Tribune libre

Bonnes feuilles à paraître dans Land und Sproch

Dans son petit livre indigent « A mots découverts » où le loup veut se faire passer pour un agneau -il ne dupera plus personne, surtout pas à Strasbourg-, Robert Grossmann ne peut s’empêcher de céder à ses tropismes, sur l’association « Culture et Bilinguisme-René Schickele-Gesellschaft », sur la place de l’allemand, sur nos voisins:
« Cet appel (en faveur de la signature par la France de la Charte européenne des langues régionales ou minoritaires, conduite par le regretté Adrien Finck, Tomi Ungerer et André Weckmann en mars 1999, a recueilli près de 1 000 signatures, ndlr) était conduit par le Schickele-Kreis, aujourd’hui pudiquement appelé Culture et Bilinguisme, et très proche de Roland Ries (….) (dont les) tendances ‘régionalistes’ proches des plus engagés en matière de repli identitaire, en Alsace, m’interpellent (…) Le Schickele-Kreis milite, à mon sens, de manière crispée et ‘engagée’, si vous voyez ce que je veux dire, en faveur de l’allemand et de la langue allemande en Alsace. Personnellement, je fais une grande différence entre ma langue et la langue du voisin. Pour moi, l’allemand, c’est la langue du voisin (…) Ma langue maternelle, c’est l’alsacien (…) Bien évidemment la langue dans laquelle j’écris, je lis, je discours, c’est bien le français. Je la défends ma langue, et je ne peux considérer que je puisse être linguistiquement annexé (…). L’alsacien, c’est pour moi une énorme nostalgie, sa disparition un petit drame personnel. C’est un patrimoine admirable qui est en train de se perdre. Ce n’est pas en donnant des cours d’allemand à l’école qu’on ressuscitera l’alsacien (…) qu’on ne me dise pas que c’est de cette manière qu’on va sauver l’alsacien. (…) (C’est) une langue de la famille (…) une langue maternelle. C’est difficile de l’apprendre à l’école (…) je ne vois malheureusement pas comment on peut sauver cette langue. »

Tout en soupçonnant des voisins de menées linguistiques impérialistes, il est « Strasbourgeois, Français, Européen (…) » mais pas Alsacien. Adversaire résolu du rapprochement franco-allemand, il ferraille avec Kehl, lors du projet du Jardin des deux Rives/Zwei Ufer Garten, avec Karlsruhe lors du dossier commun pour devenir ensemble des villes européennes de la Culture en 2013, lors de l’adoption de la ligne du tram vers Kehl. On en passe. Allemand, langue du voisin ? La majeure partie de notre littérature européenne serait alors étrangère. Ignorant les textes réglementaires de la République sur les langues de France, oublieux du Traité de l’Elysée signé par le Général de Gaulle et le chancelier Konrad Adenauer en 1963, que l’allemand appris en classe bilingue paritaire permet de passer à l’un de nos dialectes, transformant des citations, gaulliste capitulant facilement devant l’adversité, – des gibts doch net – celle touchant nos dialectes germaniques, face à son inaction à Strasbourg pour le dialecte, replié sur lui-même, il fait piètre figure.


Dans son ouvrage « Passion d’Alsace », préfacé par le président Nicolas Sarkozy – qui a dit à/et de Grossmann qu’il était « inexportable »-, Philippe Richert écrit « Grâce à l’action persévérante de quelques associations militantes du bilinguisme et à l’insistance du Conseil régional d’Alsace et des Conseils Généraux, l’apprentissage de l’allemand est maintenant généralisé en primaire et le bilinguisme à parité dès la maternelle est pratiqué couramment en Alsace. » A part l’aspect un peu optimiste du texte, le sénateur du Bas-Rhin a bien mis en évidence le rôle des associatifs. Comme le Robbes de la Robertsau avait voté jusqu’en 2004 tous les crédits accordés à l’enseignement bilingue paritaire et notamment les soutiens à ABCM-Zweisprachigkeit, qu’il avait signé toutes les motions du Conseil Régional en faveur de la signature de la Charte européenne des langues régionales, le Schickele Kreis (il n’aime pas vraiment un de nos grands auteurs, qu’il est certainement incapable de lire) et lui se retrouvaient du même côté de la barricade. Surtout que durant des années, il avait fait paraître dans la revue « Land un Sproch » des publicités pour son cabinet d’assurances acquis ensuite par Allianz. Alors pourquoi Robbes, nous refaire le coup de la « chochote » ? Hop, on va boire ensemble une bière au Laeuch ? En tout cas, une liste aux régionales, du NPA à l’UMP, si elle le plaçait en positon éligible, est sûre de perdre tout de suite quelques points.