lu dans le courrier des lecteurs des DNA
Des Arabes soignés à Jérusalem
M. Alfred Zimmer, Strasbourg
« L’article “Un coeur pour la paix – chirurgie de pointe pour bébés palestiniens” (DNA du 17 janvier) nous apprend qu’en 4 ans 231 enfants palestiniens ont été opérés dans le service de cardiologie du Pr Rein à Jérusalem. Cela mérite d’être relevé. Néanmoins, je rappelle le serment d’Hippocrate, réactualisé en 1996 par l’ordre des médecins, qui dit que le premier souci du médecin est la santé de toutes les personnes “sans aucune discrimination selon leur état ou leurs convictions”. Israël, puissance colonisatrice et occupante en Palestine, a des devoirs en matière de santé vis-à-vis des Palestiniens. Sur les cartes israéliennes toute la Palestine fait partie de son territoire. Mais les soins dispensés aux Palestiniens par ce professeur sont manifestement rares au lieu que ce soit la règle pour toutes les équipes médicales israéliennes ».
Édition du Dim 24 jan. 20
Une lettre anonyme
Le même article, Chirurgie de pointe pour bébés palestiniens, paru le 17 janvier 2010 dans les DNA, avait été envoyé, par un courageux anonyme, sous une enveloppe affranchie d’un beau timbre-merci- avec une petite carte portant ces mots:
“Voici le travail des méchants Israéliens; vos gentils amis les palestiniens que vous défendez en feraient-ils autant?”
On remarque tout de suite,beau lapsus, que seuls les Israéliens ont droit à la majuscule…
Cher (e) correspondant anonyme, merci pour cet envoi, mais vous auriez pu économiser le prix du timbre, de l’enveloppe, de la carte et du chemin à parcourir jusqu’à la boite aux lettres!
En tout cas, sachez, qui que vous soyez, que j’apprécie beaucoup que vous m’écriviez, ce qui est une façon d’entrer en dialogue.
Mais premièrement, je suis abonné au Journal et quelques autres, et j’avais évidemment vu et lu cet article, que vous m’avez soigneusement découpé et expédié.
J’ai même pensé, un peu comme M.Zimmer, que c’était formidable, mais normal.
Ceci dit, étant quelque peu frotté de philosophie, je me suis en même temps souvenu de ce bon vieux Emmanuel Kant dont le rigorisme moral allait jusqu’à dire qu’une action, en apparence morale, mais faite de manière non absolument désintéressée, avait le goût et la couleur de la morale, mais n’était qu’un misérable ersatz…
Donc, si l’action, a été accomplie dans le but de redorer, s’il se peut, le blason défraichi, de l’État d’Israël auprès des populations colonisées qu’il opprime, c’est raté: ce n’est aucunement une action morale…” 50 enfants opérés par an, ce sont 50 familles palestiniennes qui ont désormais une autre image d”Israël.“, dit la très peu kantienne Dr Muriel Haïm.
Sans compter qu’on n’a même pas besoin de se demander ce que pensent 300 familles gazaouies qui ont perdu, chacune, à moins qu’il y ait des frères et soeurs parmi les petites victimes,un enfant dans les bombardements l’an dernier…
Autant de futures lanceurs de qassams en moins, ou bien nouvelle méthode de contrôle israélien de la démographie palestinienne?
Je me suis souvenu qu’en novembre-décembre 2004, lors d’un voyage en Israël-Palestine, dans un groupe de European Jews for a Just Peace, j’avais accompagné un convoi de médecins et d’infirmiers-res juifs israéliens, au delà des checks-points que leur armée installe disgracieusement et illégalement autour de la Cisjordanie, qu’ils nomment Judée-Samarie, pour mieux l’annexer,afin de pourrir la vie des Palestiniens comme la Wehrmacht avait enfermé en un ghetto des centaines de milliers de juifs polonais -certes, ceux-là étaient promis à un sort plus tragique, pour le moment, du moins, que les Palestiniens -cependant le ministre Liebermann parle depuis longtemps de les “déporter” en Jordanie, pas à Auschwitz, évidemment, ce qui est moins pire, mais à Gaza, n’est-on pas en présence d’un ethnocide lent et différé? Il y a de méthodes plus “douces”, si on ose dire, pour supprimer un peuple en l’empêchant d’avoir un État, que les gaz d’échappement, les balles ou le Zyklon B.
C’est ainsi que j’ai pu admirer l’engagement hebdomadaire, (chaque shabbat…), dont le Journal ne parle jamais, de ces Israéliens qui sauvent ce qui reste de l’éthique juive depuis longtemps remisée au magasin des accessoires inutiles par les gouvernements successifs d’un État qui pourtant se dit “juif” ou “des juifs”et les chefs militaires,de “l’armée la plus morale du monde...”, tous coupables de crimes de guerre et même, selon le rapport Goldstone, de crime contre l’humanité.
Plus d’une centaine d’hommes, de femmes, d’enfants, dont des bébés, attendaient devant un petit immeuble du Croissant Rouge palestinien les soignants israéliens.
Ceux-ci installèrent aussitôt autant de cabinets médicaux qu”il y avait de spécialistes et de généralistes, plus les infirmières, et la pharmacie ambulante, et tout le monde d’attendre son tour de consultation, puis de délivrance, gratuite aussi des prescriptions . Et lorsque tout fut terminé, le maire, communiste, de la petite ville de Cisjordanie, invita tous les Israéliens, juifs,et les Internationaux,de même, avec eux, au déjeuner .Même pas besoin d’une association d’amitié israélo-palestinienne aux statuts déposés, elle existe de facto, comme on dit en hébreu, de fait depuis des années.
Voici quelques photographies qui pourront servir de preuve que quelques Israéliens, des résistants,des Justes, selon le vocabulaire en usage dans ces cas, à Yad Vashem, ont sauvé l’honneur, en restant seulement humains, contre le monstre froid étatique.
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