par Alain Gresh
Même le Front national n’a pas osé proposer un plan d’expulsion des Français arabes. Le ministre des affaires étrangères israélien si. M. Avigdor Lieberman a demandé à ses services juridiques d’étudier la possibilité d’un transfert des citoyens arabes israéliens. Cet homme, que n’importe quelle démocratie européenne classerait à l’extrême droite et qui, s’il était ministre d’un pays européen, serait boycotté par ses homologues, n’est, dans la configuration israélienne actuelle, même pas le ministre le plus à droite d’Israël. Il est surpassé, si l’on peut dire, par le parti de Naftali Bennett, le Foyer juif. C’est ce gouvernement-là que François Hollande ménage, c’est cet Israël-là dont il « chante l’amour ».
Dans un éditorial publié le mercredi 26 mars, le quotidien Haaretz donne quelques précisions sur les agissements de Lieberman et exprime une indignation que l’on n’a entendue ni dans les médias ni au sein du gouvernement français :
« Le ministère des affaires étrangères a préparé un avis juridique autorisant le transfert des Arabes des régions israéliennes du Triangle et de Wadi Ara à un Etat palestinien, si un tel Etat voyait jamais le jour. Dans son avis, rapporté hier par Barak Ravid dans Haaretz, le conseiller juridique du ministère Ehud Keinan écrit que ce serait légal selon le droit international, sous certaines conditions.
(…) Le simple fait que le ministère des affaires étrangères discute du transfert d’une partie de la population à l’extérieur des frontières de l’Etat d’Israël pour des raisons ethniques et nationalistes est inacceptable dans son principe.
Le fait qu’un ministère soit engagé dans la promotion d’un plan d’échange de population, ce qui signifie le transfert, en raison de leur appartenance ethnique, de centaines de milliers de citoyens du territoire israélien souverain à la souveraineté d’un autre pays, envoie un message extrêmement grave à la population arabe d’Israël — environ un cinquième de la population totale du pays. Le ministre des affaires étrangères, et maintenant son ministère, disent aux citoyens arabes de l’Etat d’Israël qu’ils ne sont pas les bienvenus, et que leur citoyenneté est temporaire et conditionnelle.
(…) Le plan de Lieberman, comme l’avis émis par le conseiller juridique de son ministère, a un seul but : transformer Israël en un Etat ethniquement et religieusement pur. Par conséquent, l’objectif de ce plan ne peut pas être décrit autrement que comme un nettoyage ethnique — même s’il n’est pas réalisé par la force des armes.
Le plan et l’avis juridique qui l’autorisent doivent être rangés immédiatement dans les tiroirs. La minorité arabe continuera à faire partie d’Israël, et l’Etat doit faire tout ce qui est en son pouvoir pour les intégrer, au lieu d’essayer de les en faire sortir. »
Le gouvernement français osera-t-il dire la même chose à ses amis israéliens ?
http://blog.mondediplo.net/2014-03-26-Le-fascisme-ordinaire-d-un-ministre-israelien
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