéliens, européens et américains sont responsables de cette situation, mais les pays arabes et le gouvernement égyptien le sont aussi.

J’apprends vers 18h que notre extension de séjour n’est pas autorisée.

Je vais peut-être devoir partir demain sans avoir fait la moitié des missions que je m’étais fixées. Il faut encore se battre pour pouvoir rester !

On a beaucoup discuté. Mais la marche doit sortir.

Toutes les personnes qui sont rentrées doivent sortir.

Le Hamas dit que c’est une demande des Egyptiens.

Tighe ne le croit pas. Il suggère que les gens partent chacun de son côté.

Mustafa ElHawi discute pour moi avec les personnes du Hamas présentes à l’hôtel. Il faut sortir, mais si nous revenons nous serons les bienvenus a Gaza pour travailler. Je pourrai même la prochaine fois, aller vivre chez l’habitant.

Je contacte toutes les personnes pour lesquelles j’ai des affaires qui m’ont été confiées au départ du Caire. J’arrive à les voir avant 9h du matin le lendemain.

En partant avec leurs cartons et sacs, ils doivent présenter leur carte d’identité

et le contenu des “cadeaux” est vérifié.

Le Hamas contrôle la population et les contacts avec les étrangers. Nous sommes dans un pays en guerre.

Le 2 janvier 2009

A 11h nous partons, mais tout le monde n’est pas là.

Les rabbins ont la permission de n’arriver qu’après le coucher du soleil, il semble qu’un groupe de 8 qui doit encore distribuer des cadeaux ait été autorisé jusqu’à15h.

Le bus part, nous sommes à Rafah, les Palestiniens mettent une heure à « processer » nos passeports mais nous n’avons pas le droit de traverser la frontière, sans les autres, donc nous attendons!

Je ne sais si on apprend à être patient,…

Nous arrivons en Egypte et c’est le chaud et froid. A l’arrivée, le fonctionnaire nous dit pas de problème, revenez demain, la frontière sera ouverte et vous pourrez rentrer à Gaza.

Un quart d’heure plus tard, on nous reprend nos passeports. Le groupe doit rester ensemble pour partir, vous descendrez à El Arish.

Nous dépassons El-Arish, le car ne s’arrête pas! Maya qui devait travailler

ce matin avec son partenaire médical palestinien à Gaza, est toute bouleversée.

Elle veut descendre. Et elle fait une crise d’asthme!

Ce peut être dangereux, le policier égyptien avec nous, Gamal, (Jimmy il parle un peu anglais), appelle une ambulance en vitesse.

Maya veut que je reste avec elle. Le car repart et nous allons aux urgences

de l’hôpital public de El-Arish oùMaya est mise sous oxygène pendant une heure et on lui donne de la cortisone.

Un jeune médecin parle français, nous sommes bien accueillies et j’ai droit à des séances de photos avec des familles de El-Arish.

Mon Tshirt I love Gaza attire décidément la sympathie!

Le médecin nous organise une chambre àl’hôpital pour nous reposer une nuit !

Nous allons nous installer quand un coup de fil (d’un chef?) semble changer la situation.

Gamal et les médecins qui nous sont manifesté beaucoup de sympahie disparaissent. Nous sommes dans un coin avec des brancards.

On essaie de nous convaincre de repartir tout de suite pour le Caire.

Nous sommes fatiguées, Maya dit qu’elle ne pourra subir la pollution du Caire.

On nous parle de Sharm-El-Sheikh !

Au bout d’une heure, un responsable de la police locale parlant anglais, Youssef

arrive, et nous dit qu’il n’a pas le choix. Il nous est interdit de rester à El-Arish.

Les ordres sont formels, il doit nous protéger et nous renvoyer au Caire.

Nous ne bougeons pas. Ils vont chercher un masque qu’ils se mettent devant la bouche et le nez! Il y a deux cas de H1N1, nous risquons d’être contaminées si nous ne quittons pas l’hôpital !

Ils ne savent pas quoi faire de nous. Je n’arrive pas à dormir, et me fâche !

Comment pouvez-vous ne pas être solidaires de Gaza et des personnes solidaires.

Maya est faible, elle doit se reposer. Il dit que nous ne pouvons pas savoir ce qu’il pense. Il a des ordres. Nous sommes comme sa mère qui pleure pour les Gazaouis. Et les Gazaouis sont comme tes frères. Pourquoi ne les protège tu pas?

J’ai l’impression de le sentir en pleine schizophrénie.

A la fin, Maya et moi acceptons de quitter El-Arish, c’est dur de dormir dans ce couloir.

Nous négocions pour un arrêt à Ismalya. C’est d’accord (mais c’était un leurre).

Nous sommes escortées et mises dans un taxi ! Nous nous sentons bien importantes traitement de VIP, pour 2 personnes.

Quel danger représentons-nous donc? Deux vieilles dames accompagnées d’une escorte de 6 policiers armés !

Bon! nous arrivons à 4 heures du matin au Caire.

Les personnes qui nous ont “protégé” dans la voiture disparaissent.

Le taxi de la police nous dépose à une station de taxis et nous réclame de l’argent

pour notre transport. Pas question de payer notre déportation. Il refuse de nous laisser prendre nos bagages. Nous faisons un raffut, des passants et chauffeurs de taxi s’approchent ! C’est animé le Caire à 4h du matin !

Une personne parle un peu anglais, nous expliquons la situation.

Ils nous aident à sortir nos bagages, et nous installent dans un taxi pour le centre ville, il y a le chauffeur et un Palestinien blessé l’année dernière qui est soigné au Caire, qui nous servent de gardes du corps.

3 janvier 2010

Je retrouve les marseillaises dans leur hôtel Dahab, proche du mien.

C’est très routard et sympa, avec une superbe belle terrasse.

Je décide d’emménager avec elles, d’autant que Erin, ma roommate

au Tulip a trouvé pendant mon absence une autre personne pour partager notre chambre.

Nous faisons le point avec le groupe Marseillais.

Nous témoignons à11h au Lotus de notre voyage à Gaza. C’est assez émouvant.

Et nous allons essayer de repartir à Gaza.

Les italiens ont déposé une demande à leur ambassade.

Myriam essaye les agences de voyage pour passer en Cisjordanie.

Mais dès qu’ils voient le tampon Gaza, ils refusent de prendre la réservation.

Nous rencontrons Samir Abdallah, qui veut s’assurer que nous ne critiquerons

pas trop le Hamas. Nous allons à19h assister à la présentation de son documentaire mais la salle est surtout pleine d’internationaux et pas d’égyptiens.

Nous restons entre marseillais, à l’hôtel, car Amina est malade, avec de la fièvre

et le groupe repart le lendemain à l’aube. Zohra et Fanny viennent nous saluer.

Jihad et Mustafah viennent avec la belle-soeur de Jihad, Halla, gazaouie, qui

est sans papier au Caire. Jihad veut que le groupe lui ramène des paquets en France.

Halla s’étonne de la forte présence de femmes dans le groupe et dans la marche.

Nous en discutons. Cela reflète pour moi, le caractère de cette marche, où les organisateurs/organisatrices ne se présentent pas comme des chefs/leaders politiques (à part peut-être dans les groupes latins plus “organisés”) mais comme des facilitateurs/trices pour les initiatives des un(e)s et des autres. J’ai l’habitude de travailler ainsi avec les anglo-saxonnes depuis le movement END (contre les missiles) dans les années 80, et dans les forums mondiaux.

C’est ce que je ressens comme faire la “politique autrement”.

Se mettre au service des initiatives, faciliter la capacité de chacun à réfléchir et à décider, accepter que nous ne sommes et ne serons pas toujours d’accord, mais que nous travaillons dans un même but.

Il y a mille chemins vers Rome.

Des jeunes de Belgique, de Tours, de Suisse, de l’hôtel se joignent à nos discussions.

Nous échangeons beaucoup. Et cela aussi est positif, même si la marche en elle-même à Gaza a été décevante.

Autre point positif, les contacts avec les étudiants égyptiens.

Ils organisent une manifestation devant le palais de justice le lendemain à11h où nous nous rendons.

La marche sur Gaza semble avoir réveillé les égyptiens.

4 janvier 2010

Notre groupe part à 4h30 pour l’aéroport. Il ne reste plus que Maya, Myriam, Sonia et moi.

11h petite manifestation au metro Nasser. Beaucoup de média égyptiens, cependant.

Nous allons vers 14h Myriam, Sonia et moi déposer notre demande de rentrer à Gaza à l’ambassade.

Nous sommes reçues à la porte, et la promesse est faite que nous serons contactées dès qu’il y aura une réponse.

Le groupe italien ne s’attend pas à avoir de réponse positive avant 2 ou 3 semaines.

Que faire entretemps?

Nous décidons d’aller nous reposer au monastère Sainte Catherine. Et surtout, en passant par la côte après avoir joué aux touristes, peut-être pourrions nous rejoindre El-Arish et Rafah?

Nous rencontrons, lors de notre promenade au bord du Nil, 2 jeunes Egyptiens de 10 ans et 15 ans qui vivent dans la rue . Nous les emmenons avec nous nous promener et ensuite manger au Kentucky Fired Chicken.

Il faut voir Myriam avec les enfants pour comprendre combien cette femme me touche et voir tout son engagement.

Nous les raccompagnons dans leur quartier et décidons de les revoir avant notre départ pour la France, pour leur laisser nos sacs de couchage et autres objets dont ils ont aussi bien besoin.

Le mot de ce jeune égyptien rencontré il y a quelques mois lors de ma dernière tentative avortée pour entrer à Gaza, résonne toujours en moi :

Les Palestiniens, on les aide, mais nous qui sommes dans la misère en Egypte,

personne ne nous aide ;

Notre combat pour la Palestine est politique, et nous bénéficions d’une forte

sympathie de la population égyptienne. J’ai perdu mon porte monnaie dans la rue au Caire. Un jeune me court après pour me le rendre.

On m’apporte du thé gratuitement, on vient me baiser la main, en faisant signe avec le pouce levé, avec mon T-shirt pour Gaza!

J’ai l’impression que ce T-shirt m’ouvre les coeurs et les portes. Mais je suis frustrée de ne pas parler arabe, au delà des quelques mots de base.

Pour le travail pour la Palestine, il nous faut apprendre l’arabe!

La marche pour Gaza 2009, c’est fini. Mais nous reviendrons.

C’est une promesse aux Gazaouis.

Ils ont besoin de notre présence pour savoir concrètement qu’ils ne sont pas oubliés.

5 janvier 2010

10h30, nous sommes au Turgoman, la gare routière du Caire. Pas de petits marchands, nous ne pouvons qu’acheter au prix fort dans ce centre commercial hypermoderne l’eau et les chips pour notre voyage vers Ste Catherine. Nous craignons encore de ne pas pouvoir partir. Myriam se fait taquiner sur son accent algérien repéré par le policier dans la gare. Nous aurons la crainte à chaque check-point, mais vers le Sud Sinai, ce sont les égyptiens qui se font contrôler. Les touristes, ce n’est pas un problème.

Nous n’arriverons qu’à 20h à Ste Catherine. Le ciel est si beau !

Toutes ces étoiles ! Je ne sais si j’en ai vu de plus beau!

6 janvier 2010

Nous avons gelé dans la nuit. Myriam est malade, nous décidons de repartir vers la côte le soir mais de quand même visiter le monastère et de grimper le mont Moise. C’est fatigant, mais tellement beau!

Nous arrivons le soir à Dahab, station balnéaire pour touristes internationaux peux fortunés.

Nous sommes très tristes. Un mort et de nombreux blessés à Rafah! Nous ne pourrons sans doute plus aller à Gaza cette fois ci.

C’est terminé pour ce voyage. J’hésite entre rentrer directement en France ou aller voir Petra en Jordanie à quelques heures de Dahab de l’autre côte du Golfe d’Aqaba.

La lutte continuera en France où dès notre retour nous déposerons une demande

pour rentrer à Gaza auprès du MAE. (C’est la procédure officielle)

Par ailleurs, la GFM a déjà fait son bilan et lancé de nombreuses initiatives:

– un réseau international avec la déclaration du Caire

– en attirant l’attention sur le blocus de Gaza, nous avons aidé les Gazaouis isolés à se sentir soutenus.

– La marche a mis les projecteurs sur le rôle négatif joué par l’Egypte en maintenant le blocus et avec le nouveau mur. ” Votre présence en Egypte a été comme un tremblement de terre”

“Vous faites plus en protestant en Egypte que vous ne l’auriez fait à Gaza”, …

– la délégation entrée dans Gaza, a amené pour des dizaines de milliers d’Euros en aide humanitaire, elle a permis à des Gazaouis de revoir leur famille, elle a permis de consolider certains projets et d’en développer d’autres.

Deux jours c’est bien trop court, mais c’est infiniment mieux que 0.

– la marche a déposé une plainte contre le gouvernement égyptien pour la construction du mur de blocage des tunnels qui permettent aux Gazaouis de survivre.

– La marche a inspiré des actions de solidarité dans le monde entier.

La GFM appelle a continuer les actions dans le monde et une journée d’actions internationale de protestation contre le blocus est appelée pour les week-ends du 16-17 janvier, pour marquer la fin des 22 jours de l’opération Plomb durci de l’année dernière.

La grève de la faim tournante continue jusque-là!

http://salsa.democracyinaction.org/o/424/p/salsa/event/common/public/create.sjs?distributed_event_KEY=548

pour infos et renseigner de nos actions.