lu dans l’édition 68 des DNA

L’école St-Exupéry se mobilise

Omer Cetin, 26 ans, père de deux élèves de l’école Saint-Exupéry, d’un garçon de un an et bientôt d’une petite fille qui doit naître en mars, est renvoyé ce matin vers sa Turquie natale. Réunis hier pour soutenir Ayse, son épouse, des associations, parents d’élèves et citoyens appellent à un nouveau rassemblement aujourd’hui à 16 h.

La sortie des classes avait un drôle de goût hier pour Serife et Oguzhan, au CE1 et au CP. Devant l’école colmarienne les attendait comme d’habitude leur maman, enceinte de huit mois, avec dans ses bras Mustapha, petit dernier, né en janvier 2009.

Parents expulsés, enfants en souffrance.

Mais il y avait aussi une centaine de personnes, venues soutenir la famille, et sur les grilles de la cour, des pancartes de protestation, dont l’une disait ” Parent expulsé, enfants en souffrance “. Car Omer Cetin, beau-père des deux aînés, père du plus jeune garçon et du bébé à venir, a été arrêté le 27 janvier dernier, sous le coup d’un arrêt d’expulsion (lire encadré).
Le couple s’était marié en Turquie en 2007 – mais pas en France -et Omer Cetin est arrivé en 2008. « Comme il n’avait pas de papiers, il ne travaillait pas, mais il avait des promesses d’embauche dans le bâtiment », assure Enes Yildiz, neveu de Ayse Cetin, 29 ans, épouse d’Omer.
De fait, le couple, domicilié rue de Madrid, vivait d’allocations, tout en gardant l’espoir d’une régularisation. « Il n’a pas voulu travailler au noir, pour rester en règle », précise Enes Yildiz, qui s’interroge : « Qui gardera les enfants au moment de l’accouchement ? Même si on est là, on ne peut pas remplacer un père ». La famille est arrivée de Marckolsheim courant 2009, la plus grande a été scolarisée en cours d’année, le plus jeune cette rentrée. Ayse Cetin, en France depuis 1989, dispose d’un droit de séjour renouvelé tous les dix ans. Depuis le placement de son mari en centre de rétention, elle va le voir tous les jours : « Ça devient dur pour lui, il ne va pas voir naître sa fille ».
Roland Braun, directeur de l’école Saint-Exupéry, a appris la nouvelle mercredi. Il a aussitôt alerté parents d’élèves et associations, qui ont répondu présent hier en fin de journée. C’est la première fois qu’il se retrouve confronté à une telle situation : « Les enfants essaient de bien s’intégrer, la famille aussi », observe-t-il.
Étaient présents la FCPE, le SGEN-CFDT, le SNUiPP, l’ASTI – soutien aux familles d’immigrés -, l’association D’ailleurs d’ici, des parents d’élèves, les instituteurs…

Rendez-vous à 16 h devant l’école

Christophe Roussel, avocat et président de la section Colmar de la Ligue des Droits de l’Homme, a été mandaté par la famille pour la suite : « Je viens d’avoir les conseillers municipaux Frédéric Hilbert et Victorine Valentin, ils peuvent venir demain -aujourd’hui – », a-t-il annoncé, tandis que le curé Jean-Claude Klotz, de la paroisse voisine Saint-Paul, venu en « citoyen indigné », proposait la salle du foyer pour se réunir.
Un appel public à se réunir est lancé pour aujourd’hui, 16 h, devant l’école et une pétition doit être lancée. Tous sont scandalisés que la situation familiale des Cetin n’ait pas suffi à stopper la machine administrative.

Myriam Ait-Sidhoum

Édition du Ven 5 fév. 2010
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