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L’avis de Rudolf Bkouche, UJFP/IJAN
J’ai regardé la première partie. Une analyse intéressante sur les rapports entre le judaïsme et le sionisme mais qui oublie les conditions historiques qui ont conduit au sionisme et qui lui ont permis son développement au XXème siècle.
La vision purement religieuse du judaïsme que développe Rabkin l’empêche de comprendre les raisons du sionisme. Si on veut comprendre pourquoi quelques intellectuels juifs quelque peu détachés de la tradition juive ont inventé l’Etat juif, on ne peut éviter de parler de l’antisémitisme européen du XIXème siècle. Que ces intellectuels se soient retournés vers l’idéologie de l’Etat-nation relève de ce qu’on pourrait appelé l’air du temps à l’époque des mouvements nationalitaires européens, c’est en ce sens que le sionisme est un mouvement plus européen que juif, même s’il est porté par des Juifs qui espéraient ainsi se débarrasser de l’antisémitisme. Cela n’apparaît pas dans son discours qui semble peu s’intéresser à la genèse du sionisme et aux raisons de son succès auprès des Juifs dans la première moitié du XXème siècle. Si la naissance de l’Etat d’Israël est venue après la seconde guerre mondiale et le génocide, ce serait une erreur de relier le sionisme à la Shoah ; il est né bien avant et cela pour des raisons juives. Relire les trois inventeurs de l’Etat juif, Moses Hess, Lev Pinsker et Theodor Herzl.
Si on oublie cet aspect du sionisme, comment peut-on comprendre le “J” de notre association juive laïque ? Il y a une cohérence des Juifs religieux qui s’opposent au sionisme parce qu’il va contre la tradition juive. Mais quelle est la cohérence des Juifs athées qui s’opposent au sionisme, au nom de leur propre judéité.
L’exposé m’a paru très judéocentré. La question du sionisme n’est ni le rapport au judaïsme religieux, ni même l’Idée laïque d’un Etat juif telle qu’elle est développée par les Pères fondateurs, la question est liée au fait que l’Etat s’est construit en Palestine contre les habitants de la Palestine. C’est cela le fait important. Ce fait est lié à la rencontre de l’idéologie de l’Etat nation qui s’appuie sur la langue et l’histoire et de la lecture historienne de la Bible qui a permis de retrouver à la fois la langue et la terre, lecture historienne qui a vu dans la Bible le roman national juif, ce que la Bible est en partie. C’est cet aspect roman national qui permet de comprendre le rôle de la violence dans la Bible, violence nationale et violence religieuse, les deux étant imbriquées. Quitte à faire bondir Daniel, je rappelle que la première grande scène de violence est la massacre des adorateurs du Veau d’Or au pied du mont Sinaï. Mais cela fait partie de l’esprit de l’époque si on accepte que la Bible a été rédigée à l’époque du roi Josias. Le judaïsme, religion nationale; s’est constitué dans son époque.
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