A des élus de la ville de Mulhouse
Madame, Monsieur,
Veuillez trouver ci-dessous, pour information, la réponse que je viens d’expédier à M. Patrick PULEDDA, adjoint au maire de Mulhouse, en réaction à un courriel qu’il m’a adressé le 15 octobre 2014. Cette réponse est accompagnée d’un pièce jointe et contient quelques liens.
Je l’envoie aussi aux médias locaux et à quelques militants d’associations concernés par l’organisation d’un « forum Libé » et qui envisagent de la rediffuser dans leur réseau.
B. Schaeffer
Monsieur l’Adjoint,
Vous avez eu vent de l’idée, lancée par quelques militants, d’organiser un « forum off » en réaction à l’initiative de la municipalité de Mulhouse qui a brusquement décidé de remplacer l’organisation d’un « sommet de la ville » par l’achat d’une prestation – dite « forum Libé » – auprès du journal « Libération ».
C’est en tant qu’adjoint au maire de Mulhouse chargé de l’organisation de ce « forum Libé » qui se déroulera à “La Filature” que vous m’avez alors adressé un courriel, ainsi qu’à une vingtaine d’autres militants.
Je vous remercie. Pour le geste, inédit. Et pour le ton, très aimable.
Mais, au risque de vous donner l’impression de « faire la gueule » (pour reprendre une expression de M. Rottner – interviewé par les « DNA » – à l’encontre de ceux qui s’interrogent sur l’organisation de ce « forum Libé »), je rappelle ici brutalement certaines réalités décrites dans un article paru dans le Monde Diplomatique de septembre 2013, accessible sous ce lien, qui détaille les motivations et les méthodes des organisateurs des forums Libé.
J’envoie le présent courriel à de nombreux conseillers municipaux de Mulhouse pour qu’ils puissent, eux aussi, prendre connaissance de cet article.
Pourront-ils éviter la tentation de s’installer dans le déni ? Comme vous, qui connaissiez probablement les véritables intentions des dirigeants de Libé ?… Et qui ne pouvez pas ignorer totalement celles de votre maire !… Tout comme vous ne pouvez pas ignorer que c’est le contribuable mulhousien qui, finalement, va trinquer.
Les plus susceptibles de vos collègues n’iront peut-être pas au bout de l’article du « Diplo » et pourraient chercher à s’éviter la lecture de la pièce jointe que je vous envoie au nom de l’association « A Contre Courant ». Ce serait dommage, car on y trouve des propositions pour que le public qui fréquentera la Filature les 24 et 25 octobre puisse commencer à bénéficier de ce climat « hautement citoyen » si ardemment souhaité par « Démocratie Ouverte » (l’association co-organisatrice de ce « forum Libé »), en découvrant sur une table de presse des idées qui n’auront pas vraiment cours dans les « débats », ni même dans les « ateliers » de ce forum Libé.
Pour favoriser le pluralisme, d’autres propositions ont été faites par l’association IPDC, qui s’est adressée au maire.
Et comme cela a été suggéré dans le journal « L’Alsace » du 14 octobre, le « Diplo » pourrait être mis à contribution, non ? Pourquoi n’avez-vous pas pensé à solliciter Julien Brygo, l’auteur de l’article signalé ci-dessus ? Ou le rédacteur en chef, Pierre Rimbert, qui est aussi l’auteur de l’ouvrage : « Libération : de Sartre à Rothschild » ? Son intervention dans le débat du vendredi 24 octobre de 20h 30 à 21h 30 programmé sur le thème : « Rencontre avec la rédaction de « Libération », autour de l’actualité », aurait pu dépasser l’horaire prévu sans ennuyer personne, en abordant, par exemple, l’actualité du licenciement du tiers de l’effectif des salariés de Libé…
Dans le courriel que vous m’avez adressé, vous semblez craindre la présence d’un « forum off » dans une Filature déjà « au maximum de ses capacités », dites-vous. Est-ce aussi la crainte de M. Joffrin qui n’a pas répondu, pour l’instant, à l’association IPDC qui lui offre une place – pour lui-même et/ou pour un journaliste de Libé – dans un débat qu’elle organise ? Vos réticences, tout comme celles de M. Joffrin, sont sans fondement, puisque le débat en question, programmé de longue date, sur le thème « La grève ? Encore ? » se déroulera le 23 octobre, soit la veille du forum Libé. Ce pourrait être un pré-forum, en quelque sorte. Il ne tient qu’à vous et à M. Joffrin qu’il soit « in » au lieu de « off ».
Et je ne parle pas des propositions qui ont été faites par le CP68 à M. l’adjoint aux finances de Mulhouse. Elles sont si nombreuses qu’elles pourraient suffire à elles seules à organiser un autre forum dont les vertus pédagogiques et émancipatrices – nonobstant le thème apparemment austère des dettes publiques – devraient vous étonner.
Vous devinez peut-être que, là, je souris… à l’idée qu’en “territoire” désormais “hautement citoyen”, toutes ces propositions devraient vous enthousiasmer, alors que, probablement, vous angoissez devant la longue liste de ceux qui vous « feront la gueule » si vous tentez de les mettre en œuvre.
La « haute citoyenneté » s’annonce comme devant être un rude combat, M. l’adjoint !…
B. Schaeffer
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DEVOIRS DE VACANCES
“je donnerai mes soins gratuitement à l’indigent…et n’exigerai jamais un salaire au-dessus d emon travail.” Cet extrait du serment d’ Hippocrate nous est si familier que personne ne s’est rendu compte qu’il s’est progressivement vidé de sa substance au point que l’on peut se demander si le fait d’imposer aux futurs médecins, du moins en France, de prêter serment au moment de la soutenance de la thèse pour exercer ne constitue pas un geste de suspicion à leur égard.
En effet, si la société était vraiment sûre d’eux, elle n’aurait pas cette exigence car l’exercice inconditionnel de l’accueil en médecine irait de soi.
Médecins du Monde, un peu comme les Restaurants du Cœur, représentent une de nos fiertés nationales. Cela fleure bon la conquête sociale par la lutte contre toutes les injustices partout où des veuves et des orphelins souffrent. En réalité, les associations ont dû depuis plus de 20 ans se substituer aux responsabilités de l’Etat.
« Nous soignons ceux que le monde oublie peu à peu » rappelle le slogan de Médecins du Monde.
Sait-on que l’activité de sa mission « France » augmente d’année en année, marquant par là-même la confirmation de l’accroissement des exclusions dans notre pays ?
Mettons en parallèle les conclusions de l’enquête de la HALDE, qui soulignaient dès novembre 2006 que près de la moitié des médecins spécialistes refusaient d’accueillir en première intention les bénéficiaires de la CMU.
Cela montre bien que de nombreux médecins continuent à considérer, avec bon nombre d epolitiques, la pauvreté comme une sorte de punition divine qui vient frapper ceux qui ont pêché ou démérité. Comme au Moyen Age.
Jadis, on considérait que “les fous” et “les vénériens” devaient leur état au fait d’avoir commis une faute morale.
On peut se demander si aujourd’hui ce type de conviction n’est pas toujours à l’oeuvre dans notre société “moderne-parceque- matérialiste”, qui n’arrive pas à admettre qu’elle puisse, dans son espace démocratique idéalisé, générer de la apuvreté, de la souffrance, de l’exclusion, du malheur et la mort.
Plutôt que de se demander comment former ,durant leurs dix années d’études, les futurs médecins à exercer leur jugement et leur discernement pour tendre à offrir dans leur cabinet un accueil inconditionnel “à la Hippocrate”, on va chercher à culpabiliser, à criminaliser même,les pauvres, les demandeurs d’asile ou les clandestins malades, les chômeurs en fin de droit,les mères célibataires,…
Quand donc les enseignants et les pédagogues décideront-ils de convaincre les médecins (et de se convaincre eux-mêmes) que la pauvreté n’est pa sune faute ou une maldie mentale mais la conséqeunce de dysfonctionnements idéologiques et politiques ?
Quand privilégieront-ils la prévention en médceine,comme c’est le cas au Canada, où l’importance de l’environnement est prise véritablement en compte jusque le sermen tde sfuturs médecins.
Nous savons bien ,en effet, que s’agissant des déterminants intervenant dans l’amélioration de la santé, envron 60 % sont liés aux facteurs d’environnement physique, social et psychologique (durée du temps de travail, famille, patrie, âge et montant de la retraite…), 30 % aux facteurs biologiques (diabète, cholestérol,…) et seulement 10 % sont liés au système de soins!
Pour répondre à l’une des injonctions présidentielles de l’été et privilégier la créativité à un moindre coût de dépenses publiques rêvons à ce que tous les membres de l’honorable corporation médicale, avec l’accord des bénévoles de Médecins du Monde, puissent rendre la mission « France » de l’association inutile
Est-il utopique d’espérer que la corporation médicale puisse faire un signe très fort à la communauté des citoyens en signifiant qu’elle est prête à réduire, pour tendre à la faire disparaître, l’exercice d’une médecine à deux vitesses ?
Il s’agirait par exemple de mettre en place quelques aménagements de bon sens comme un numéro vert gratuit qui permettrait aux usagers de chaque ville d’aboutir à des médecins régulateurs (exactement comme pour les urgences médicales « simples », non compliquées de problématiques sociales ou juridiques), qui offriraient à tous les citoyens de résidence la possibilité d’accéder aux cabinets libéraux en toutes circonstances.
Les régulateurs orienteraient vers un groupement de médecins volontaires (généralistes et spécialistes). L’idéal étant que tous les médecins, préalablement formés dans les facs, fassent partie de ce groupement.
Certes les médecins travaillent beaucoup et sont exposés à de nombreux risques professionnels, mais cela ne suffit pas à expliquer qu’ils restent si souvent éloignés sinon indifférents aux énormes souffrances qui s’accroissent à nos portes et notamment celles des étrangers malades (qui sont à peine 36.000 régularisés sur le territoire national et donc loin de constituer les cohortes d’ envahisseurs que les pouvoirs publics désignent comme responsables d’une partie « du trou de la Sécu » ).
Comment expliquer le succès d’activité et la popularité de Médecins du Monde autrement que par un échec idéologique collectif qui a fini par nous faire admettre que la réponse caritative au scandale de la misère était un arbitrage et une posture politiques ?
Nous devons en appeler, avec le président de Médecins du Monde, le docteur Pierre Micheletti, à une réforme en profondeur d’une partie des études médicales, « en incluant un enseignement sur les liens entre le contexte social (et politique) et la santé des individus, et en insistant sur la prise en charge de proximité des personnes en situation de grande précarité ».
Comme si cela n’allait pas de soi.
L’Ordre des médecins serait bienvenu de rappeler fermement à tous l’esprit et la lettre du code de déontologie médicale et du serment d’ Hippocrate, s’agissant « de l’obligation de soigner avec la même conscience tous les malades » !
En ce qui concerne la Halde , créée le 30 décembre 2004 qui publie des avis extrêmement riches et critiques,souvent médiatisés, regrettons qu’elle n’ait qu’un avis consultatif généralement pas suivi d’effets.
Elle ne doit pas devenir la caution d’une bonne conscience générale qui permet l’expression du mépris des pouvoirs envers les pauvres et les marginalisé ,nécessairement paresseux, fraudeurs, calculateurs et profiteurs.
Médecins du Monde , l’Ordre et la Halde ne doivent pas être les alibis de la normalité des pouvoirs.
Dr G Y F