On a déjà parlé ici de prophétie auto-réalisatrice au sujet de la place démesurée que prend dans la non-campagne électorale européeenne, le thème de l’abstention.
Ce dimanche, une semaine avant le scrutin, les Dernières Nouvelles d’Alsace en donnent une illustration supplémentaire.
En page 2 du cahier national-international, ce titre:
“Elections européennes A une semaine du scrutin, la campagne suscite l’indifférence dans tous les pays“, suivi en grands caractères noirs de:
“L’abstention, reine du scrutin“.
En page 3, l’indéboulonnable chroniqueur multi-cartes, Alain Duhamel promet: “L’abstention menace d’être encore plus élevée qu’en 1999..”
Et juste à côté, Jean-Claude Kiefer, éditorialise en finissant ainsi: “…l’abstention qui s’annonce massive”
Mettre en avant, ainsi, “l’abstention, reine du scrutin“, outre qu’il faudrait, pour qu’on ne subodore aucune manipulation médiatico-politique, écrire en toute rigueur, “l’abstention, reine des sondages“, c’est quoiqu’en disent certains,dans ces médias, favoriser cette abstention, comme si l’électeur-trice n’avait d’autre choix qu’entre ce dédain et le vote improprement appelé “populiste, mêlant ce qu’ils appellent “extrême-droite” et “extrême-gauche”, lui-même subliminalement suggéré ainsi comme défouloir du mécontentement quasi général.
Si ce n’est pas de la propagande et de la manipulation de masse, basée sur ce que les politologues nomment “démocratie d’opinion”, où on est sommés de confirmer les prophéties auto-réalisatrices de ceux d’en haut, alors on ne sait pas ce que c’est que la propagande.
Le papier principal de cette page 2 s’achève d’ailleurs ainsi:
“Face à un tel euroscepticisme, les grands partis de de gauche, du centre et de droite, n’auront d’autre choix que la coalition et la cogestion.“. Autrement dit, “Union nationale!“.
Au service du capital?
Ben voyons!
Et c’est ainsi que le Chournal façonne, jour après jour, l’électorat, sur le modèle local déjà mis en oeuvre à la Communauté Urbaine de Strasbourg, où le PS s’est allié à une partie de la droite, sans qu’à aucun moment, selon une source “socialiste”, ni les élus, ni les militants du PS n’aient été consultés sur le partage du pouvoir entre Robert Hermann, PS, et Yves Bur, UMP avec la bénédiction de Roland Ries.
Le Journal appelle donc à voter pour ce que le FN appelle l’UMPS…
Alors qu’il y a 23 listes dans le Grand-Est, seules quelques unes ont le droit à la parole dans les rares débats organisés.
Le concept de “petite liste” a donc de l’avenir, si on n’y met pas le holà!
Or, en démocratie, il ne devrait y avoir, avant un scrutin, ni petite ni grande liste. Le peuple les désigne par son vote.
On se souvient du sort réservé au succès des dits “nonistes, comme si c’était génétique, ” au référendum européen. Les gouvernements n’en ont pas tenu compte. Ce qui est une des raisons de l’abstention de plus en plus grande. Pourquoi voter, se disent les gens, si on ne tient pas compte de notre vote? Ils font la grève des urnes, faute de grève générale…
En effet. Mais si on se rend compte, et c’est l’objet de cette analyse, que les pouvoirs nationaux et européens ne souhaitent qu’une chose, poursuivre leur sale politique d’austérité néo-libérale de droite et de “gauche” sans que le peuple s’en mêle, alors on peut aussi, sauf si on est par principe, comme les libertaires, opposés à la farce électorale, renverser la table et défiant tous ceux qui nous prescrivent d’aller à la pêche dimanche prochain, les surprendre en votant en masse pour ces prétendues “petites listes“. Et, en choisissant parmi elles les meilleures, on peut même rééditer le coup du référendum européen et dire stop à l’austérité, au Grand Marché Transatlantique, à Frontex et tutti quanti tout en désespérant les “solfériniens, la direction du PS, quoi”.
Chiche?
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