Tribune libre d’un membre de Resf 71
Clandestins ou demandeurs d’asile, messieurs les journalistes un peu de rigueur dans vos propos.
Je suis très étonné par l’imprécision des termes employés par des journalistes professionnels radio et TV chargés de notre information dans les dernières 48 h. Je souhaiterais que ces journalistes fassent un travail d’investigation qui ne se borne pas à reprendre les propos du préfet ou du ministre. Et plus encore je suis inquiet car derrière les termes pourraient se cacher des pratiques contraires à la Convention de Genève que la France a signée.
Faudrait quand même savoir… Les 124 personnes débarquées en Corse sont-elles des réfugiés ( boat people = réfugié qui utilise un bateau pour fuir le pays où il s’estime persécuté et chercher asile) ou des clandestins?
On n’est pas clandestin quand on campe à 124 sur une plage.
On n’est pas passager clandestin quand on monte à 124 dans un cargo après avoir acquitté un droit de passage aux affréteurs, fussent-ils mafieux.
Qui sont ces personnes? On nous parle de Kurdes de Syrie. S’agit-il de Kurdes Musulmans ou Yézides. Il serait extrêmement intéressant à cette occasion d’avoir un bilan précis du devenir des 910 réfugiés Yézides venus de Syrie et débarqués près de Saint Raphaël en février 2001. Combien ont déposé une demande d’asile en France ou en Europe (Allemagne) et combien l’ont obtenu? L’actualité n’a aucun sens, sinon de satisfaire une curiosité malsaine, si on ne lui donne aucune perspective, si le journaliste n’apporte aucun élément de compréhension de ce qui se passe ( rappel des principes et engagements nationaux et internationnaux, retour sur des expériences précédentes éclairantes).
La Corse est-elle un département métropolitain ou une entité d’outre-mer? Dans quel cadre la législation y est-elle appliquée? Si la Corse est dans l’Océan Indien, à proximité de Mayotte, je crois que j’ai pas bien compris mon instit du temps où j’allais à l’école. Pourquoi un demandeur d’asile débarqué d’un camion venu de Kiev à Chalon et qui se présente à la Croix Rouge , impasse des Tranchées, est-il dirigé sur un hébergement d’urgence en attendant un CADA ( Centre d’accueil de demandeur d’asile) ou un AUDA (Accueil d’urgence de demandeur d’asile) tandis qu’un demandeur d’asile débarqué près de Bonifacio, réconforté dans un premier temps par des équipiers de la même Croix Rouge, aboutit dans un CRA? Je sais bien que la Croix Rouge de Bonifacio n’est pas habilitée comme plate forme d’accueil, mais tout de même, elle ne peut pas fermer les yeux sur le traitement réservé à ces demandeurs d’asile. Les bénévoles, et même les salariés, sont des citoyens qui peuvent à ce titre demander des explications aux autorités à propos des prestations qu’ils apportent.
Si monsieur Besson à fait de tous nos CRA, en une nuit, des Centres Régionaux ou Républicains d’Accueil, faut nous le dire. Nous serons nombreux à nous en réjouir et à le féliciter, à commencer par tous les participants aux Cercles de Silence qui dénoncent la mal traitance des familles. Mais si le sigle garde le sens de Centre de Rétention Administrative, alors je ne vois pas comment on peut y conduitre des demandeurs d’asile avant même que l’OFPRA ait répondu à leur demande. Qui va pouvoir les aider à rédiger leur demande d’asile alors même que l’on vient de démanteler les Antennes CImade qui avaient une expertise reconnue?
Me voilà fort perplexe, éclairez-moi?
J B.
note de la feuille de chou:
dans les centres de rétention, il y a un membre d’une association habilitée à entendre les “retenus” et les aider à rédiger leur demande d’asile
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