Temps déjà printanier à Strasbourg, du soleil, des tenues plus légères, mais des rassemblements sur des sujets graves sur la place Kléber

Devant la Maison Rouge, dès 14h des militants pour le coton équitable. Jaques Bigot, tête de liste PS aux régionales, signe, filmé par France 3 Alsace, Alsace 20 et quelques autres dont la Feuille de Chou.

En même temps, autour de la statue du général Kléber, qui en a vu passer, des causes, se rassemblent des Azéris qui commémorent un massacre par l’Arménie en 19ç2.

Dommage que , dans les participants, mettent en doute le génocide des Arméniens par la Turquie.

A côté déjà, autour d’une table où le NPA sert du vin chaud (de la bière d Mars aurait mieux collé au climat actuel) , un autre rassemblement en vue de manifester pour la suppression du ministère de la honte tenu par Besson.

A 15h le cortège fort de 200 personnes démarre. Le NPA en tête, avec ses deux portevoix, ses slogans léchés, ses chansons. Dommage qu’elles aient presque constamment dirigé l’instrument fétiche du parti vers l’avant sans se préoccuper de faire reprendre les slogans par les manifestants. Bizarre aussi que pas un seul mot d’ordre n’ait porté sur le centre de rétention.

En voyant défiler ensuite le calicot du Front de gauche, on a eu comme un soupçon que cette marche avait des allures électoralistes.

Les organisateurs avaient eu la bonne idée de débaptiser quelques rues strasbourgeoises. C’est ainsi que la place Broglie, devant le mess des officiers fut rebaptisée Eloi Machoro, du nom de ce dirigeant kanak assassiné par les gendarmes français. Et la rue de la Douane devint un moment, la rue Sans Frontières.

Place Broglie, un service d’ordre disproportionné attendait les manifestants tous filmés par un caméraman sans doute avide de grimper les marches du festival de Cannes.

Tout s’acheva vers 16h, sauf pour 5 personnes qui voulaient joindre la pratique à la théorie et se rendirent devant les grilles du Centre de Rétention de Geispolsheim.

Plusieurs “retenus” étaient dans la cour, des Maghrébins,un Africain, un Tchétchène et un Turc fort mal en point qui avait passé plusieurs jours au CHU et assis sur un fauteuil ne semblait pas dans son assiette.

On eut l’occasion de parler avec sa compagne qui venait de le visiter et rentrait sur Ribeauvillé. On apprit qu’il avait été cueilli par les gendarmes à son domicile suite à une dénonciation d’une voisine. L’état de santé de cette personne devrait interdire qu’il soit au CRA.

On assista en direct à la sortie d’une jeune femme tchétchène qui rentrait librement en Pologne, attendant que ses parents viennent la chercher au CRA. On ne comprit pas pourquoi l’autre Tchétchène, un homme, qu’on avait vu au TA, en même temps qu’elle, n’était pas libéré. De plus, pourquoi cette stupide règle selon laquelle on ne peut déposer une demande d’asile en UE que dans le premier pays pénétré? Qu’on sache, la France n’a pas de frontière commune avec la Tchétchénie! Et la Pologne pafois renvoie les gens en Russie qu’ils fuient!

Le jeune homme qui avait tenté de se suicider par pendaison semblait aller mieux que la veille où il était presque nu dans la cour. On parla à plusieurs détenus. on s’enquit de leur situation et de l’ambiance au Centre après le remplacement de l’escadron de gendarmes de Baccarat, par celui de Verdun.

On passa quelques cigarettes aux retenus, par l’intermédiaire des gendarmes; on donna même 11 € à l’un d’eux pour acheter, au tarif interne, un paquet pour un fumeur en manque.

On parlait arabe, français, russe, allemand. On constata une nouvelle fois la stupidité d’un système qui retient 32 jours des gens dont l’administration sait qu’elle ne pourra pas les expulser dans des pays qui ne les acceptent pas.

On rencontra même un Irakien. Le préfet osera-t-il l’expulser dans un pays en guerre?Le plus frappant était la jeunesse de ces travailleurs étrangers qui souvent sont en France depuis des années, ou en transit par l’Alsace, exploités par des patrons qui profitent de leur situation administrative précaire. Il sont mariés ou fiancés,ont des enfants, font des boulots que les Français ne veulent plus faire,et tout ce que la France est capable honteusement de faire est de les pourchasser, de les emprisonner, de les expulser.

Plusieurs se sont plaints de mauvais traitements de la part des gendarmes.

Quand nous sommes repartis, vers 18h, nous avons vu, garés sur le chemin, avant le CRA 3 véhicules de gendarmerie et une camionnette supplémentaires. Et nous nous sommes demandés ce qui se passait lorsqu’aucun témoin extérieur n’était présent près du CRA.

C’est pourquoi, nous proposons que se forme un groupe de vigilance, un genre de Mahsom Watchs comme aux checks-points en Palestine avec plusieurs personnes, qui acceptent de se rendre au CRA, par demi-journées, soit pour parler simplement aux retenus, derrière les grilles, soit pour en visiter lorsqu’on connait leur nom.

Il suffirait d’une quinzaine de personnes s’engageant à venir soit le matin de 10 à 12h, soit l’après-midi de 14 à 17h30, pour couvrir la semaine.

Cette présence aurait l’avantage d’être bonne pour le moral des emprisonnés, de connaitre leur situation, de la faire connaître et de faire pression sur le Préfet, tout en informant les citoyens de la réalité de ce qui se passe ici en leur nom.

On pourra en discuter ce dimanche à 18h place Kléber au Cercle de silence.