Tribune libre AFPS
Agir contre la répression de la résistance populaire en Cisjordanie
Une répression de plus en plus violente…
Dans la nuit du 27 au 28 janvier, Mohammed Khatib, un des coordinateurs des comités de résistance populaire en Cisjordanie a été arrêté à son domicile, investi et fouillé par l’armée israélienne. C’est la 35ème arrestation depuis un an d’un membre de la lutte non-violente à Bil’in contre le mur et les colonies. Abdallah Abu Rahma et Adeeb Abu Rahma, deux autres responsables du comité populaire de Bil’in sont sous les verrous.
La même nuit, l’armée a investi Ni’lin, forçant brutalement plusieurs maisons à la recherche de militants de la résistance non-violente et arrêté Hamza Al-Khawaja, un jeune homme du village. C’était le 16è raid nocturne subi par ce village depuis le 16 décembre (3 responsables du comité populaire local, Ibrahim Amirah, Hassan Mousa and Zaydoun Srour ayant été arrêtés lors du 14è raid). La répression est particulièrement brutale à Ni’lin avec plusieurs morts, de nombreux blessés et 110 arrestations depuis Mai 2008, date à laquelle ce village s’est lancé dans la résistance non-violente.
Fin décembre un officier israélien a prévenu Mahmoud Zwareh, maire et responsable du comité de Al Ma’sara, que si les manifestations ne cessaient pas, lui et les autres responsables seraient arrêtés pour longtemps. Lors d’un raid nocturne le 15 janvier, l’armée l’a prévenu que bientôt il y aurait mort d’homme ou d’adolescent ce dont le comité serait responsable. Lors de la manifestation hebdomadaire précédente ils ont eu à faire face à une provocation violente israélienne. En mai dernier des cautions exorbitantes ont été exigées pour la remise en liberté de responsables du comité, innocentés depuis par le tribunal militaire.
Depuis 2009, la répression par l’armée israélienne contre la résistance non-violente en Palestine est de plus en plus violente, avec tirs non seulement de grenades lacrymogènes et assourdissantes mais aussi de balles en caoutchouc ou réelles, menaces, destruction et saisie de biens personnels, humiliations, recours aux arrestations arbitraires toujours plus nombreuses, dirigées particulièrement contre les leaders du mouvement.
…contre une résistance populaire qui monte en puissance
C’est que la résistance populaire se développe en Palestine. En 2008, Al Ma’sara et Ni’lin ont rejoint Bil’in qui a lancé la résistance non-violente en 2005 avec l’imagination et la réussite que l’on sait. Un comité de coordination réunissant 11 pôles de résistance non-violente a été constitué en avril 2009. Aujourd’hui, à Sheikh Jarrah (Jérusalem Est), c’est de cette façon que Palestiniens, Israéliens et internationaux luttent contre les expropriations de familles palestiniennes. A Nabi Saleh (au nord de Ramallah), le village s’est lancé depuis quelques semaines contre l’occupation et la colonisation en renouant avec les modes d’action de la première intifada.
Dans un article publié dans Haaretz fin décembre intitulé “Danger : résistance populaire”, la journaliste Amira Hass expliquait pourquoi ce qu’Israël craint le plus, c’est le développement des luttes populaires : « Ce qui est dangereux dans la lutte populaire, c’est qu’il n’est pas possible de la qualifier de terroriste. »
Grâce au recours à la saisie d’images diffusées sur internet, les Palestiniens permettent à tous ceux qui sont alertés de voir de quel côté est la violence. Impossible d’oublier ces images montrant un tir à bout portant commandé par un officier contre un manifestant de Bil’in maintenu à terre en 2009, pas plus que les arrestations brutales en ce début 2010 de femmes à Nabi Saleh ou d’israéliens anti-colonialistes à Sheikh Jarrah…
Mohammed Khatib, à la veille d’être arrêté, constatant l’extension du mouvement et l’accroissement de la participation de Palestiniens aux manifestations déclarait dans une interview : “Nous sommes optimistes; la résistance va se propager comme cela s’est produit pour l’intifada (en 1987), partiellement à cause de l’impasse politique, et surtout à cause des exactions commises par les colons que les forces armées israéliennes laissent faire; 2010 nous verra vaincre l’occupation”.
Ceci explique la volonté d’Israël d’anéantir la résistance populaire palestinienne.
Faire cesser le silence et l’absence de pressions
Or que constatons nous ?
Certains media ignorent ce mouvement et la répression dont il fait l’objet ou ne font pas l’effort pour s‘informer et informer. Les responsables politiques occidentaux sont régulièrement informés de la situation, par nous ONG, et par leurs chancelleries respectives. Mais ils restent silencieux. Le silence laisse libre Israël de continuer à s’efforcer d’écraser silencieusement un combat juste.
Qu’ont-ils fait d’illégal, ces combattants de la paix et de la liberté ?
Refuser la politique israélienne du fait accompli serait-il devenu un crime ?
Le fait de protester contre un mur déclaré illégal par la cour internationale de justice de La Haye constituerait-il un délit à punir ?
Ne pas accepter l’expropriation illégale des terres palestiniennes, reconnues comme telles par le droit international, devrait-il être considéré comme acte subversif ?
A l’initiative de l’AFPS, (cocorico?) le mouvement de solidarité internationale doit, sans relâche, s’adresser aux media pour que les opinions publiques soient informées sur ce qui se passe en Cisjordanie en termes de résistance non violente. Il doit interpeller les responsables politiques, Ministres, députés… en leur demandant de faire pression sur Israël contre cette répression et les violations des droits de l’homme qu’elle signifie.
Il est à rappeler que le Comité Populaire de Bil’In et les anarchistes contre le mur (organisation pacifique israélienne) ont reçu, en Décembre 2008 à Berlin, la « médaille Carl von Ossietzky ». Médaille décernée par la Ligue Internationale des Droits de l’Homme à ceux qui donnent l’exemple de la résistance non-violente. Ce sont Mohammed Khatib et Abdallah Abu Rahma qui ont fait le déplacement à Berlin pour recevoir la médaille.
Nous appelons les groupes locaux à protester par courriel auprèsdu Ministère des Affaires étrangères ainsi que de l’Ambassade d’Israël en France et à interpeler leurs parlementaires dans le même esprit. Nous sommes résolument avec nos amis de Bil’in et des autres villages luttant courageusement contre l’occupation et la colonisation illégale !
Adresse du chef de cabinet de Bernard Kouchner :
philippe.errera@diplomatie.gouv.fr
Adresse pour l’ambassade d’Israël en France :
information@paris.mfa.gov.il
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