Lors de ses vœux du 31 décembre, de sa conférence de presse du 14 janvier et de ses vœux « aux acteurs de l’entreprise et de l’emploi » ce mardi 21 janvier, Hollande a donc confirmé l’orientation menée depuis 18 mois : une politique au seul bénéfice du patronat.

À  écouter les différents commentateurs, Hollande aurait fait un tournant social-libéral voire libéral en ce début d’année. Mais est-ce vraiment une nouveauté ? Depuis leur arrivée au pouvoir, en mai 2012, le Président et son gouvernement n’ont eu de cesse d’exonérer le patronat et de faire payer les salariéEs : nouvelle réforme des retraites où seuls les salariéEs et les retraitéEs doivent « faire un effort » à hauteur de 16 milliards d’euros, mise en place du crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi (CICE) qui a permis d’octroyer 20 milliards de nouveaux cadeaux fiscaux aux entreprises et qui va être selon Hollande « soit augmenté, soit remplacé par des baisses de charges, soit complété »… Le Président a fait le choix d’une « politique de l’offre », vieux dogme selon lequel il faut restaurer les marges des entreprises en baissant le « coût du travail » pour créer soi-disant davantage d’emplois.

Le patronat en rêvait, Hollande le fait !
Hollande a donc annoncé qu’il allait encore amplifier la politique économique lancée depuis un an et demi, en offrant 30 milliards « d’aides » supplémentaires aux entreprises et en mettant en place une nouvelle cure d’austérité. Dans le cadre du « pacte de responsabilité », Hollande veut supprimer d’ici 2017 les cotisations familiales payées par les seules entreprises, soit 30 à 35 milliards d’euros de cadeaux fiscaux. Il répond ainsi à l’une des principales revendications des patrons qui derrière ce nouveau cadeau voient une ouverture pour attaquer la Sécurité sociale. Un vieux rêve du CNPF, l’ancêtre du Medef…
La fin des cotisations patronales sur les allocations familiales (sauf pour les hôpitaux publics !) devrait entraîner une augmentation des bénéfices des entreprises. Et tous ces nouveaux cadeaux fiscaux seront financés, selon Hollande, par une réduction des déficits publics, il a donc également annoncé un nouveau programme de réduction des dépenses de l’État, des collectivités locales et de la Sécurité sociale : une baisse sur trois ans de 50 milliards d’euros, venant s’ajouter aux 15 milliards déjà décidés pour 2014.

Une politique qui a fait ses preuves…
Soyons rassuréEs, c’est bel et bien pour combattre le chômage que Hollande met en place cette politique. C’est pour cela, qu’en échange, il a demandé ce mardi 21 janvier au patronat des « contreparties claires, précises, mesurables et vérifiables »… Celles-ci seront définies au niveau national, mais « déclinées par branches professionnelles ». Il s’agira « d’objectifs chiffrés d’embauche, d’insertion des jeunes, de travail des seniors, de qualité de l’emploi, de formation, d’ouverture de négociations sur les rémunérations et la modernisation du dialogue social »… Mais sans aucune contrainte ou obligation. En un mot, rien n’obligera le patronat à embaucher et encore moins à ne pas licencier ! Les grands patrons ne boudent pas leur plaisir, et d’ores et déjà la « grande conférence économique et sociale au printemps » et le déjà fameux observatoire des garanties sont une sinistre plaisanterie…
Baisser les cotisations patronales, exonérer les patrons n’est pas une nouveauté, même si aujourd’hui les patrons n’ont jamais autant été gavés. Sous prétexte de l’emploi, cela fait 30 ans que la même politique est menée, et on peut mesurer l’efficacité de cette politique à l’aune des 5 millions de chômeurs. C’est une tout autre politique qu’il faudrait : mettre fin aux exonérations de cotisations sociales, réduire le temps de travail, interdire les licenciements… Bref une politique de gauche !

Pour une opposition unitaire, claire et cohérente
Il y a donc urgence de créer une opposition unitaire à la gauche de ce gouvernement. Pierre Laurent et Jean-Luc Mélenchon semblent désormais appeler de leurs vœux cette « opposition au gouvernement », cette « opposition de gauche ». Mais cette dernière doit être claire et cohérente. Elle doit choisir entre l’opposition à ce gouvernement, et l’alliance avec le PS dès le premier tour et la gestion des municipalités avec eux. Choisir entre la rupture pour imposer des mesures d’urgence ou la simple mise en place d’une nouvelle majorité avec Europe Écologie les Verts et la gauche du Parti socialiste…
Cette opposition de gauche doit se faire dans la rue pour faire reculer ce gouvernement. L’un des premiers rendez-vous doit être la manifestation du samedi 8 février, initialement appelée contre la TVA, pour la justice fiscale. Elle doit être une première étape dans la construction d’une opposition à l’austérité gouvernementale made in Medef.

Sandra Demarcq

http://npa2009.org/content/hollande-moi-president-du-medef