Dans une chronique [*] récente confiée au journal le Monde du 30 octobre, Mr Cukierman (président du CRIF) nous livre ses angoisses à l’idée qu’aux futures élections présidentielles de 2017, le FN pourrait l’emporter, que Mme Le Pen devienne présidente de la République. Cauchemars que nous sommes très nombreux à partager bien avant les nuits d’insomnie de ce Monsieur.
A lire de près le texte de Mr Cukierman nous comprenons que ses principales angoisses sont de l’ordre de la gestion de l’économie libérale, relèvent des différentes conceptions politiques qui opposent une partie de la bourgeoisie française à celle, proche ou alliée du FN. Ce que Mr Roger Cukierman omet de rappeler, c’est qu’il est avant tout un homme de la haute finance, lié au groupe Edmond de Rothschild en France, qu’il est lié à plusieurs groupes bancaires israéliens, au fond d’investissement Cukierman et Co Investissement House LTD basé en Israël, etc.
Nébuleuses financières que les politiques et les médias nomment pudiquement « les marchés ».
Sans parler de ses liens politiques étroits avec la droite et l’extrême droite au pouvoir en Israël, son soutien total à la politique d’apartheid et la politique coloniale menées par le gouvernement israélien en place à l’encontre de l’ensemble du peuple palestinien.
Nous avons en mémoire la déclaration tonitruante qu’il avait faite au journal progressiste israélien Haaretz au lendemain du premier tour des élections présidentielles françaises d’avril 2002 où restaient en compétition au second tour le FN et le président sortant Jacques Chirac, déclaration au cours de laquelle, il avait expliqué :
« qu’il espérait que la victoire du FN au premier tour servirait à réduire l’antisémitisme des musulmans et leur comportement anti- israélien, parce que le score du FN est un avertissement aux musulmans leur indiquant de se tenir tranquille ».
Pas de critique de sa part dans ce texte sur le discours raciste et xénophobe de ce parti, pas de critique non plus sur le même discours ambiant du Parti socialiste au pouvoir, qui minent – l’un et l’autre – la démocratie française.
Rien sur les déclarations et la politique infâmes dont sont victimes les Roms, rien sur l’islamophobie galopante, rien sur les attaques perpétrées contres des mosquées partout en France, rien par exemple sur les récents propos des gens d’extrême droite visant Madame Taubira, Garde des sceaux.
Non, tous ces signes inquiétants d’un inexorable déplacement à droite de l’ensemble de la classe politique française et de ses conséquences n’effraient outre mesure notre homme…
Son inquiétude est autre – en réalité la même qu’en 2002 – la même que celle que diffusent à longueur d’année et d’antenne ses amis « philosophes » Mrs Finkielkraut et Cie, qu’il résume ainsi :
« se réveiller, c’est regarder notre société telle qu’elle est, avec ses identités, ses divisions, ses « territoires perdus » qui sont de plus en plus vastes et menaçants »
Laissant ainsi entendre que tout le mal et tous les dangers politiques qui nous menacent viendraient des fameux « territoires perdus de la République » – de plus en plus vastes et menaçants – ces territoires – en réalité les banlieues populaires – qui, par leur vote, menaceraient la politique économique libérale « humaine » dont Mr Roger Cukierman est aujourd’hui le valeureux défenseur.
La France « où il fait bon vivre , le pays de la liberté » écrit-il, cette France où cette année il y aura plus d’expulsions de sans-papiers et demandeurs d’asile que sous le précédent gouvernement Sarkozy, cette France où il ne fait pas bon être Roms, pas bon être d’origine maghrébine et être parqué dans des cités surveillées par des drones d’origine israélienne, contrôlé par des forces de police équipées de matériel anti répression made in Israël, cette France-là que nous chante Mr Cukierman est la France des nantis, des adeptes de la politique néo libérale, des tenants de la mondialisation, ici et dans le monde occidental.
Nous l’affirmons souvent : Roger Cukierman n’est pas notre ami, mais pas seulement.
Roger Cukierman est un raciste invétéré, ses propos en apparence frappés du coin du bon sens, sont en réalité un appel à considérer tous nos concitoyens français des « territoires perdus de la République », traduisez : les banlieues, comme nos ennemis, les ennemis intérieurs de la République, les responsables des victoires annoncées du FN. Un discours abject, que l’évocation de sa situation d’enfant caché pendant la Seconde Guerre Mondiale ne saurait exonérer, rendre acceptable.
Ce même discours indécent utilisé par tous les gouvernements israéliens successifs – de gauche comme de droite – pour rendre « acceptables » les crimes de guerre et les crimes contre l’Humanité qu’ils commettent à l’encontre du peuple palestinien sous le regard bienveillant de la communauté internationale…
Georges Gumpel
Enfant caché en 1943/ 1944 ;
Fils de Déporté, « Mort pour la France » à Melk, Autriche, Partie Civile au procès Barbie.
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