RESEAU EDUCATION SANS FRONTIERES 67
Rassemblement aux flambeaux en soutien à deux papas menacés d’expulsion
vendredi 12 février 2010 à 17 heures
devant l’opéra Place Broglie à Strasbourg
Lien vers les pétitions à signer
http://www.educatio nsansfrontieres. org/article25952 .html
http://www.educatio nsansfrontieres. org/article25750 .html
Ca suffit !!!!
La préfecture sépare les familles, renvoyant les pères et laissant les femmes et les enfants dans la misère et l’isolement.
Il y a trois semaines c’est un papa Géorgien de deux enfants qui était arrêté et placé au centre de rétention de Geispolsheim.
Il y a à peine une semaine, c’est un papa qu’on expulsait vers la Turquie laissant derrière lui sa femme et leurs quatre enfants.
Vendredi 5 février Monsieur KUMAN, papa de trois enfants est arrêté et placé au centre de rétention de Geispolsheim.
Mardi 9 février c’est Monsieur KHAMIDOV qu’on sépare de sa femme et de leurs deux enfants dont un handicapé. Il est actuellement également au centre de rétention et risque d’être réadmis vers la Pologne.
Jusqu’où ira cette ignominie ? La préfecture imagine-t-elle qu’il est moins inhumain d’expulser un père que des familles ?
La politique du chiffre rend-elle à ce point aveugle l’administration qu’elle piétine le droit le plus élémentaire d’un enfant à vivre auprès de ces parents ?
Quand les autorités préfectorales interpellent un père, une mère ou toute une famille et les envoient dans des prisons pour étrangers en vue d’une expulsion, cet enfermement administratif ignore l’intérêt supérieur de l’enfant, viole la Convention Internationale des Droits de l’Enfant :
• Aucun enfant ne sort indemne de son enfermement arbitraire, de son arrachement brutal au milieu dans lequel il vit, à son école et à ses copains.
• Aucun enfant n’échappe à un traumatisme majeur, quand il a vu son père entre deux policiers, menotté et traité comme un criminel.
• L’expulsion familiale est une humiliation collective dont personne ne se remet, les enfants moins que tout autre.
• L’expulsion d’un père ou d’une mère est un tremblement de terre qui détruit parents et enfants jour après jour. Celui qui est frappé perd tout à la fois son compagnon, ses enfants, son travail, la vie qu’il a construite et se retrouve, démuni de tout, déposé sur le tarmac d’un aéroport où personne ne l’attend.
• Le conjoint et les enfants demeurés en France, privés d’un père ou d’une mère, restent sans ressources, sans appui, au minimum pour des mois, le plus souvent pour des années, parfois pour toujours. Qui pourra mesurer et dire leur souffrance ? Pour beaucoup, c’est un lent engloutissement dans le silence. Il faut survivre, trouver des ressources, espérer un retour qui ne vient pas, tenir, replié sur sa honte ou alors, comme l’espèrent préfets et ministres, partir, acculés par le désespoir et le dénuement.
Dans son préambule, la Convention relative aux droits de l’enfant énonce que que la famille, unité fondamentale de la société et milieu naturel pour la croissance et le bien-être de tous ses membres et en particulier des enfants, doit recevoir la protection et l’assistance dont elle a besoin pour pouvoir jouer pleinement son rôle dans la communauté. Elle reconnaît que l’enfant, pour l’épanouissement harmonieux de sa personnalité, doit grandir dans le milieu familial, dans un climat de bonheur, d’amour et de compréhension.
Dans son article 3, la convention stipule que dans toutes décisions concernant les enfants, qu’elles soient le fait des institutions publiques ou privées de protection sociale, des tribunaux, des autorités administratives ou des organes législatifs, l’intérêt supérieur de l’enfant doit être une considération primordiale.
Dans son article 9, les Etats parties doivent veiller à ce que l’enfant ne soit pas séparé de ses parents contre leur gré, à moins que les autorités compétentes ne décident, sous réserve de révision judiciaire et conformément aux lois et procédures applicables, que cette séparation est nécessaire dans l’intérêt supérieur de l’enfant.
La France a signé la Convention relative aux droits de l’enfant le 26 janvier 1990 et l’a ratifiée sans délai le 7 août 1990. Cette Convention est entrée en vigueur en France le 6 septembre 1990. Pourtant, le Comité des droits de l’enfant des Nations Unies, dans ses observations faites à la France suite à son audition le 26 mai 2009, recommande à la France de prendre toutes les mesures appropriées, et en particulier d’adopter des règles de procédure concrètes, pour veiller à ce que le principe de l’intérêt supérieur de l’enfant, conformément à l’article 3 de la Convention, guide de manière adéquate toutes les actions et décisions du Gouvernement en ce qui concerne toutes les dispositions légales ainsi que les décisions judiciaires et administratives et les projets, programmes et services qui ont un impact sur les enfants;
Nous demandons aussi que soit mis un terme à la traque des familles.
• Le maintien de l’unité familiale doit devenir la règle et ne plus servir de prétexte à l’enfermement d’enfants.
• Le droit de vivre en famille dans la sécurité et le droit à la scolarité doivent être reconnus de façon intangible.
• Le démembrement des familles doit être proscrit.
• Les parents qui ont été expulsés en violation de ces principes doivent être rapatriés.
Voilà l’histoire des deux papas actuellement au centre de rétention de Geispolsheim dont un a fait une tentative de suicide.
Monsieur KHAMIDOV Aslan est arrivé de Tchétchénie avec son épouse et leurs deux enfants dans l’espoir de pouvoir être protégé de la mort.
L’identité de Monsieur Khamidov Aslan figure sur la liste publiée par “Chechenpress” des citoyens condamnés par les services secrets russes à des exécutions sommaires “les personnes nommées et leur famille doivent être conscientes des dangers réels qui les menacent, compte-tenues de la poursuite et de l’augmentation des enlèvements et des exécutions extra-judiciaires” . Son père, enlevé à son domicile a d’ores et déjà été assassiné. Son cousin paternel a pu s’échapper et obtenir l’asile en France.
Par ailleurs, leur fils qui aura bientôt trois ans, souffre d’un grave handicap qui meurtri profondément les parents. Extraits de certificats médicaux établis à Strasbourg “Abdul Halim présente un retard massif du développement psychomoteur et une paralysie cérébrale avec une atteinte du membre inférieur gauche. Il ne tient pas assis et ne soutient pas les interactions” , “il s’agit d’un trouble de développement au long cours et nécessitant un suivi médical régulier et une prise en charge de soins multidisciplinaires “.
Monsieur Khamidov présente une histoire suffisamment solide et documentée pour espérer obtenir l’asile en France où son enfant gravement handicapé pourra être pris en charge.
Seulement voilà : la famille Khamidov a été contrôlée lors de leur passage en Pologne et, selon le règlement européen Dublin II, ils doivent déposer leur demande d’asile dans ce pays. Monsieur Khamidov ne veut à aucun prix retourner en Pologne où il n’est pas protégé des recherches lancées à son encontre. En effet, de par leur proximité géographique, les camps de réfugiés en Pologne sont très facilement infiltrés par des agents des services secrets russes et il craint avec raison pour sa sécurité sans compter que la propension à obtenir l’asile en Pologne est infime par rapport à d’autres pays européens.
Monsieur Khamidov vient d’être arrêté par la police des frontières française et placé au centre de rétention de Geispolsheim en vue de son renvoi vers la Pologne. Le Juge Administratif a été informé du danger encouru en Tchétchénie et en Pologne ainsi que du handicap grave de l’enfant. Il a disposé de tous les documents prouvant l’ensemble de ces faits. Mais il n’a rien entendu et a confirmé son renvoi vers la Pologne.
Et demain, ou après-demain, Monsieur Khamidov sera renvoyé en Pologne, laissant derrière lui son épouse et ses deux enfants. Son épouse, désormais seule dans sa chambre d’hôtel avec deux enfants petits, dont le petit Abdul Halim souffrant d’un grave handicap, est désespérée.
Monsieur Cengiz KUMAN, papa de trois enfants, a été arrêté le vendredi 5 février 2010 suite à un contrôle d’identité dans la rue.
M et Mme KUMAN sont arrivés en France en octobre 2004. Ils ont fui la Turquie où ils craignaient pour leur sécurité. Monsieur était sympathisant du PKK ; son frère, membre du PKK a été tué en 2005. Monsieur et madame KUMAN sont arrivés en France avec leurs deux premiers fils, Gokcan né le 1er mars 1997 (scolarisé en 6ème au collège) et Serçan né le 30 janvier 1999 (scolarisé en CM2). A Strasbourg est né Kevin le 28 juin 2005 (scolarisé en maternelle). Les enfants sont scolarisés régulièrement, parlent parfaitement le français, langue qu’ils utilisent quand ils sont ensemble. En arrivant en France la famille a fait une demande d’asile qui a été refusée ; la commission de recours a rejeté leur demande également. Ils se sont alors tournés vers la Préfecture du Bas-Rhin pour demander un titre de séjour dans le cadre de la circulaire dite « Sarkozy » mais la préfecture a rejeté leur demande malgré les efforts d’intégration faits par tous les membres de la famille.
Suite à une nouvelle demande faite en mai 2009, la préfecture leur a adressé une obligation à quitter le territoire français qui vient d’être confirmé par le tribunal administratif.
M et Mme KUMAN ne demandent qu’à pouvoir continuer de s’intégrer ici en France, à pouvoir y travailler. Leurs enfants grandissent maintenant ici à nos côtés, c’est ici qu’ils ont maintenant leurs copains, leur vie. Gokcan, Sercan et Kevin ont besoin de leurs deux parents. Les enfants sont allés apercevoir leur père lundi au tribunal administratif sans doute avec l’espoir qu’il puisse en sortir libre. Monsieur KUMAN a été réadmis au centre de rétention, le juge ayant rejeté son recours. Dans la nuit de mardi à mercredi, Monsieur KUMAN a fait une tentative de suicide et est actuellement hospitalisé. Ses jours ne sont pas en danger.
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