Ces dernières années, Israël a connu une vague montante de tendances doctrinaires acceptées par la société, s’en prenant particulièrement aux demandeurs d’asile africains et aux Palestiniens, attisées par des personnalités religieuses et politiques marquantes.

Nous, soussignés, condamnons avec la plus grande fermeté les récents propos racistes tenus par le nouveau grand rabbin ashkénaze nouvellement élu, David Lau, propos qui se réfèrent aux joueurs afro-américains de basket jouant en Israël comme à des « kushim », terme péjoratif équivalent à « nigger » (nègres, négresses). Rabbi Lau, représentant du gouvernement, payé par l’État, et qui a un mandat prévu de dix ans comme l’un des deux grands rabbins officiels israéliens, a fait ces remarques offensantes à de jeunes étudiants religieux juifs alors qu’il les mettait en garde de ne pas regarder les sports télévisés comme le basket. Après qu’il ait été critiqué par des militants antiracistes, le rabbin Lau a été défendu par Natfali Bennet, ministre des Services religieux d’Israël et leader du parti Foyer juif.

Malheureusement, les sentiments exprimés par le rabbin Lau reflètent un problème plus large de racisme au sein de la société israélienne. Ces dernières années, Israël a connu une vague montante de tendances doctrinaires acceptées par la société, s’en prenant particulièrement aux demandeurs d’asile africains et aux Palestiniens, attisées par des personnalités religieuses et politiques marquantes. En juin 2012, le ministre de l’Intérieur israélien d’alors, Eli Yishai, a déclaré qu’Israël « appartient à nous, à l’homme blanc », réagissant à une question sur les demandeurs d’asile musulmans. Le mois précédent, des politiciens israéliens, et parmi eux le Premier ministre Benjamin Netanyahu et des membres de son parti le Likoud, ont contribué à lancer une vague de violences contre les Africains avec des propos insufflant la peur et l’excitation contre les demandeurs d’asile. Dans un cas, le parlementaire du Likoud, Miri Regev, a décrit les réfugiés africains comme « un cancer dans notre corps » lors d’un rassemblement à Tel Aviv qui a dégénéré en ce que la presse locale a qualifié d’ « émeute raciale », dans laquelle des personnes d’origine africaine, prises au hasard, ont été agressées dans la rue. Dans les mêmes moments, une série d’incendies et d’attaques violentes a été déclenchée contre les Africains en Israël. La situation était si mauvaise qu’un groupe d’ambassadeurs de pays africains s’est plaint au ministère des Affaires étrangères d’Israël que les diplomates africains avaient peur de marcher dans la rue.

La situation des Palestiniens vivant en Israël et dans les territoires occupés n’est pas meilleure. Ceux qui sont citoyens d’Israël souffrent d’une discrimination méthodique en tant que non juifs vivant dans un État autoproclamé « État juif », pendant que ceux qui vivent sous le joug militaire israélien se voient refuser les droits politiques et civils les plus élémentaires, lesquels sont accordés aux colons juifs qui vivent dans les colonies illégales à côté d’eux, simplement parce qu’ils ne sont pas juifs. De plus en plus, le monde reconnaît le régime qu’Israël a institué dans les territoires qu’il contrôle entre le Jourdain et la Méditerranée comme une forme d’apartheid.

En tant qu’Afro-Américains, et en tant que citoyens des États-Unis, État qui fournit un énorme soutien économique, militaire et diplomatique à l’État d’Israël, nous sommes scandalisés par la déclaration raciste du rabbin Lau, par l’absence de la condamnation de la part des dirigeants israéliens et américains qu’elle aurait dû engendrer, et par le développement préoccupant d’attitudes ouvertement racistes manifestées en Israël contre les Africains, les Palestiniens, et d’autres. Nous demandons au Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, et au Président Barack Obama, et à toutes les personnes de conscience, de condamner les propos du rabbin Lau et la culture grandissante de l’intolérance et d’un racisme sans retenue dans la société israélienne qu’ils représentent, et nous demandons son retrait immédiat de sa fonction de grand rabbin ashkénaze.

Alors que les négociations entre Israéliens et Palestiniennes reprennent sous le vocable de processus de paix sous l’égide des États-Unis, qui devrait inclure une exigence soutenue par l’administration Obama que les Palestiniens reconnaissent officiellement Israël en tant qu’ « État juif », nous exhortons aussi les politiciens et toutes celles et ceux qui sont concernés à reconnaître et aborder l’aggravation du racisme et des discriminations dont souffrent les Palestiniens et les autres citoyens non juifs d’Israël. Ne pas le faire se traduirait par une perpétration des injustices faites au peuple palestinien, et du conflit entre Israéliens et Palestiniens, quels que soient les résultats de toutes négociations.

Signataires :

Kali Akuno
Dr. Adisa A. Alkebulan
Carl Bloice
Dr. Eduardo Bonilla-Silva
Rev. Dr. Carolyn Boyd
Dr. Gloria Brown
Christopher Cathcart
Felicia Eaves
Bill Fletcher, Jr.
Patricia Ford
Dr. Rhone Fraser
Dr. Angela Gilliam
Rev. Graylan Scott Hagler
Dr. Jennifer F. Hamer
Mark Harrison
Dr. James Jennings
Dr. Robin Kelley
Mel King
Rev. Dr. Phil Lawson
Gerald Lenoir
Dr. Charles Pinderhughes
Dr. Russell Rickford
Dr. Lynn Roberts
Jamala Rogers
Roger Toussaint
Dr. Elijah Ward

2 août 2013 – Mondoweiss – traduction : Info-Palestine/JPP

http://www.ujfp.org/spip.php?article2842