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Musique Sacrées journées de Strasbourg
Concert interreligieux à la grande mosquée

Croyant ou non, il arrive à tout amateur de musique de fréquenter les édifices religieux. Le concert de samedi, organisé dans le cadre des Sacrées journées, a été l’occasion de découvrir l’ambiance singulière de la grande mosquée de Strasbourg.

Dans leur texte d’introduction, Jean-Louis Hoffet et Mohamed Latahy, responsables du festival, vont à l’essentiel en parlant de tolérance des différences culturelles ; on pose la question pertinente des applaudissements ; une atmosphère de curiosité et de respect s’installe pour accueillir une psalmodie coranique. Dès les premiers mots du lecteur, le silence et le recueillement s’imposent.

Des prouesses vocales intenses, tendues et lumineuses

Puis viennent les artistes du programme musical. Reprenant le ton des présentations liminaires, Isabelle Marx y ajoute une note d’humour, relatant sa perplexité quand on lui a proposé, elle, chanteuse judaïque, de chanter un jour de Sabbat, et qui plus est dans une mosquée ; une décontraction manifeste de son adhésion au projet. Elle interprète a cappella plusieurs prières en l’honneur des grandes fêtes de Yom Kippour et Roch Hachana. On est frappé par la similitude musicale avec la psalmodie coranique : un début méditatif, qui évolue au fur et à mesure de l’enrichissement des mélismes dans des volutes musicales toujours plus aiguës pour aboutir à une fervente extase. Pour terminer son récital, Isabelle Marx propose un chant de mariage judéo-espagnol rythmé et festif et un chant yiddish, invitant l’assemblée à entonner le refrain en chœur.

Tradition orale, tradition écrite

On retrouve dans la 3e partie, consacrée au chant soufi, la même progression extatique. Venant de Fez, Marouane Hajji chante avec l’ensemble Akhawane El Fane. Le chant soliste s’aventure dans des prouesses vocales intenses, tendues et lumineuses, d’autant plus impressionnantes qu’elles sont réalisées par des voix masculines. L’art des soufis se distingue des autres musiques de tradition orale du programme par ses développements en fascinants entrelacs polymélodiques.

Auparavant, la 2e partie aura rendu hommage à la liturgie chrétienne orthodoxe. Ici, le rapport à l’auditoire est moins direct : les chanteurs sont dirigés par un chef, la musique s’inscrit dans une tradition de la musique écrite et non plus orale.

Basile Iorgulescu dirige la chorale orthodoxe de la paroisse roumaine, composée d’étudiants, dans des chants liturgiques traditionnels harmonisés dans un style tonal. Prêtre de la communauté roumaine de Strasbourg, le chef resitue le contexte liturgique des chants. La musique repose sur d’harmonieux accords du chœur enveloppant l’auditoire dans une nappe sonore réconfortante. Ailleurs, d’amples cantilènes se déploient à l’unisson.

Au final, c’est le rapport entre la musique et le religieux qui est interrogé ; les discours de tolérance et d’ouverture des différents intervenants se rejoignant tous sur l’importance de la musique comme vecteur de la spiritualité.
par Gilles Toussaint, publiée le 27/05/2013 à 05:00