Les Juifs éthiopiens mettent en garde contre un « Baltimore israélien »
Incidents au cours d’une manifestation après le tabassage d’un soldat d’origine éthiopienne par des policiers
Des affrontements ont opposé jeudi soir dans le centre de Jérusalem les policiers israéliens à deux mille Juifs d’origine éthiopienne qui manifestaient contre le « racisme de la police », faisant 13 blessés dont 3 policiers.
Trois manifestants ont par ailleurs été arrêtés, selon une porte-parole de la police.
Les manifestants se sont rapprochés de la résidence du Premier ministre Benyamin Netanyahou, après avoir bloqué une route devant le quartier général de la police. La police déployée en masse a bloqué les manifestants à l’aide d’un canon à eau.
Les forces de l’ordre ont également tiré des grenades lacrymogène, a indiqué une porte-parole de la police, précisant que trois policiers avaient été blessés par des jets de pierres et deux manifestant arrêtés.
Les manifestants s’étaient rassemblés pour protester contre des incidents impliquant des policiers et des membres de leur communauté ces derniers jours.
« Stop à la violence policière contre les Juifs noirs », ont scandé les protestataires, dont l’un brandissait une pancarte: « En Europe, on tue des Juifs parce qu’ils sont Juifs, et en Israël on tue des Juifs parce qu’ils sont noirs ».
« Les rues d’Israël doivent apparemment s’enflammer comme c’est le cas à Baltimore pour quequelqu’un se réveille. Le régime d’apartheid est de retour, cette fois au 21è siecle en Israël », a déclaré Gadi Yevarkan au site Ynet, le responsable de la campagne pour l’égalité des Juifs éthiopiens.
La presse locale a rapporté les accusations d’un Israélien d’origine éthiopienne contre la police israélienne. Walla Bayach a raconté au site d’informations Ynet que des inspecteurs chargés de l’immigration s’en étaient pris à lui lors d’un contrôle d’identité à Beer Sheva (sud) parce qu’ils croyaient qu’il était un clandestin africain.
Selon la version des policiers, c’est Walla Bayach qui les a agressés au moment où ils lui demandaient ses papiers.
Netanyahou a, de son côté, appelé au calme jeudi soir.
« Je condamne fermement les violences qui ont été faites à l’encontre d’un soldat de Tsahal et les responsables seront punis. Toutefois, personne n’a le droit de prendre la loi entre ses propres mains. Les immigrants d’Ethiopie et de leurs familles sont chers et l’État d’Israël, qui a pris de nombreuses mesures pour favoriser leur intégration dans la société. Nous continueront de le faire dans le prochain gouvernement », a-t-il dit.
Auparavant, une vidéo de policiers malmenant et frappant un soldat d’origine éthiopienne en uniforme militaire dimanche à Holon, près de Tel-Aviv, a fait le tour des médias israéliens. Les deux policiers ont été suspendus dès le lendemain, ont rapporté les médias.
Le président Reuven Rivlin a évoqué cet incident lors d’une rencontre avec 80 jeunes Israéliens d’origine éthiopienne jeudi. « Nous ne pouvons pas rester impassibles (…). Des incidents comme celui-là doivent servir de signaux d’alerte et donner lieu à une introspection sincère et profonde sur la question des relations entre les forces de l’ordre et les différentes communautés qui constituent la société israélienne », a-t-il dit selon ses services.
Plus de 120.000 Juifs d’origine éthiopienne vivent en Israël. Ils descendent de communautés restées coupées des autres Juifs pendant des siècles, et les autorités religieuses d’Israël les ont tardivement reconnues comme membres de la foi juive.
Cette décision a entrainé l’organisation de deux ponts aériens, en 1984 et 1991, qui ont permis l’émigration de 80.000 d’entre eux vers Israël.
Ils ont dû franchir un énorme fossé culturel et ont connu une intégration difficile dans la société israélienne, en dépit d’une aide massive du gouvernement
Selon le rapport du contrôleur de l’Etat datant de l’an dernier, 51.7% des familles arrivées en Israël d’Ethiopie vivent en dessous du seuil de pauvreté.
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