Communiqué de la fédération SUD éducation du 27 février 2015
Nous avons appris la mise en garde à vue, pendant huit heures éprouvantes, de notre collègue Jean-François Chazerans, professeur de philosophie à Poitiers, en vue d’une possible mise en examen pour « apologie du terrorisme ».
Il avait déjà été suspendu de ses fonctions, sur simple dénonciation de parents d’élèves, à partir des propos de leurs enfants.
Pourtant cet enseignant n’a fait que ce qui était demandé à tou-te-s : amener les élèves à réfléchir et à sortir de la simple émotion à la suite de l’attentat qui avait frappé le journal Charlie Hebdo, qui plus est avec des élèves de terminale, pendant un cours de philosophie.
La fédération SUD éducation condamne cette escalade judiciaire, totalement infondée et hors de toute proportion.
Nous exigeons que les poursuites cessent et nous demandons que la Ministre de l’éducation nationale intervienne pour apporter soutien et protection à notre collègue.
Nous appelons les personnels et la population à signer la pétition de solidarité avec Jean-François Chazerans.
Publié le vendredi 27 février 2015 sur http://www.sudeducation.org/Mise-en-garde-a-vue-de-Jean.html
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J.F. Chazerans ne sera pas poursuivi en justice, mais le recteur imberbe s’apprête à frapper.
J.F. Chazerans, mis à pied à titre conservatoire pour quatre mois après avoir été suspecté d’apologie d’actes de terrorisme en classe, ne sera finalement pas poursuivi en justice.
JF Chazerans est un non terroriste.
Selon l’AFP, «Les propos imputés n’apparaissent pas, en eux-mêmes, constitutifs du délit d’apologie d’actes de terrorisme prévu par l’article 421-2-5 du code pénal qui impose de présenter des actes de terrorisme sous un jour favorable. Ils ne pourront donc pas faire l’objet de poursuites pénales», a indiqué vendredi le procureur de la République de Poitiers dans un communiqué. Suspecter ce militant et porte-parole du DAL86 d’avoir des accointances avec les djihadistes était diffamatoire, il aura fallu plusieurs semaines et 8 heures de garde à vue subies par J.F. Chazerans pour que la justice le dise.
Mais le procureur renvoie l’ascenseur répressif vers l’envoyeur le Recteur de Poitiers qui fut connu il y a peu pour savoir reconnaître un apprenti djihadiste à sa barbe et autres signes extérieurs. Mediapart, le 20 novembre 2014, nous apprenait qu’un document intitulé« Prévention de la radicalisation en milieu scolaire », avait ainsi été envoyé par courriel depuis le rectorat à tous les chefs d’établissements de la Vienne. « Pour repérer « des indicateurs » de djihadisme potentiel. « En tête de ces « signes extérieurs individuels », la« barbe longue non taillée (moustache rasée) » doit mettre la puce à l’oreille, tout comme les « cheveux rasés » et « l’habillement musulman ». Les « jambes couvertes jusqu’à la cheville », le « refus du tatouage » viennent ensuite, juste avant le « cal sur le front » (qui apparaît après des années de pratique assidue chez les musulmans très religieux) ou la« perte de poids liée à des jeûnes fréquents » – à ne pas confondre, la tâche est ardue, avec l’anorexie adolescente . (…) Marquer un « intérêt pour les débuts de l’Islam » est aussi un signe inquiétant pour l’Éducation nationale. »
Notre professeur de philosophie porte barbe et moustache et n’a point la maigreur ostentatoire ! Comment notre recteur armé de son traité d’islamologie pour les lapins crétins a-t-il pu se fourvoyer ainsi ? Le grotesque écrit fut retiré du circuit éducatif, cela va mieux en le disant.
Mais notre enseignant aurait tenu « des propos inappropriés », voire « inadaptés, déplacés et choquants »
Le procureur estime que «les propos tenus par cet enseignant, le jour même d’un deuil national décrété à la suite d’un attentat terroriste ayant particulièrement ému l’ensemble de la communauté nationale, peuvent apparaître particulièrement inadaptés, déplacés et choquants». En conséquence, l’ensemble des auditions et éléments recueillis dans le cadre de l’enquête pénale ont été communiqués au recteur d’académie «afin qu’une réponse adaptée puisse être donnée dans le cadre de la procédure disciplinaire en cours». Le 8 janvier, selon l’enquête pénale confiée à l’antenne de Police judiciaire de Poitiers, le professeur avait orienté le débat en exprimant des opinions personnelles faisant le lien entre le terrorisme et ce qu’il qualifiait d’impérialisme de l’Occident, en assimilant les militaires français engagés dans des opérations extérieures à des terroristes. Ces propos avaient provoqué de vives réactions notamment auprès d’élèves ayant des parents militaires dont certains avaient été engagés dans des opérations extérieures.
Au nom de la mémoire des dessinateurs de Charlie, il ne serait pas admis de tenir des « propos choquants » concernant l’armée et ses interventions en Afrique… Est-ce de l’humour étatique que nous devons attendre de la part de ce Recteur invité à se faire bras répressif sur l’invitation expresse du procureur ? Chiche.
Suggérons que, vite, très vite, le Recteur fasse repentance pour sa brochure stupide et islamophobe (encore plus stupide qu’islamophobe, plus bête que méchante peut-être même) en une cérémonie républicaine de repentance. L’évènement serait croqué par les dessinateurs de Charlie-hebdo en quelques traits « choquants et déplacés » ; gageons que Charb et Cabu auraient aimé l’idée. Notre recteur qui ne saurait être qu’un de ces Charlie officiels ne pourra qu’agréer cette proposition. Puis un débat sur l’humour, les propos choquants qui parfois déplacent des foules en pour ou en contre, serait organisé dans tous les lycées de Poitiers.
Ce n’est qu’ensuite qu’on pourrait parler des mots si « choquants » de J.F. Chazerans.
Pascal Boissel. 28.02.2015
P.S. Le dessin approprié et adapté placé en une de l’article est l’œuvre de Reiser, mort de mort naturelle mais douloureuse en 1983.
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8 heures de garde à vue! Soutien à Jean-François Chazerans!
Le 19 janvier, Jean-François Chazerans, professeur de philosophie est entendu par deux inspecteurs d’académie venus dans son lycée, le lycée Victor Hugo, à Poitiers. Puis il est suspendu, « mesure conservatoire » par le Recteur de l’académie de Poitiers pour 4 mois. Des « propos inadéquats en classe » lors de cours le 8 janvier, lui sont reprochés, sur plainte de certaines familles anonymes, dit le Recteur. Peu avant la minute de silence voulue par l’Etat en hommage aux assassinés de Charlie hebdo et des juifs massacrés du super cacher et des policiers et de l’agent d’entretien abattus, minute de silence à laquelle il ne participera pas. Le Recteur l’accuse d’avoir perturbé cette minute de silence…Puis le recteur, transmet au procureur. On parle d’ « apologie d’actes de terrorisme ».
Voici le communiqué du recteur (celui qui s’est fait connaître pour un powerpoint islamophobe et grotesque il y a peu) :
« La minute de silence décrétée par le Président de la République le 8 janvier dernier en hommage aux victimes après l’attentat contre Charlie Hebdo(..;) quelques incidents très minoritaires ont été signalés. Un enseignant, mis en cause par des témoignages écrits de parents d’élèves pour des paroles totalement inacceptables, a été entendu dans le cadre d’une enquête administrative menée immédiatement dans l’établissement.
Compte tenu des propos qui sont prêtés à l’enseignant, un signalement au Procureur de la République de Poitiers a été effectué. Ce dernier a décidé d’ouvrir immédiatement une instruction préliminaire.(…) le rectorat se devait d’écarter l’enseignant des élèves le temps de vérifier les informations transmises : c’est l’objet de la procédure de suspension qui a été prononcée envers l’enseignant. Cette suspension n’est pas une sanction mais une mesure conservatoire permettant de protéger à la fois les élèves comme l’enseignant. (…) »
J.F. Chazerans en connu comme étant un animateur du DAL86, un activiste inlassable qui créa des cafés philo sur la ville et participa à un comité anti-répression, entre autres particularités biographiques.
Le 26 janvier, cette suspension est annoncée dans le journal La Nouvelle République. Il reçoit le soutien du SNES et d’autres organisations.
Le 28 janvier, un mercredi midi, un rassemblement de solidarité rassemble entre 200 et 300 personnes, avec les syndicats de la FSU et FO, des militants, des lycéens et des parents d’élèves.
Un groupe de soutien Facebook se met en place :https://www.facebook.com/groups/540005932808394/
Le 30 janvier, J.F.Chazerans apprend qu’il est convoqué le 13 mars devant une commission de discipline académique, pour les « propos inadéquats ».
Le 2 février, communiqué de soutien de la FCPE du lycée : « Nous apprenons maintenant que l’accusation d’ « apologie d’actes de terrorisme » se réduit à celle de « propos déplacés ». Les élèves étaient-ils à ce point en danger qu’il fallût, de toute urgence, prendre une mesure conservatoire en suspendant l’enseignant ? Une telle décision, loin de calmer les esprits, n’est-elle pas de nature à inquiéter l’ensemble de la communauté et, en premier lieu, les lycéens eux-mêmes ? »
Le 5 février, grève de la moitié des professeurs du lycée. Grève intersyndicale; extraits de leur déclaration:
« Les motifs de notre indignation : La gravité et la rapidité de la décision de suspension prise à l’encontre d’un professeur pour des mots utilisés en classe. La méthode employée pour ce faire : suite à un courrier de parents envoyé au recteur, audition d’un nombre très restreint d’élèves, audition de ce professeur sans qu’il puisse être accompagné par un représentant des personnels »
http://poitiers.snes.edu/solidarite-avec-notre-collegue-de-philo-de-poitiers/
Le 12 février, J.F. Chazerans peut consulter son dossier avec son avocat, A. Auzou ; ils déclarent qu’il n’ y a rien de probant dans ce dossier
Le 25 février, communiqué du DAL national en soutien à J.F. Chazerans, porte parole du DAL86 :
« (…)Cette accusation est infondée et parfaitement injustifiée concernant François CHAZERANS qui est militant de toujours pour les droits, la justice sociale et la liberté d’expression. Cette sanction arbitraire et précipitée est en réalité la conséquence de son engagement militant et de son regard critique sur notre société. La liberté d’expression est bien la cible du rectorat.
Mais pas seulement, puisque depuis la création du DAL à Poitiers en février 2012, la “gent” locale s’en prend aux militants du comité, et tente de criminaliser le mouvement afin de décourager son action très efficace et accrocheuse. Jean-François est donc “ciblé”.
D’autres comités DAL et militants sont visés par la répression judiciaire, policière, financière qui s’est renforcée depuis 2012. Droit Au Logement est un mouvement fondamentalement non violent, et son action est incompatible avec le terrorisme d’où qu’il vienne. Son action a pour objet de faire respecter et appliquer le droit au logement stable, décent, accessible, pour les sans logis et les mal logés, pour tous et toutes. Incontestablement, l’action des militant-e-s du DAL dérange les potentats locaux, les notables et les profiteurs du logement cher. Les solutions pour y remédier sont souvent contraires à leurs intérêts et certains tirent profit de la crise du logement . Nous appelons à un ralliement large pour la défense de Jean François CHAZERANS que le recteur veut bâillonner, pour l’abandon de toutes poursuites à son encontre, pour la liberté d’expression et celle de militer pour les droits des opprimés. »
Le 26 février, il est convoqué au commissariat de police, dans les suites de l’accusation d’ « apologie d’actes de terrorisme ». Il y restera 8 heures, avec son avocat !
C’est un acharnement administratif, policier et judiciaire, donc politique dont est l’objet JF Chazerans ! C’est en pleines vacances scolaires locales qu’il a été convoqué par la police, dans le but clair de rendre l’organisation de la solidarité immédiate plus difficile.
Nous exigeons l’arrêt de ces poursuites infondées contre Jean-François Chazerans et son retour immédiat dans son lycée.
Le 3 mars, participons nombreux à la soirée de soutien qui aura lieu au bar associatif le Plan B à Poitiers, organisée par le DAL86.
Pascal Boissel, 26.02.2015.
http://reve86.org/soutien-a-jean-francois-chazerans-8-heures-de-garde-a-vue/
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Poitiers: l’enseignant soupçonné d’apologie du terrorisme ne sera pas poursuivi
Un enseignant d’un lycée de Poitiers, mis à pied à titre conservatoire pour quatre mois après avoir été suspecté d’apologie d’actes de terrorisme en classe, ne sera pas poursuivi en justice, a indiqué vendredi le Parquet.
«Les propos imputés n’apparaissent pas, en eux-mêmes, constitutifs du délit d’apologie d’actes de terrorisme prévu par l’article 421-2-5 du Code pénal qui impose de présenter des actes de terrorisme sous un jour favorable. Ils ne pourront donc pas faire l’objet de poursuites pénales», a indiqué le Procureur de la République de Poitiers, Nicolas Jacquet, dans un communiqué.
Cependant, le Procureur estime que «les propos tenus par cet enseignant, le jour même d’un deuil national décrété à la suite d’un attentat terroriste ayant particulièrement ému l’ensemble de la communauté nationale, peuvent apparaître particulièrement inadaptés, déplacés et choquants». En conséquence, l’ensemble des auditions et éléments recueillis dans le cadre de l’enquête pénale ont été communiqués au Recteur d’Académie «afin qu’une réponse adaptée puisse être donnée dans le cadre de la procédure disciplinaire en cours».
Le 8 janvier, au lendemain des attentats perpétrés en France par des terroristes islamistes, le professeur de philosophie, Jean-François Chazerans, enseignant au lycée Victor-Hugo, avait accepté à la demande de certains de ses élèves de terminale d’animer un débat sur les attentats à Paris contre l’équipe de journalistes de Charlie Hebdo.
Au cours de ce débat, deux groupes d’élèves s’opposaient, l’un défendant la liberté totale d’expression, l’autre prônant une expression limitée et considérant que les journalistes de Charlie Hebdo étaient allés trop loin en caricaturant le prophète Mahomet.
Mais, selon l’enquête pénale confiée à l’antenne de Police judiciaire de Poitiers, le professeur avait orienté le débat en exprimant des opinions personnelles faisant le lien entre le terrorisme et ce qu’il qualifiait d’impérialisme de l’Occident, en assimilant les militaires français engagés dans des opérations extérieures à des terroristes.
Ces propos avaient provoqué de vives réactions notamment auprès d’élèves ayant des parents militaires dont certains avaient été engagés dans des opérations extérieures. Et l’audition des élèves confirmait que leur professeur avait l’habitude lors de ses cours de faire part de ses opinions personnelles et militantes.
Les élèves ont cependant indiqué qu’en dépit des propos tenus, à aucun moment leur professeur n’entendait légitimer ou soutenir l’action des terroristes.
L’enquête avait été ouverte suite au courrier d’un parent d’élève dénonçant les propos tenus par le professeur, qui avait reçu le soutien d’organisations d’extrême gauche et d’associations comme Droit au Logement (DAL).
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Le professeur de philosophie n’a pas fait l’apologie du terrorisme
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