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N’oubliez pas la Cisjordanie, n’oubliez pas Jérusalem
Ziad Medoukh

publié le mercredi 27 janvier 2010

Le blocus de Gaza est terrible pour ses habitants, mais le vrai danger pour un futur Etat palestinien se situe en Cisjordanie et à Jérusalem, qui de destructions en destructions, d’expulsions en expulsions, de colonies en colonies, sont entrain de perdre le paysage de la Palestine arabe.

“Gaza, on n’oublie pas !”, ce cri repris par des milliers de voix partout dans le monde et par les marcheurs de la liberté au Caire, certes, nous touchent ! Mais, qu’il ne nous fasse pas oublier les autres territoires palestiniens et le sort de leurs habitants.Que ce soit à Gaza ou en Cisjordanie, la situation actuelle des Palestiniens est dramatique à tous les niveaux.

Israël poursuit ses plans de colonisation , ses mesures de coercition et ses attaques violentes contre la population. Israël refuse d’appliquer les accords de paix , continue de réduire les Territoires palestiniens et d’y enfermer de plus en plus leurs habitants.

Il s’agit d’une politique coloniale bien organisée qui occasionne beaucoup de souffrance pour les Palestiniens et leur interdit de vivre en paix et en liberté.

Pour moi, Palestinien de Gaza , malgré toutes les difficultés , notamment le blocus, la fermeture permanente des frontières, et les attaques israéliennes contre les habitants de la bande de Gaza, je pense que la situation est tout autant dramatique en Cisjordanie, et en particulier, à Jérusalem, avec les mesures israéliennes qui visent à expulser de plus en plus de Palestiniens de leurs habitations et de leur ville et rendent la création d’un état palestinien viable de plus en plus irréaliste.

Pour nous Palestiniens, nous ne devons pas tomber dans le piège israélien qui tend à focaliser l’attention sur la Bande de Gaza pour accélérer la colonisation de la Cisjordanie.

Depuis l’application du plan de retrait israélien unilatéral de Gaza en 2005 tous les yeux sont tournés vers la bande de Gaza à la suite des événements marquants qui s’y sont déroulés : les élections législatives, les affrontements et les division inter palestiniens, le blocus israélien et le boycott international et surtout la dernière agression massive d’Israël contre Gaza et sa population fin 2008.

Pendant que les yeux étaient tournés vers Gaza, les différents gouvernements israéliens ont pu plus librement poursuivre leurs mesures de spoliation des Palestiniens à Jérusalem et en Cisjordanie.

La Cisjordanie et Gaza forment une unité démographique et géographique unie que les Israéliens veulent séparer avec une stratégie, bien précise et étudiée de longue date, pour réaliser cet objectif. L’occupation implacable continue et s’étend . Israël méprise toutes les conventions , ignore les objurgations internationales qui lui demandent de geler la construction des colonies en Cisjordanie et de mettre fin aux expulsions des Palestiniens et à toutes les mesures oppressives, injustes et violente , exercées contre eux.

En Cisjordanie, les mesures israéliennes brutales contre les droits humains des Palestiniens et à l’encontre de toutes les conventions internationales, sont nombreuses et sont pratiquées par l’occupation pour rendre la vie quotidienne de plus en plus difficile à supporter.

Le plan d’épuration ethnique pour une colonisation accrue se poursuit. Il faut savoir que le ministère de l’Habitat israélien a préparé des plans de colonisation intensive visant à quasiment doubler le nombre de colons en Cisjordanie occupée.Ces plans prévoient la construction de 73.000 logements pour les colons juifs dans les prochaines années, dont 5.700 dans des quartiers de Jérusalem-est annexée. Au total, les constructions dans les implantations de la Cisjordanie occupée pourraient accueillir au moins 280.000 habitants.

Font partie de ce plan, surtout actuellement à Jérusalem, la destruction des demeures appartenant aux Palestiniens, sous prétexte d’absence de permis de construction dont la délivrance leur est systématiquement refusée, ou l’expulsion des familles de leurs maisons, qui sont immédiatement occupées par des colons. Le nombre des familles palestiniennes sans abri à Jérusalem augmente chaque jour.

Ailleurs, la destruction des maisons, activité banalisée de l’armée d’occupation, peut prendre la forme de “punitions collectives” dans la traque et la répression des activistes, “d’impératifs de sécurité”, notamment pour la construction du mur d’apartheid et d’annexion de plus de terre palestinienne etc. L’armée d’occupation n’a pas besoin de toujours s’embarrasser de justifications ou de prétextes, pour la destruction des biens et des ressources palestiniennes….

Le mur d’apartheid ! Une enquête menée par le Bureau Central des Statistiques palestinien a révélé que son impact démographique avait doublé au cours des trois dernières années : il a entraîné le déplacement de près de 3.880 familles palestiniennes composées d’environ 28.000 personnes, sans oublier la spoliation des terres agricoles, la destruction des puits et le déracinement des oliviers qui sont un symbole de paix partout dans le monde ; symbole en sens inverse, terrible, de l’occupant israélien qui arrache ces arbres de paix, en même temps que sa ressource première, de la terre palestinienne.

La “barrière de sécurité”, comme l’appelle l’occupant, n’empêche pas l’armée israélienne de quadriller l’espace clos, de plus en plus restreint, réservé aux Palestiniens en Cisjordanie par un infinité de check points destinés à empêcher leur libre circulation.

Il y a plus de 128 check points dans les différentes régions de la Cisjordanie encerclées par le Mur. Ces check points renforcent l’isolement des villes et des villages palestiniens. Les Palestiniens n’ont pas la liberté de se déplacer sur leur propre territoire ; ils font la queue des heures et des heures dans des conditions humiliantes et très pénibles pour pouvoir passer d’une ville à une autre, quand ils n’en sont pas empêchés ; les habitants des villages environnants, étudiants pour accéder aux écoles et aux universités, malades pour se faire soigner, travailleurs pour se rendre sur leurs lieux de travail, agriculteurs sur leurs terres, et… en revenir.

Les Palestiniens doivent toujours être en attente d’une permission des soldats israéliens pour pouvoir étudier, se soigner, aller travailler, cultiver leurs terres, même faire des courses, simplement… vivre au quotidien ! Traités comme des suspects, parce que Palestiniens, par l’armée étrangère qui occupe leur territoire, ils doivent en permanence présenter leurs papiers d’identité et des autorisations en règle. Tel est l’abus, le premier enfer quotidien inhumain de l’occupation. En bref, le Palestinien doit avoir une autorisation pour rentrer et sortir de sa propre ville, contrainte humiliante et négation flagrante d’une liberté élémentaire.

Il ne faut pas non plus oublier, que pour les croyants, musulmans ou chrétiens, ces check points rendent l’accès aux lieux saints très difficiles.

Jérusalem, la Ville Sainte des Palestiniens, musulmans ou chrétiens, leur est maintenant interdite d’accès s’ils n’en possèdent pas la carte de résident, dont la délivrance par Israël est de plus en plus restreinte.

Il y a,

- Les raids, “incursions”, contre les villes et camps de réfugiés sous autorité palestinienne avec leur lot d’arrestations, de blessés, de morts, de destructions et de vie sous terreur, surtout pour les familles des camps ;

- Les arrestations quotidiennes arbitraires des Palestiniens partout en Cisjordanie.

- Les assassinats des militants et des activistes

- La répression violente des manifestations populaires pacifiques contre le Mur, comme à Bilin, Nilin et Al-Massadah. Des blessés et des morts sont à déplorer. Les arrestations et emprisonnements des responsables et des villageois sont de plus en plus fréquents. Cette répression n’épargne pas les amis solidaires de l’international qui viennent soutenir les Palestiniens et que l’occupant veut décourager.

Toutes ces mesures font partie du projet israélien qui vise à rendre impossible la création d’un état palestinien libre et indépendant. L’occupation s’accroît et remet en cause l’idée même d’un processus de paix.

Nous devons tous être vigilants et attentifs à ce plan israélien,

- les Palestiniens d’abord qui sont tombés malheureusement dans le piège israélien de la division. Ils doivent surmonter leurs divisions et trouver une stratégie unie et efficace dans leur lutte et leur résistance contre l’occupation ;

- la communauté internationale ensuite, qui a la responsabilité de faire stopper toutes les mesures illégales de l’occupation israélienne afin d’ouvrir le chemin à un réel processus de paix.

Gaza ou Cisjordanie, nous affrontons tous la politique coloniale meurtrière d’Israël. Toutes les exactions israéliennes contre les populations civiles de la bande de Gaza et de la Cisjordanie doivent être dénoncées.

La souffrance et la résistance palestinienne à la spoliation et à l’occupation sont Une, quel que soit le territoire. En font également partie nos frères et soeurs exilés, réfugiés, partout dans le monde, qui, pas plus que les habitants de Gaza et de Cisjordanie, doivent être oubliés.