une rose pour Ayiti

pour Daniel Bensaïd

Haïti, ou Ayiti, pour les révoltés de l’esclavagisme, est, chacun le sait, un des pays les plus pauvres de notre planète.

Quand un cataclysme, qualifié de “naturel” s’abat, on peut mesurer la catastrophe humaine qui s’en suit.

On n’écrira pas ici ce qu’on peut lire partout.

Ce qu’on entend et voit, les morts, les blessés, les réfugiés en leur propre pays, la douleur, le ballet habituel des sauveteurs, désintéressés ou pas, avec ou sans idées derrière la tête, notre impuissance à distance, les escrocs de la solidarité, tout cela, on le sait pour l’avoir constaté en d’autres occasiosn, tsunami, guerres, inondations.

Ce qui est neuf, c’est l’effondrement, avec le tremblement de terre, de toute structure étatique, et, en conséquence, la vision commune à toute l’humanité branchée, comme un certain jour de septembre, sur le flot d’images, de l’homme nu, rescapé, condamné à se débrouiller, seul, ou en petites hordes, en cette jungle nouvelle.

Dans ce cas c’est la nature, (secondée par l’incurie humaine des constructions non anti-sismiques), la cause. Ailleurs, comme à Gaza, ce sont des hommes qui font du mal à d’autres hommes.

Dans tous les cas, l’empathie nous saisit, en tant que simplement humains, et, peut-être pour la mauvaise raison que nous nous projetons en tant que cela pourrait aussi nous arriver.

Pour le moment, ici, nous avons la chance d’être comme ces hommes décrits par Lucrèce, dans le De natura rerum, qui assistent au sec, au naufrage au large de la côte.

Ayiti délivre bien malgré elle une leçon sur l’actualité du communisme.

Oh, on entend d’ici les cris d’orfraie.

Comment, le communisme?

C’est fini, depuis la chute d’un certain mur (un seul…). Les autres, ne compteraient-ils pas?

Pour que ce soit fini, encore faudrait-il que cela ait commencé!

Il n’y a pas eu, encore, de communisme, nulle part.

Mais la leçon de Ayiti, c’est cela, l’actualité du communisme, c’est à dire du commun, de la communion, de la mise en commun, en bas, avec les pauvres moyens du bord, par les rescapés, sans État, effondré, inutile, là-bas comme partout, des gestes de la survie.

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