Première parution : Nicolas Lebourg, “Anatomie de la violence « révolutionnaire » d’extrême droite, entre dynamique subversive et contre-révolution préventive (1962-1973)”, Revue des Sciences sociales, n°46, décembre 2011, pp.36-43.
Sortie exsangue de l’Épuration, l’extrême droite française entame alors une longue traversée du désert. En incapacité de participer au débat public, elle ne trouve quelque souffle que grâce aux guerres de décolonisation. Elle demeure néanmoins fort fragile, comme le souligne en 1958 la vague de dissolutions des mouvements activistes par l’État.Cependant, ce cadre lui permet de participer à la conflictualité politique. La violence pour l’Algérie française,puis contre l’État gaulliste, la réintègre au sein de la réalité politique. L’Organisation Armée Secrète (OAS) permet d’unifier à la base ses diverses tendances et de nouer des liens avec des milieux conservateurs. Le contrecoup de Mai 68 et l’inquiétude suscitée par le gauchisme dégagent ensuite un espace pour des «contrerévolutionnaires préventifs». L’extrême droite activiste, rassemblée au sein de la formation Ordre Nouveau (ON), se définit alors prioritairement par ce nouvel ennemi. Cependant, elle lui lie par là-même son propre sort, et c’est conjointement qu’ON et la Ligue Communiste (LC) sont dissouts en 1973. Au-delà du fatras des coups, a souvent été perçue une « manipulation policière ». Plus profondément, il s’agit de la question de l’autonomie de la violence «révolutionnaire » de droite qui se joue, et de la production de son insertion dans l’espace social et institutionnel.
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