Vendredi 15 janvier

Carré2Bruit

18 à 19 h

place Kléber

Strasbourg

ou Carré de bruit silencieux…plus haut

frère Alain franciscain cercle de silence

frère Alain cercle de silence Ch.Bach dna

Frère Alain, franciscain, initiateur toulousain des Cercles de silence, à Strasbourg.

http://www.dailymotion.com/video/xbv01g_frere-alain-cercle-de-silence_news

Il présentait hier son livre, Une vie au service de la non-violence, répondant aux questions de Christian Bach, des Dernières nouvelles d’Alsace qui, pendant tout le temps de l’interview, n’a presque jamais quitté le regard émerveillé attendri qu’il gardait sur son interlocuteur.

Il faut dire que l’initiateur, comme il a tenu modestement à le préciser, et non le fondateur, selon la présentation de l’éditeur, des cercles de silence, franciscain de Toulouse, dont la vie voyageuse et les engagements aux côtés de ceux d’en bas, au Guatemala, comme aux États-Unis, n’a rien de celle d’un contemplatif cloitré, en imposait, par son louk, d’abord, émacié, barbu juste au menton, simple d’allure, faisant penser à tel membre de la communauté d’Emmaüs.

La salle, bien garnie, sans être tout à fait pleine, buvait ses paroles, en silence, ce silence dont il a vanté, avec raison, le caractère précieux, dans cette société où des ascenseurs à la rue, des magasins aux bruits urbains, on ne nous laisse guère de répit, tant elle agresse nos oreilles.

Même plus familier des cris et sons des manifestations politico-syndicales, on ne peut qu’approuver la force de ce rare silence. Ce silence qui, n’est pas seulement absence de bruit, mais condition d’un retour sur soi, en une intériorité, non close, mais ouverte aux rumeurs du monde, celui qui souffre surtout.

Parti de Toulouse d’un groupe de frères franciscains, le cercle de silence a peu à peu essaimé dans plus de cent villes de France. En Alsace, il existe aussi de Strasbourg à Colmar, de Haguenau à Saverne et dans plusieurs autres petites villes.

Il rassemble tous ceux, croyants ou incroyants, individus ou associatifs fort divers, tous ceux qui ne supportent pas le sort honteux fait à des hommes, des femmes, des enfants dits “étrangers”, venus chez nous pour des motifs économiques ou politiques et qui croyaient trouver dans l’ex-patrie des droits humains un autre sort que celui qui leur est trop souvent réservé.

Contrôles policiers, suspicion, descente de police à l’aube, arrestation même près de la Préfecture ou des locaux d’associations qui se dévouent dans l’aide afin qu’ils puissent obtenir le droit d’asile, ou plus simplement manger, dormir au chaud, se vêtir, se soigner.

Ils se heurtent, hélas, à la pire politique de xénophobie d’État depuis Daladier en 1938, qui pourchassait les républicains espagnols et les antinazis allemands, fuyant Franco et Hitler. La police française qui a de vieilles traditions en ce domaine, sans parler même de sa responsabilité dans la chasse aux juifs à partir du statut pétainiste d’octobre 1940 pour les juifs, les enfermait déjà dans des camps, ce qui les livra à l’occupant nazi dès la défaite.

Les camps aujourd’hui se nomment Centre de rétention administrative. le plus proche est celui de Geispolsheim, situé dans un petit bois dans une boucle autoroutière, près de la Vigie où des milliers de consommateurs se rendent sans savoir ce qui se passe à côté au nom du peuple français.

Certes, à Geispolsheim au moins, ils sont traités avec une certaine humanité, ce qui n’est pas le cas de tous les CRA. Malgré cela, comment justifier qu’on interne jusqu’à 32 jours, des gens, et même des enfants dans certains centres “réservés”, dont la situation de sans-papiers est artificiellement créée souvent par l’administration?

Qu’on se souvienne de ce turc expulsé il y a peu par le Préfet de la région Alsace, alors qu’il avait une femme française, un travail en CDI et que sa femme était enceinte d’un enfant de 5 mois qu’elle a perdu deux jours aprèqs l’incarcération de son mari…et ces familles Roms expulsées hier en Hongrie où des pogromes ont lieu, comme maintenat aussi en Italie.

Là, les paroles du frère Alain, sur la dignité violée des humains prenait tout leur poids. Il a donné quelques éclairages sur son chemin, au Guatemala et à Chicago où, pendant 6 ans, il a travaillé incognito, comme ouvrier tout en bas de l’échelle, avec les plus exploités.

Dans la salle blanche de la librairie Kléber, on reconnaissait assez peu de militants des organisations progressistes laïques. Il y avait beaucoup de chrétiens par contre. Les absents ont eu tort! Dans cette question du sort des étrangers en France, peu importe qu’on agisse au nom d’une foi religieuse ou d’une solidarité laïque.

En entendant le frère Alain, on percevait certes, l’arrière-fond chétien du message, mais celui-ci était rigoureusement le même que celui, simplement humaniste, sans Dieu. Et on n’avait à aucun moment l’impression que le frère (humain) prêchait pour une Eglise, en tout cas pas pour celle du Vatican.

On aavait eu l’occasion, la veille, de voir, sur les photos des marcheurs alsaciens de Gaza, la figure douce et souriante de Mgr Gaillot, évêque de Parténia, c’est à dire de nulle part, comme la Pologne du père Ubu; cette église là, qui était aussi, on l’a rappelé au frère Alain, celle de Camillo Torrès, curé rouge guérilléro colombien des années 70, (certes loin d’être un non-violent…) ou celle de la théologie de la libération en Amérique latine, est la nôtre…

Le frère Alain a aussi développé le message non-violent de Gandhi et de Lanza del Vasto dont il s’inspire bien sûr, ce qui a donné l’occasion de rappeler le sort que l’Etat d’Israël fait aux non-violents de Bil’in, arrêtant leur responsable.

Un peu avant son intervention,on avait informé le frère Alain de l’existence d’un Carré de Bruit qui se tient le 15 chaque mois, place Kléber comme le 30, le Cercle de silence.

Il a semblé intéressé et quelque peu amusé, une fois entendues les explications de ceux qui, sans vouloir concurrencer le silence, préfèrent le bruit et la musique, pour défendre la même cause simplement humaine, mais à aucun moment celui qui appelait chacun à avancer soit d’un millimètre soit de plusieurs et plus si cela correspond à sa volonté, il n’a contesté ce choix différent et complémentaire.

Cercles de Silence : nos sources

6 déc. 2008 Cercles de Silence : nos sources. Alain Richard description auteur. Janvier 2009

. En octobre 2007, notre communauté de frères franciscains à
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