Voici un texte qui a été écrit en Palestine.
Les personnes qui l’ont rédigé sont des militant.e.s impliqué.e.s dans la lutte qui s’accentue ces derniers jours.
Elles ont demandé au collectif Quartiers Libres de le relayer:
D’ici, on peut entendre les pleurs incessants de la mère du jeune martyr, Mahmoud Abu Khdeir, kidnappé dans son quartier, à Shuafat, torturé, et brulé vif et tué par des colons qui promettent d’appliquer la loi du talion pour venger le décès de trois d’entre eux.
D’ici, on a pu entendre la « communauté internationale » verser de chaudes larmes à l’annonce du décès des trois colons israéliens. Et la presse internationale de bannir l’utilisation du mot « colon » pour en faire de simples –et donc innocents- « adolescents ». Nous sommes ici en territoire occupé, pas à Disneyland. A 17 ans, les « adolescents » israéliens intègrent l’armée d’occupation qui tue impunément, humilie quotidiennement, détruit des maisons et en expulse leurs habitants, arrête chaque année des centaines de Palestiniens qui croupissent dans les geôles de l’occupant, y sont torturés, maltraités…
D’ici on entend l’arme fatale des sionistes : la menace à l’antisémitisme dès que l’on critique Israël ou dès qu’un acte de Résistance a lieu. Le Ministre israélien de la Défense a déclaré que les trois colons étaient « morts parce qu’ils étaient juifs »… Habituelle pirouette du gouvernement israélien qui a une fois de plus donné du baume au cœur à de fous furieux colons qui ont attaqué plusieurs Palestinien-ne-s, roulé délibérément sur une fillette, brulé des fermes, tenté de kidnapper d’autres enfants et promis la « Mort aux arabes ».
D’ici, on entend le silence assourdissant de la « communauté internationale » alors qu’Israël viole quotidiennement les lois et bafoue les droits de l’homme. Elle condamne les roquettes tirées depuis Gaza, mais n’a pas un mot sur les raids aériens menés par les israéliens. Gaza, dont la densité de population est l’une des plus élevée de la planète et où il est donc fortement probable, à chaque frappe, que des hommes, des femmes et des enfants viennent s’ajouter à la longue liste de martyrs…
Depuis 2000, 1046 enfants palestiniens ont été tués, par l’armée, ou par des colons. D’ici, on n’a entendu aucun émoi chez les « grands » dirigeants de ce monde…
D’ici, on peut entendre la révolte gronder et la jeunesse descendre dans la rue, pour balancer à la face du monde sa rage et sa détermination. On a vu l’un des symboles de la colonisation à Jérusalem (réalisé avec l’amical partenariat de l’entreprise française Alsthom), le Tramway, se faire démonter, station par station, caténaire par caténaire, rail par rail…
D’ici, on peut entendre que les Palestiniens en ont assez d’être les oubliés de l’histoire. Assez aussi de voir leurs représentants s’aplatir toujours plus face aux exigences de la puissance occupante, de négocier et de toujours tendre l’autre joue. Depuis Oslo, les Palestiniens n’ont cessé de faire des sacrifices, et jamais l’occupation n’a été aussi rude et vicieuse.
D’ici, on entend aussi les prétendus alliés du peuple palestinien, de par le monde, condamner la Résistance quand celle-ci prend les armes, ou quand celle-ci porte une barbe et un drapeau vert. Vieux reflexe colonial, que de juger ce qui est bon pour un peuple qui lutte pour sa libération et qui est légitime de mener cette lutte… Pourtant, les Français le savent, pour avoir été à la fois un pays occupé et un pays occupant, aucune libération n’a été obtenue en offrant des fleurs à l’oppresseur. Que ceux qui, chaque année rendent hommage aux Résistants français, aux FTP-MOI, au groupe Manouchian, se débarrassent de leur condescendance envers les Palestiniens et de leur vision paternaliste. Vous insultez la Résistance toute entière ! Savez-vous seulement ce que c’est que de vivre sous occupation ? D’ici, on entend parler du « conflit israélo-palestinien », comme pour mettre sur un plan d’égalité l’oppresseur et l’opprimé. Non, il n’y a pas de conflit, il y a une occupation qui ronge un peuple, chaque jour, dans les moindres détails de sa vie : se déplacer, travailler, étudier, se soigner, vivre…
D’ici, on peut voir que le peuple palestinien est déterminé, organisé, fier, digne, et qu’il n’a besoin de quiconque pour lui dicter le chemin à prendre pour avancer vers sa propre liberté. Enfin, d’ici, on se souvient que Nelson Mandela disait :
C’est toujours l’oppresseur, non l’opprimé qui détermine la forme de lutte. Si l’oppresseur utilise la violence, l’opprimé n’aura pas d’autre choix que de répondre par la violence. Dans notre cas, ce n’était qu’une forme de légitime défense.
http://quartierslibres.wordpress.com/2014/07/05/dici-en-palestine/
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