La Feuille de Chou s’est rendue hier soir au rendez-vous fixé par Pierre Klein d’Initiative citoyenne alsacienne au bien nommé café “L’Alsacien”, près du Palais de Justice, où on boit de la Météor, bien de chez nous.

A 18H30, heure prévue pour une présentation de ICA, pas de PK!

A vrai dire, on n’en avait pas besoin (de présentation, hein), vu qu’on avait participé aux premiers balbutiements du nouveau né, quand on pouvait compter sur les doigts des mains, avec Goetschy, les fans d’une association qui tout en ne voulant pas se dire autonomiste, à cause de l’entre deux guerres, clamait son désir de “pouvoir normatif” régional”, (le premier qui m’explique la différence, a gagné un abonnement gratuit d’un an à la Feuille de Chou…).

En attendant PK, on a éclusé qui un Stamm, qui un Amerseidel, avec un monsieur fort sympathique qui nous a appris un paquet de choses très intéressantes, sur lui, sa vie,ses enfants, son travail, l’Alsace et même qu’il existe des genoux électroniques!

Le Klein est arrivé à 19h, avec une excuse en règle pour le retard. A une petite dizaine d’abord, dont Justin Vogel, maire de Truchtersheim et chargé des finances au Conseil régional, on s’est installés pour un casse-croûte arrosé de propos alsaco-linguistico-politiques qui défloraient déjà la discussion prévue dans une arrière-salle à 20h.

Ce qui fait qu’on a eu droit à deux fois le récit suivant, de la bouche de Vogel, que je dédie à Jean-Philippe Maurer, l’inénarrable défenseur du drapeau tricolore et de la Marseillaise, et contempteur de Mathieu Cahn, qui s’est bien défendu au Conseil municipal, merci.

Donc, Justin Vogel se souvenait d’un épisode cuisant de sa carrière scolaire, il y a cinquante ans, où l’instituteur, c’est comme ça qu’on disait à l’époque, avant les “professeurs des zécoles”, l’avait puni pour avoir parlé alsacien dans la cour de récré. Et la punition consista pour le petit Chusdin, à monter sur un escabeau devant tout le monde et à chanter la Marseillaise…Tu entends Maurer?

Trop ému par le sadisme de la sanction, l’enfant ne parvint pas à se souvenir du chant” zagré badriodik” et l’instite de lui faire copier 1000 (mille) fois je ne sais plus quoi.

Alors, Maurer, si lors d’une prochaine cérémonie badriodik, tu vois Justin Vogel, les lèvres aussi closes qu’un fouteballeur “blaque, blaque, blaque” de Finkielkraut, tu l’excuseras!

Bon, Schlomoh, les hors d’œuvre, ça va un moment! De quoi ils ont causé à cette réunion pré-régionale de ICA? Numme langsam,on y vient.

Il s’agissait pour les défenseurs de l’Alsace, qui avaient renoncé, hélas, à proposer au suffrage leur propre liste, ce qui fait qu’il y a des régionalistes partout, de présenter les desiderata de l’association aux futurs élus pour faire du lobbying en vue du futur proche de l’Alsace si elle réussit à survivre.

Justin Vogel a défendu la politique alsacienne du défunt Adrien Zeller (et assuré qu’avec Richert, ce serait la continuité…) concernant les finances, le taux limité d’endettement, les taux d’intérêt modérés payés aux banques, la politique régionale de transport -TGV et TER-, les sites bilingues, la promotion de l’alsacien et de l’allemand auprès des patrons, des entreprises, l’accompagnement des acteurs culturels, la nécessité de promouvoir l’Alsace, ses langues dans les écoles, auprès des parents, des enseignants, le bras de fer avec les Chagobins barisiens, etc. Il a proposé avec sa liste la création d’un pôle d’excellence de la recherche regroupant Karlsruhe, Bâle et Strasbourg.

Une divergence d’analyse importante apparut entre Pierre Klein et Vogel, ce dernier insistant sur la responsabilité parentale dans la transmission du patrimoine linguistique et culturel, Klein renvoyant, avec raison, aux institutions qui seules peuvent créer le terrain favorable à la survie et au développement d’une politique linguistique pour sauver l’alsacien, appuyé, n’en déplaise à Robe’s Grossmann, sur l’allemand, le Hochdeutsch.

Plusieurs personnes sont intervenues dans le débat, en défense de l’Alsace et de ses particularismes, son” identité nationale”, qui en vaut bien d’autres, une fois débarrassée des pages sombres, sur lesquelles, ils trouvaient qu’on insistait trop, lorsqu’on conduit plusieurs fois les enfants des écoles au Mémorial de Schirmeck ou à Auschwitz, et qu’on leur présente une Allemagne comme si seule la période nazie existait.

Proposition fut faite d’un centre de ressources alsacien pour centraliser toutes les richesses de notre région. Un retraité, féru d’histoire régionale se plaignit de la difficulté de trouver un rétro-projecteur pour diffuser le résultat de ses travaux. Justin Vogel lui proposa d’écrire à la région et s’engagea à ce que cette personne soit filmée sur deux ou trois jours par une équipe de vidéastes.

Fut soulevée, par notre ami Zimmer, la question des banques en particulier de la franco-belge Dexia, qui assure 18 % des prêts régionaux, et qui est engagée dans la politique de colonisation israélienne de la Cisjordanie.

La “diversité” alsacienne? comme on dit en langue de bois, était brillamment représentée par Yasmina Ben Chora, proche parfois de l’UDF, et très active pour la Palestine et bien d’autres sujets.

Pierre Kretz, comédien et écrivain écoutait et resta muet tout au long de la discussion.

Vers la fin, il fut question de la réforme des collectivités locales, et Justin Vogel assura qu’avant 2014, l’Alsace serait une, malgré les hésitations de certains en particulier des Haut-Rhinois. Il et vrai que l’existence dans une région si peu étendue de plusieurs organismes concurrentiels pour l’industrie, le tourisme, la culture apparaît comme une aberration et un gâchis de moyens.

Ainsi le tourisme qui est une prérogative du Préfet, emploierait une dizaine de personnes et un quasi sous-préfet , plus une voiture avec chauffeur, à ne rien faire…quand la fusion des offices du tourisme 67 et 68 d’après le principe de subsidiarité ferait mieux le travail en bas.Il est certain que dans l’Education nationale, bastion jacobin, s’il en est, la pilule décentralisatrice aura plus de mal à passer au vu des enjeux sur les diplômes, les concours, les programmes.

Enfin, de même qu’à l’ICA, on n’aborda pas la question de la non laïcité en Alsace-Moselle, dont on sait qu’à part l’association Laïcité d’Accord, peu de partis, de droite ou de gauche, ou d’associations, mêmes “laïques”, s’emparent, tant le chantage traditionnel est maintenu qui laisse croire aux Alsaciens que le droit local est un tout intangible, et que si on touche à l’enseignement religieux ou aux traitements des prêtres, pasteurs et rabbins, on supprimerait aussi les deux jours de non travail supplémentaires que l’Alsace tient avec raison à garder par rapport à la vieille France ainsi que tous les avantages du droit local…

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