Sondeurs, sondés, expulseurs et expulsés

par Pierre Tevanian
22 octobre 2013

On ne s’apesantira pas ici sur l’abjecte décision de François Hollande, ni sur la pathétique allocution télévisée dans laquelle, très péniblement, il récite les habituels mots-valises que sont émotion, humanité, vivre-ensemble, loi, république, loi républicaine, fermeté, générosité… On n’expliquera pas ce qui n’a pas à l’être : l’ignominie d’un “choix” qu’on impose à une enfant de quinze ans – Léonarda, toujours expulsée au Kosovo à ce jour – entre le droit inaliénable à l’éducation (et plus précisément à la poursuite de sa scolarité, dans le pays qu’elle connaît et dont elle connaît la langue) et un autre droit inaliénable, inscrit dans la Convention européenne des droits humains : le droit de vivre en famille, c’est-à-dire auprès de ses parents, de ses frères et de ses soeurs. On ne s’attardera pas non plus sur les digressions malsaines des grands médias autour de la la figure, vite diabolisée, du “père menteur” de l’élève. On ne s’attardera pas davantage sur l’ahurissant retournement opéré par certains de ces médias, comme BFM titrant sur le “rejet” (par l’élève raflée et expulsée !) de la “main tendue” (par l’expulseur ! [1]. On s’attardera plutôt sur la manière dont, une fois de plus, alors qu’un mouvement de protestation vient à peine d’ouvrir un débat salutaire, un sondage vient le clore en nous expliquant que le dieu Opinion a déjà tranché : “Les deux tiers des Français opposés au retour de Léonarda”.

Il y aurait tant de choses a dire sur (ou plutôt contre) ce dégoûtant sondage commandé par Le Parisien, et fait pour justifier (puisque deux Français sur trois le veulent) l’injustifiable (la rafle, la déscolarisation, l’expulsion d’une enfant de quinze ans vers un pays dont elle ne parle pas la langue).

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