Le recensement de 2009 relève 9.016 logements privés vacants à Strasbourg. Au même moment 19.300 familles attendent un logement sur le territoire de la CUS. Parmi ces demandes, des familles ont besoin de changer de logement, d’autres, 6.500 sont en hébergement chez des parents, des amis, placées dans des foyers ou des hôtels, et d’autres dorment dans la rue. Le dernier rapport de la Fondation Abbé Pierre attire l’attention de tous sur l’urgence à construire de nouveaux logements et le scandale que constituent les 2 millions de logements privés vacants en France, face aux 6,6 millions de personnes non ou très mal logées.

La contribution de l’Etat pour le financement du logement a diminué dans le PIB de 18,8% de 2002 à 2008. Les collectivités locales sont appelées à compenser ces réductions de financement, et les organismes Hlm à vendre une partie de leur patrimoine pour constituer des fonds propres afin de construire de nouveaux logements.

Pourquoi l’effort devrait-il porter sur la seule collectivité publique, quand on sait que 9.016 logements sont vides à Strasbourg ? Les services fiscaux ont recensé 1.870 logements vacants depuis plus de 5 années, ce qui malheureusement place Strasbourg, dans la moyenne nationale de la vacance.

La rigueur de gestion exigée des organismes Hlm ne leur permet pas d’avoir une vacance supérieure à 3%, qui est généralement liée à la rotation des locataires et à la réfection des logements. Dans le parc privé, nous constatons aujourd’hui que cette vacance est de plus de 8%, c’est-à-dire plus de 2 fois et demie plus élevée que dans le parc public ! Cela voudrait dire que bon nombre de propriétaires ne connaissent pas les différentes aides qui leur sont destinées, que d’autres connaissent peut être des difficultés successorales, mais aussi que beaucoup d’autres attendent des jours meilleurs ?

C’est pourquoi nous avons, une douzaine d’associations et partis, engagé un travail en direction de la Ville pour que soit lancée une campagne pour la résorption de ces logements vacants. De nombreux financements et abattements fiscaux existent qui peuvent conduire, avec les aides de la Cus, à couvrir dans certains cas jusqu’à 75% du montant des travaux de réhabilitation. Certains propriétaires, les plus impécunieux souvent, ne sont pas au courant, ils craignent des démarches complexes. A notre avis, la Ville gagnerait à mettre en place ou renforcer une structure spécialisée, qui informerait les propriétaires et les aiderait dans leurs démarches visant à la remise sur le marché locatif de leur patrimoine.

La taxe d’habitation sur les logements vacants, que le conseil municipal a votée à l’unanimité, n’est pas financièrement élevée, elle ne représente que 12,5% de la taxe d’habitation à taux plein. C’est simplement une mesure incitative à la résorption de la vacance, mais en aucun cas une atteinte à la propriété privée.

Les conditions sont donc prêtes pour que les propriétaires puissent ne plus gâcher la richesse collective que sont ces logements, certes ils en ont la propriété, mais cela leur donne aussi des obligations. Ils sont libres de perdre de l’argent, mais il n’y a aucune raison de bloquer des habitations, dont les services (réseaux, voiries, éclairage public etc.) sont assurés par la collectivité. Il ne s’agit pas de sanctionner mais d’engager activement chacun dans une logique de valorisation de la ville.

La pénurie de logements, telle que nous la connaissons aujourd’hui, n’est pas digne. Savoir que plus de 6.000.000 de personnes n’ont pas de logement qui leur soit propre, et que des logements demeurent vacants depuis des années est déshonorant pour notre pays. Dans ce cas Albert Jacquard a raison de dire : « Il ya en France des familles qui n’ont pas de logement. Dans le même temps, il y a quantité de logements vides. Que faut-il faire ?

La réponse s’impose d’elle-même : il faut installer ces familles dans les logements vides. »

Micha Andreieff et Jean Werlen

Militants pour le logement