Témoignage terrifiant d’une Bisontine manifestant à la Zad du Testet (Tarn)

recemment_mis_a_jour180

Captures d’écran “ZAD du Testet – 29 septembre 2014” ©TV Bruits – http://vimeo.com/107894961

Marine a décidé, il y a un an, de partir dans le Tarn “pour changer d’air et de vie”. Depuis son arrivée, cette Bisontine de 29 ans soutient les militants et occupants de la zone humide du Testet en manifestant à leurs côtés contre la construction du barrage de Sevens. Elle a suivi cette affaire de très près et de plus loin. Elle nous confie que ces dernières semaines ont été d’une “extrême violence” comme jamais elle n’en avait subi et “quand on est sur place, on se dit que ce n’est pas possible que des choses pareilles se produisent en France, soit disant un pays défenseur des droits de l’Homme”. À lire ses propos, cette région française semble à l’autre bout de la planète. Témoignage…

“Ce n’est pas la démocratie ! Ici, on écrase le peuple en l’humiliant, en lui volant sa nourriture, ses voitures, en détruisant ses biens personnels, en l’insultant”commence à nous raconter Marine. “J’ai vu de mes propres yeux une femme qui s’est fait enfermer dans son camion par des gendarmes. Ils ont ensuite tapé sur le véhicule pour lui faire peur et l’ont insultée et menacée. Ils criaient : “Tu vas voir ce que tu vas prendre salope, tu vas voir ce qu’on va te mettre ! On va te faire ta fête, viens nous sucer” et il n’y a rien qui est fait contre ce genre de chose ici”. 

La Bisontine renchérit en nous racontant que “La gendarmerie a cessé de prendre les plaintes déposées par les manifestants pour vols, coups et blessures, etc. Même avec des vidéos à l’appui, certains se sont fait expulser de la gendarmerie. Ben oui, les manifestants viennent déposer plainte auprès des personnes qui les agressent directement… C’est digne d’une dictature”. 

“Ils utilisent des armes contre des pacifistes et testent de nouveaux gaz”

Les manifestants ne sont pas armés d’après Marine. En revanche, les gendarmes envoyés sur place utilisent des armes, des lanceurs de balles de défense. “Mon copain a été mis en joue à bout portant sur la clavicule avec un flashball alors qu’il n’était pas violent ni armé”, indique Marine.

Côté santé, Marine reprend des forces lorsqu’elle s’absente durant quelques jours de la manifestation pour suivre sa formation en viticulture. “Ça fait cinq jours que je n’y suis pas allée et je commence simplement à retrouver la santé : je n’ai plus de maux d’estomac ni de maux de tête, les sels sont plus normaux, je respire mieux…” Les gaz lacrymogènes sont utilisés en grande quantité contre les militants et les occupants. “ Un nouveau gaz vient de faire son apparition parmi nous dont je ne connais pas le nom. Je n’ai jamais vu ça : ce gaz transforme une personne en légume. Elle vomit, bave, ne peut plus marcher, ne peut plus utiliser son corps” nous décrit la Bisontine.

“J’ai vu trois gendarmes pleurer et un gendarme s’excuser”

Sur place, les forces de l’ordre envoyées sont le peloton de surveillance et d’intervention de gendarmerie du Tarn (gendarmerie locale) et les gendarmes mobiles (armée).

Pendant une intervention qui s’est déroulée fin septembre, Marine raconte qu’elle a vu trois gendarmes pleurer. “Je ne sais pas si c’était par tristesse de leurs actes, fatigue ou à cause de la lacrymo, car ils ne portent pas tous des masques de protection”. “Il y a également un gendarme qui s’est excusé auprès d’occupants”. 

“La presse régionale est censurée”

Marine nous explique que tous les médias nationaux ont parlé de l’occupation anti-barrage. “On a même eu droit à un  reportage de 8 minutes sur BFM-TV. Mais la presse locale, en particulier France 3 censure l’information. Un seul reportage a été diffusé et ce n’est pas quand c’était le plus violent”. Par ailleurs, elle raconte que“parfois, lorsque des groupes de journalistes viennent sur place, les gendarmes se calment et dès qu’ils partent, les forces de l’ordre redeviennent violentes.” Enfin, la militante nous confie qu’“il y a quelques jours, des journalistes sont venus, on les a guidés et ils se sont fait canarder comme nous”.

Des vidéos ont été publiées sur internet afin de dénoncer ce qu’il se passe en ce moment sur un morceau du territoire français, “berceau de la démocratie”, “pays des droits de l’Homme” par des militants ou des journalistes indépendants (voir ci-dessous et ICI).

“C’est écoeurant. On se rend compte qu’on est impuissant et ça donne la rage au point de vomir” nous confie la manifestante.

  • Depuis ce témoignage recueilli le 12 octobre 2014, le corps d’un militant a été retrouvé après un affrontement avec la gendarmerie sur le site du Testet. Trois grévistes de la faim ont été hospitalisés mardi 21 octobre.

http://www.macommune.info/article/temoignage-terrifiant-dune-bisontine-manifestant-au-zad-du-testet-tarn-109649

ZAD du Testet – 29 septembre 2014 from Tv Bruits on Vimeo.

 

Lire aussi : 

Au Testet : « Ils m’ont écrasé la tête sur le bitume en me disant que je n’étais qu’une merde »

Témoignage recueilli mardi 2 septembre.


J’ai 19 ans, je suis étudiante en 2e année de licence de droit à l’université Champollion d’Albi. Depuis quelques temps, je participe à la mobilisation contre le barrage inutile du Testet. Ce matin, sur la ZAD du Testet, au lever, avec quelques dizaines de personnes, nous avons décidé de nous grouper pour ralentir la progression des gendarmes et bucherons qui menaçaient d’arriver sur le site par la route départementale D999.

Vers 8 heures et quart, nous avons vu arriver de nombreux fourgons chargés de gardes mobiles et des voitures de gendarmerie. Au total, une bonne cinquantaine. À peine étaient-ils sortis des fourgons qu’ils brandissaient déjà leurs boucliers et leurs matraques télescopiques. Ils ont directement chargé sur nous, sans sommation. La plupart des militants ont aussitôt reculé. Avec Alain, mon voisin de circonstance, nous sommes restés pour nous opposer de manière non-violente. Mais nous n’étions plus que deux devant eux.

J’ai reçu un premier coup de tonfa sur la fesse droite, la douleur m’a immobilisé par terre quelques instants. Les gendarmes ont alors continué à me tabasser au sol. Alors qu’Alain tentait de s’interposer, ils s’en prirent violemment à lui en disant : « On n’en n’a rien à foutre, qu’elle crève et toi aussi, tu n’as qu’à crever ». Ils s’en sont alors pris à ses jambes. Il a protesté expliquant un problème de santé au genou. Leurs coups ont alors redoublé sur sa rotule déjà meurtrie.

Avant que je ne puisse réagir, ils m’ont tiré par les cheveux sur vingt mètres et m’on plaqué sur le dos en m’insultant copieusement : « Salope, connasse. Tu ferais mieux d’aller travailler ». Ils étaient extrêmement agressifs, quatre ou cinq sur moi et une trentaine autour. Ils ont continué de m’engueuler et m’ont ensuite frappé ma tête contre le sol à coups de pied.

Ils m’ont ensuite hurlé dessus en me reprochant de ne pas me mettre sur le ventre, alors qu’ils m’empêchaient tout mouvement. L’un d’entre eux a sorti un couteau et tranché les lanières de mon sac à dos et de ma sacoche. L’un d’entre eux m’a écrasé la tête sur le bitume avec son pied et m’a répété : « On n’en a rien à foutre que tu crèves, pauvre connasse ». Il a alors écrasé ma tête avec ses rangers comme si j’étais une merde. C’était impressionnant, je pensais que je n’allais pas m’en tirer.

La suite : http://www.reporterre.net/spip.php?article6252

 

Similar posts
  • Déni démocratique à l’Assemblée... https://fb.watch/l2QebMz6rw/ On crèvera pas au boulot place Kléber à Strasbourg Une quarantaine de personnes hier place Kléber à l’appel de On crèvera pas au boulot, et toujours des flics en veux-tu en voilà. Et des interventions libres à qui veut la parole. C’était en réponse au déni démocratique de l’Assemblée nationale où la présidente a [...]
  • De la misère en correctionnelle à Str... De la misère en correctionnelle Hier après-midi, la Feuille de chou était au Palais de justice de Strasbourg, salle 101, croyant pouvoir assister au procès du jeune majeur interpellé le 6 juin lors de la manifestation de l’Intersyndicale et gardé à vue 48h. Disons de suite que j’ai pu assister de 14 à 16h à [...]
  • Manifestation 14 de l’Intersyndicale,... 5 à 6000 personnes à la manifestation du 6 juin à Strasbourg. Beaucoup de jeunes très motivés, des cortèges syndicaux maigres. C’est le prix à payer pour la date tardive de ce cortège voulu pas l’Intersyndicale et démotivante pour le public. Mais le gouvernement Macron-Borne n’a pas gagné malgré les manœuvres indignes pour empêcher les [...]
  • Fête de l’Humanité 67 à Strasbo... La Feuille de chou s’est rendue à la Fête de l’Humanité en milieu de l’après-midi, après la brocante de la Krutenau, afin d’écouter les débats. Un premier débat rassemblait les deux députés LFI et EELV de Strasbourg, Emmanuel Fernandez et Sandra Régol, ainsi que Yann Brossat du PCF, adjoint au logement d’Anne Hidalgo à Paris [...]
  • Manifestation retraites à Schiltighei... Devant la permanence du député macroniste de Schiltigheim, Bruno Studer, absent. Une vingtaine de personnes se sont rassemblées à partir de 16h sur la place Alfred Muller, sur le côté de la mairie de Schiltigheim avant de partir en micro-manif par la rue Principale et retour, puis trajet court vers la permanence du député Bruno [...]

Aucun commentaire jusqu'à présent.

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.